Que ce soit par le déclin du statut francophone de l’UQAM prise dans les filets de sa situation géographique (centre-ville) ou encore la dégradation du Quartier latin, beaucoup ont oublié la présence des étoiles de l’université: les étudiants. Je suis donc partie à la rencontre de trois jeunes étudiants et artistes québécois pour parler de leur parcours scolaire, professionnel et personnel.
Étienne Robidoux
C’est avec plaisir que je me suis entretenu avec Étienne Robidoux, étudiant en littérature, réalisateur, ainsi qu’animateur et cerveau de l’émission de radio Lire et délire diffusée sur les ondes de CIBL. Pour le détenteur d’un baccalauréat en journalisme, la communication est un domaine qui l’inspire profondément, mais pas que. Considérant le cinéma comme son grand amour, la littérature était une branche artistique qu’il trouvait pertinente à envisager en raison du lien puissant qui les unis : l’écriture.
C’est donc son amour pour l’art et la communication qui lui a inspiré ce projet de radio. Cette émission, comme son nom l’indique, se veut plaisante et instructive tout en donnant une place centrale à la culture sous toutes ses formes. C’est avec l’aide de Philippe Doucet, également étudiant en littérature et coréalisateur de l’émission, qu’il a mené à bien ce projet en compagnie de la radio CIBL qui a accepté de les prendre en charge. Passant notamment par la psychanalyse, le théâtre et la littérature, Étienne a le mandat de relier toutes les chroniques de ses collaborateurs en tant qu’animateur et il le fait avec brio. Passionné par la radio, notamment par sa capacité à communiquer à un grand nombre de personnes, le côté théâtral, l’improvisation et la performance sont des aspects non-négligeables qui l’inspirent par la prise de risque qu’ils génèrent. Ce faisant, il laisse l’entière liberté à ses collaborateurs (Philippe Doucet, Juliette Chevalier, Olivier Hamel, Laura Cousineau et Maude Bonneau) pour subjuguer les auditeurs de Lire et délire avec des sujets à la fois légers, inspirants et éducatifs qui conviennent à tous.
Un mot de la fin?
Le mot de la fin qu’Étienne laisse à tous ceux qui ont des projets en tête est « restez passionné, osez, foncez et n’ayez pas peur de rencontrer les gens ». L’émission de radio Lire et délire sera de retour en automne prochain sur les ondes de CIBL, alors restez branché pour ne rien rater.
En attendant, pour réécouter Lire et délire en rattrapage, rendez-vous sur la page de l’émission!
Orane Thibaud
Débutant ses études universitaires en art visuel, pratiquant la peinture et écrivant des chansons durant ses temps libres, Orane Thibaud à commencé a écrire bien avant d’entamer des études littéraires. C’est par le partage de ses poèmes dans des micros ouverts et par ses lectures qu’elle entre en contact avec le milieu littéraire. C’est l’aspect participatif de la littérature et l’opportunité de rencontrer d’autres voix poétiques qui l’ont conquise.
Que ce soit en travaillant en librairie, en collaborant avec des revues littéraires comme la revue Tantôt ou encore Grands Espaces à l’UQAM, ou en publiant des zines (autopublications), elle n’a cessé de s’impliquer dans le milieu. Lorsque l’opportunité de publier ses textes sous la forme d’un recueil s’est présentée, elle a entamé un travail de réécriture pour faire dialoguer tous ses longs poèmes en un tout communicant et ainsi créer Toute raison de m’aimer est forcément bonne. Le recueil se divise en trois grands poèmes : Le mouvement est comme rien, Imagerie du sein et Poèmes à Arion. Dans L’imagerie du sein, Orane parle de la menace de la mort, liée au décès de sa mère, décédée d’un cancer du sein. Cette partie du recueil montre une frontière entre les paysages de l’enfance et de la mort, passant par le monde des hôpitaux, mais appelant aussi à plus d’honnêteté envers soi. Apparaissant dans le deuxième poème du recueil, son titre montre l’importance de reconnaître que chaque raison d’aimer part d’un mouvement de bonté.
Un mot de la fin?
Son mot de la fin aux jeunes écrivains est « osez, il ne faut pas vous freiner d’écrire et de présenter vos projets, parce qu’être écrivain ce n’est pas linéaire, il n’y a pas que d’excellents textes et des publics réceptifs, mais c’est comme un muscle qu’il faut exercer, dans ce va-et-vient infini entre sa subjectivité propre et celle des autres ».
Pour découvrir et se procurer le recueil Toute raison de m’aimer est forcément bonne, c’est par ici.
Edouard
Edouard Malo-Corbeil étudie la musique en spécialisation guitare et est un jeune artiste qui fait son entrée dans le monde de la musique. Auteur, compositeur et interprète, il chante, mais s’amuse également à faire varier les styles musicaux de ses chansons, notamment par le mélange des différentes guitares qu’il utilise (classique, acoustique et électrique) pour créer une mélodie propre à lui. Son choix de programme à l’université ne découle pas de la volonté de se construire en tant qu’artiste, mais de se faire des contacts.
En plus de ses études, il a récemment sorti son premier EP, Quelque Chose, un petit album de 7 chansons transmettant une ambiance pop-acoustique francophone. Chacune d’entre elles gravite autour d’un genre différent, comme la chanson Loin, ayant l’allure d’un texte parlé et performé avec la participation de son grand-père Yves Corbeil. Connaissant son instrument depuis longtemps, après dix ans de pratique, Edouard pense que ce n’est pas le milieu académique qui forge un artiste, mais bien le travail, l’effort et les rencontres. Il ne croit pas au talent naturel et est persuadé que les rencontres faites à l’université nous forment et nous inspirent. Pour lui, le talent se travaille et correspond à notre habilité à créer un projet à son image.
Un mot de la fin?
Son mot de la fin pour les jeunes artistes est « il ne faut pas avoir peur de faire ce qu’on ne pensait pas faire, parce que c’est ce que j’ai fait dans la vie ».
Découvrez la musique d’Edouard sur son profil Spotify par ici.
Ces rencontres m’ont convaincue et permis de constater qu’aller à contre-courant et de croire en ses projets fonctionne sur le long terme. Ces étudiants et artistes uqamiens montrent comment les différentes branches artistiques communiquent entre elles et prouvent que l’art est une richesse à la portée de tous. Alors, gardez en tête que l’ambition, la détermination, le travail et les contacts forgent un artiste.
Photo de couverture : Étienne Robidoux, Orane Thibaud et Edouard