Je viendrai moins souvent: vieillir, oublier, mais aimer

Je viendrai moins souvent, théatre

J’ai eu la chance d’assister à la première médiatique de Je viendrai moins souvent de Camille Paré-Poirier présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Une pièce de théâtre documentaire à la fois intime et collective, touchante, triste, belle et drôle. Je n’avais jamais écouté le balado Quelqu’une d’immortelle, donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre et surtout, je ne m’attendais pas à autant pleurer en ce jeudi soir de printemps.

La pièce, l’histoire, la démarche

Par un collage d’enregistrements de conversations avec sa grand-mère, Camille a tout d’abord fait le balado Quelqu’une d’immortelle, d’ailleurs disponible sur plusieurs plateformes. C’est lors d’une résidence à Métis-sur-Mer qu’elle travaille sur Je viendrai moins souvent. La pièce présente Pauline, la grand-mère de Camille. Elle a 92 ans au moment des premiers enregistrements, c’est la vieillesse qui la ronge. Pauline, comme mentionné précédemment, est présente sous forme d’enregistrements audio, dont plusieurs provenant du balado. On assiste donc à la lente descente de Pauline qui peu à peu perd la mémoire, le langage et l’indépendance. Elle déménage dans un appartement adapté, puis au CHSLD. Camille la visite, le plus souvent possible. Puis, la pandémie frappe : plus de visite, difficile d’appeler et de communiquer.

Camille est quant à elle sur scène, mais également sous forme audio. Cette double présence, celle de Camille du balado et celle de Camille sur scène, permet à la dramaturge et actrice de mettre en lumière non seulement les thématiques du deuil et de la vieillesse, mais également la démarche documentaire et les enjeux éthiques de celle-ci. D’ailleurs, certains extraits, très poignants, mais surtout très vrais, qui sont présentés dans la pièce ne font pas partie du balado. En effet, la scène permet une impermanence que la version audio ne permet pas. L’actrice et dramaturge en est consciente et le partage. Par sa transparence, Camille nous amène réellement dans son univers de création, mais aussi dans sa vie.

Photographe : Valérie Remise

Jeu et mise en scène

Le jeu de Camille est impressionnant. Elle est juste, naturelle et captivante. Le sujet est touchant et c’est avec une grande empathie que l’autrice partage ce qu’elle a vécu avec sa grand-mère, les hauts, comme les bas. La petite salle participe à l’intimité du spectacle et est idéale pour le sujet de la pièce. Pour ce qui est des décors, c’est sombre, sobre, le fauteuil lazy-boy étant la pièce maitresse. Les éclairages sont quant à eux sublimes et permettent de créer différents espaces à la scène.

Sur scène, Camille est seule à jouer, mais on retrouve tout de même Marie-Frédérique Gravel, technicienne de son, du côté jardin qui a d’ailleurs fait un travail exceptionnel en transformant parfois les paroles de Pauline en rap ou en accolant sa voix à la chanson Dis, quand reviendras-tu? de Barbara.

Tous ces éléments aboutissent en une pièce extrêmement touchante, belle et triste à la fois (comme l’amour, dirait Pauline), menée et écrite avec brio par Camille Paré-Poirier. On ne sort pas de là indemne, ça, c’est certain.

Photographe : Valérie Remise

Je viendrai moins souvent est présentée au Centre du théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 13 mai, et en supplémentaires jusqu’au 18 mai. À l’heure d’écrire ces lignes, ils restaient toujours quelques billets, mais ils partent rapidement.

Photo de couverture : Je viendrai moins souvent, crédit : Valérie Remise

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Catherine Fournier

Étudiante en littérature, Catherine est une passionnée de tout ce qui touche à la culture. Son passe-temps préféré? Lire dans son lit, une bougie allumée pendant que son chat Clémentine dort à côté.

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