Avant d’écrire sur le sujet, j’ai décidé de chercher la définition du mot performance : « Résultat obtenu dans un domaine précis par quelqu’un, une machine, un véhicule, exemple : Améliorer ses performances. » C’est intéressant, le résultat. Qu’il soit jugé bon ou mauvais n’est pas la question. Ici, le résultat est la performance. Encore aujourd’hui, on entend les fameux « il performe super bien » et « elle offre une excellente performance ». En fait, tout le monde performe bien, car performer, c’est obtenir un résultat. Si je pousse l’idée encore plus loin, dès que je fais quelque chose, je performe. Je vais acquérir un résultat à ma performance. La définition du mot résultat? : « Ce qui arrive et est produit par une cause. »
Dans notre société, performer est subjectif. Subjectif selon celui qui juge la performance, selon la façon dont la performance est jugée et selon ce à quoi on la compare. On nous dit « sois toi-même », « construit ton propre chemin, ta propre identité », mais dans les faits, on ne cesse de se faire comparer. Que ce soient les modes, les aptitudes au travail ou les critères de beauté, les courants sociétaux nous poussent directement vers la comparaison pour s’aimer, s’évaluer, s’accomplir, monter dans la hiérarchie au boulot, etc.
En vieillissant, je regarde de loin ces phrases et courants à propos de la performance et de la compétition au service de l’ego et je me dis que, finalement, la seule performance à laquelle il faut peut-être s’attarder, c’est celle face à nous-même. Me dépasser moi-même, et ce, seulement si j’en ai envie, c’est peut-être un peu ça, une performance qui est saine. D’ailleurs, la performance face aux autres ne donne qu’une joie temporaire. Elle est tributaire d’un seul moment, d’une seule performance, figée dans le temps. Si elle a été « bonne » on s’en souviendra avec une médaille, une photo, etc. Mais si elle a été « mauvaise », elle nous hantera presque. Le cerveau humain étant ainsi fait, il retient le négatif de façon plus ancrée.
Est-ce que je dis que le sport, la compétition et les autres systèmes de performance sont à jeter aux oubliettes? Non, il s’agit seulement d’une réflexion personnelle. Comme parent, la pression pour être « performants » est forte. Comme jamais auparavant, les parents doivent être dans l’éducation positive, rester en contrôle, faire des lunchs santé, avoir une maison impeccable et travailler, mais pas trop. Les employés doivent être fidèles, travaillants et mettre les bouchées doubles surtout en pénurie de main d’œuvre. Les dirigeants politiques doivent performer pour arrêter une récession et régler des crises de société. Les employeurs doivent performer pour attirer de nouveaux employés. Les élèves doivent performer dans leurs études pour avoir un bon avenir viable financièrement. J’ai même lu récemment que certains influenceurs sont complètement brûlés et doivent arrêter, car la pression de performance active sur les réseaux sociaux était devenue insoutenable. Ça n’arrête juste pas.
Parfois, vouloir « performer » a un prix: la santé. Je vois des gens qui payent ce prix et c’est leur choix, leur vie. Je me pose par contre la question : performer si on n’a plus d’énergie, plus de temps pour voir ceux qu’on aime, performer si ça devient une roue malsaine qui met toute vitalité en dormance, est-ce que ça vaut le coup… et le coût?
Plus je vieillis, moins je veux performer au sens de rendement. Obtenir des performances selon la vraie définition du mot? Ça, oui. Obtenir des résultats selon mes actions. Et plus je vieillis, plus je veux choisir mes actions. Je veux m’assurer que les actions que je décide de prendre ne sont pas seulement pour obtenir quelque chose, mais aussi pour me faire sentir bien. Si je me sens bien, j’ai alors l’énergie de m’occuper d’autrui. Je ne veux pas, à la fin de ma vie, me dire que j’ai tout fait pour performer. Ça ne me nourrit personnellement pas. Je veux regarder en arrière et me dire : j’ai aidé, j’ai contribué, j’ai fait de mon mieux.
La performance est peut-être dépassée comme concept, ou pas, je ne sais pas. Chacun peut se faire son idée, mais moi, je n’y tiens pas. En-tout-cas, pas comme avant. Je préfère cultiver, vivre au moment présent et surtout, apprendre quelque chose chaque jour. Sans compter que de nos jours, on confond efficacité et productivité. On peut être très efficace dans une tâche, mais on peut aussi ne pas durer éternellement en termes de productivité quand il est question de faire le plus de tâches possibles dans un temps donné. Plusieurs employeurs confondent ces deux concepts.
Je nous souhaite moins de pression de performance et plus de tasses de café au soleil, moins de dossiers à finir et plus de balades en forêt, moins de meetings zoom et plus de 5 à 7 entre collègues. Surtout, je nous souhaite plus de soutien entre nous. Dans une équipe, une famille ou un couple, si un membre met un genou par terre, tendons lui la main. Un jour ou l’autre, on en aura tous besoin. Sur notre lit de mort, on ne s’ennuiera pas des dossiers à compléter ou des échéances à respecter, on va penser à nos soirées entre amis, nos journées en famille ou à un rencard en amoureux.
Soyons performants à être aimants, envers soi-même et envers les autres. After all, c’est tout ce qui compte.