Jusqu’au burnout étudiant

Jusqu'au burnout étudiant

Septembre 2015. J’ai eu un hiver et un printemps difficiles. J’ai remonté la pente, tranquillement, courageusement. Je vais quand même bien, dans un mode de vie où il n’y a pas beaucoup de stresseurs : je travaille une vingtaine d’heures par semaine dans un petit café sympathique que j’adore et le reste du temps, je profite de la vie. C’est tout. Aucune autre responsabilité.

Mais là, c’est septembre et je commence les cours à temps plein. En me rendant à un rendez-vous en Bixi, je me fais la réflexion que j’ai pris tout l’été à ramasser tant bien que mal toute mon énergie et que je trouve celle-ci bien chambranlante pour commencer une grosse session d’école.

J’ai toujours plein de rendez-vous, un peu partout. Dès le jour 1, je cours d’une place à l’autre, tout le temps. De la maison au travail, du travail au rendez-vous, du rendez-vous à l’école. Mes rares moments libres, je les passe à mal m’organiser. Je n’ai jamais su comment étudier : j’ai de la facilité à l’école, c’est comme ça, je m’en suis toujours sortie.

Je passe trop de temps sur des choses pas importantes et pas assez sur ce qui compte le plus. Dès mon premier cours, sensation de brûlure d’angoisse dans le cœur. Le prof parle vite, en anglais, avec un accent. Je ne comprends rien. Je regarde autour de moi : tout le monde s’en sort, facilement, les doigts dans le nez, sans anxiété. Pourquoi suis-je la seule à pédaler comme une folle sans y arriver?

Jusqu'au burnout étudiant

Les travaux s’accumulent. Le temps est insuffisant. Je vois les journées s’écouler beaucoup trop vite par rapport à tout ce que j’ai le temps de faire. Chaque contretemps m’exaspère. Sans m’en rendre compte, je commence à couper dans tout ce qui est le plus essentiel, genre manger et dormir.

Progressivement, je glisse dans un état weird de cauchemar éveillé. Comme si j’avais à la fois peur, de la peine, le cœur brisé pour aucune raison. Comme si je voyais la vie à travers des lunettes glauques.

Je cumule les incompréhensions et les mauvaises notes. Je me convaincs que ma coéquipière d’exposé me déteste et me trouve conne. Devant moi se dresse un immense mur et derrière moi, un autre mur me pousse vers l’avant. Pis là, les deux murs sont à la veille de m’écraser entre eux.

Et je ne vois aucune issue.

Sauf celle de pédaler plus fort. La STM n’est pas de mon bord, les bus qui passent pas et les métros en retard me font courir ma vie, littéralement, avec mon gros sac rempli de dictionnaires. J’arrive en retard aux examens, sans avoir mangé, alors que je m’étais prise à l’avance. Je me retrouve assise à la seule place qui reste, le bureau chambranlant et la chaise bancale. Je poche l’examen, encore.

Je ne dors plus. Les tounes de Magic Piano tournent en boucle dans ma tête. Je somnole, j’hallucine que mon chat s’appelle Berman et que je dois donner des coups de coude à mon chum pour qu’on travaille sur mon exposé.

Jusqu’au jour où mon corps me lâche. Mon crayon tombe sur la table. Brûlure, sensation d’énergie dans mes membres, je ne suis même plus capable d’écrire une référence bibliographique sans brailler ma vie. La moindre phrase me prend des heures.

Ce soir-là, avec ma coéquipière, je ne réussis pas à porter mon armure. Je prends mon ordi et je me trouve un rendez-vous pour le lendemain : mon objectif est d’obtenir quelque chose pour calmer mes nerfs.

Je pourrais vous dire qu’après j’ai pris un arrêt complet, que j’ai dormi ma vie pendant des semaines et que j’ai retrouvé la forme, mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Par contre, j’ai rencontré ma psy que je vois encore à ce jour et qui m’a permis de régler plein de vieilles affaires. J’ai eu des délais dans mes travaux, j’ai réussi ma session et pour l’épuisement physique, j’ai fini par remonter la pente graduellement.

Par contre, j’étais engagée sur un terrain vraiment glissant vers l’épuisement complet et la dépression majeure. Pis ça valait pas la peine.

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