Imprimantes chantantes et sonneries de téléphone résonnent ces temps-ci dans les coulisses du Théâtre Duceppe, alors que le Collectif Tôle nous invite en formule 5 à 7 a entrer dans l’univers de Tony, un guerrier de la billetterie qui depuis 15 ans, jongle avec les aléas de son gagne-pain de plus en plus automatisé. Un groupe de musique qui ne passe pas les douanes et un spectacle annulé à la dernière minute? Qu’à cela ne tienne, Tony gère la situation et est prêt à tout apprendre à son nouvel apprenti, Jazz, lors d’une formation qui prend rapidement des airs de révolution. Retour sur la pièce Tony vend des billets.
L’envers du décor
Dans un texte de Maxime Brillon et une mise en scène signée Marie-Ève Groulx, la courte pièce de 50 minutes fait écho au concept écossais A Play, A Pie and A Pint. Une bière et un pop-corn plus tard, le public se retrouve devant des imprimantes chantantes et des accordéons de billets. Le tout se déroule dans l’arrière-scène du Théâtre Duceppe, un terrain de jeu de choix où se démène Tony, ou plutôt les Tony, ici interprétés par Fabiola Nyrva Aladin, Justin Laramée et Joanie Martel. Un personnage qui s’inspire d’ailleurs des rencontres de l’auteur au cours de ses expériences professionnelles dans le milieu.
Quand la machine plante
Alors que Maxime Brillon aborde le monopole d’une multinationale dont il troque ici ironiquement le nom, il démontre avant tout qu’au-delà de la machine, il y a l’humain, et c’est là le point central de la pièce. L’auteur nous le rappelle par ailleurs non seulement avec Tony, mais également avec le tout aussi attachant personnage de Jazz (Dominick Rustam) un apprenti « producer » de musique à la recherche d’un « à côté » financier, qui en est à son premier jour de formation. Une première journée de travail mouvementée, puisque le spectacle de la soirée est annulé à la dernière minute — ou plutôt « reporté » — et une erreur informatique enflamme les lignes téléphoniques. Il n’en fallait pas moins pour que Jazz apprenne les rouages de la machine auprès de Tony, le tout entre des conversations empreintes d’empathie, aussi drôles que sensibles et des échanges de goûts musicaux. D’ailleurs, le public a droit à une exquise réinterprétation façon « imprimante chantante » de Man! I Feel Like a Woman (Shania Twain) — chorégraphie en bonus — , ainsi qu’à un extrait façon comédie musicale tout aussi exaltant de Proud Mary (à la manière de Tina Turner), mené par Fabiola Nyrva Aladin. Rires et sourires assurés.
Avec un texte actuel qui mélange habilement humour et sensibilité, Maxime Brillon réussit à mettre de l’avant l’importance des contacts humains de plus en plus mis de côté par l’assaut des technologies. Parce que dans le monde de Tony, on place l’humain avant tout. Même si c’est la panique lorsque le système plante, il nous rappelle qu’il y aura toujours les humains derrière, et au fond, c’est ce qui compte.
Tony vend des billets est présentée en formule 5 à 7 dans les coulisses du Théâtre Duceppe jusqu’au 7 avril. On a déjà hâte de voir ce que nous réserve le prochain projet du Collectif Tôle!
Photo de couverture: Tony vend des billets, crédit: Danny Taillon