Le vendredi 4 novembre dernier, j’ai eu la chance d’assister à la première mise en scène théâtrale de Mélanie Demers, chorégraphe, au Théâtre Prospero. Texte original de Jordan Tannahill, dans une traduction de Fanny Britt, Déclarations présente les pensées du jeune dramaturge lorsqu’il a appris que sa mère avait un cancer incurable. C’est dans une urgence que s’enchainent, dans les bouches des cinq interprètes, plusieurs déclarations.
Déclarations et mouvements
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant que le spectacle commence. Je savais que ça allait être différent de ce que j’avais vu avant. Premièrement, c’est une pièce écrite en fragment. De plus, considérant que Mélanie Demers vient du milieu de la danse au départ, je savais que la mise en scène allait porter une grande importance au corps. Au départ, les artistes (Vlad Alexis, Marc Boivin, Claudia Chillis-Rivard, Macha Limonchik et Jacques Poulin-Denis), issu.es du milieu de la danse pour certain.es et du théâtre pour d’autres, lancent les phrases qui commencent par « voici ». On passe alors par une panoplie d’éléments de la vie, parfois plus personnels, parfois plus généraux. On passe par ce qui constitue une vie. Une vie en santé, mais aussi une vie malade.
Durant ces déclarations, les artistes font différents mouvements sur chacune d’elles. Ces mouvements sont, à chaque représentation, unique. En effet, petit défi, ils doivent chaque jour réexplorer les phrases et les traduire de manière spontanée en mouvement. Une réelle prouesse. La présence de ces mouvements apportait également une certaine touche d’humour parfois, avec des combinaisons de déclarations et de mouvements farfelues. Le bonheur de l’improvisation. La suite de la pièce continue sur une trame plus tranquille, on voyage au travers de souvenirs. Les artistes se partagent une seule et même histoire, la racontent tout en continuant dans le mouvement, seulement différent.
Décors et jeu
À l’aide d’un texte rempli de trous, dont le sens peut être difficile à comprendre, Mélanie Demers le bonifie à l’aide d’un décor kitsch dans lequel les comédiens bougent sans cesse dans l’espace. Plusieurs objets permettent également d’amener cette manifestation de la vie plus loin. Le tapis poilu, le vieux divan et les costumes des artistes mettent en place un univers propice aux souvenirs. Plus proche du poème que du théâtre traditionnel, il est certain que la mise en scène passe par ces effets d’impression également.
Chose surprenante au théâtre, le texte était projeté pour les artistes. Ceci à la demande du dramaturge. Personnellement, je ne sais pas comment j’ai trouvé l’effet. Je voyais beaucoup les yeux des artistes vers le haut et cela me déconcentrait parfois. Par contre, c’est tout de même spectaculaire de voir sous nos yeux une machine théâtrale en action. Le jeu des différents artistes était super. Par contre, lorsque ceux-ci parlaient en même temps sans être totalement synchronisés, cela créait un effet un peu chaotique. Je ne sais pas si c’était voulu, mais si j’avais une critique ce serait cela. Je suis cependant totalement consciente de la complexité de cette performance et j’ai tout de même passé un excellent moment.
Bref, Déclarations est toujours présenté au Théâtre Prospero, jusqu’au 19 novembre 2022. Pour les billets, c’est par ici.
Bon théâtre!
Photo de couverture : Crédit, Maxime Robert-Lachaîne