Après avoir été choriste aux côtés de différents artistes, c’est en solo qu’on retrouve Sarah Villeneuve qui propose une première carte de visite avec La cime des séquoias, un mini-album de cinq chansons dans lesquelles l’intime côtoie la délicatesse. La fragilité s’entend à travers les textes, mais aussi au milieu des sons, qui se font tantôt sobres, tantôt orchestraux. Une cadence liée par les guitares folk-pop, laissant parfois poindre des bribes d’influences Karkwa-esques sur certains morceaux.
L’autrice-compositrice-interprète qui partage son temps entre la musique et l’enseignement s’entoure notamment de Will Régnier et Alexis Elina à la réalisation et aux arrangements, collaborateurs de longue date avec qui elle construit le son de ce premier EP dont le travail s’est échelonné sur deux ans. C’est d’ailleurs le 22 juin prochain sur la scène du Quai des brumes que l’artiste présentera ses chansons au public pour son lancement montréalais. Enthousiaste d’enfin partager ce mini-album, Sarah Villeneuve a discuté avec nous au bout du fil de la démarche entourant le projet.
Boucle Magazine: Tu as d’abord été choriste pour plusieurs projets, entre autres ceux de Claudelle et Sara-Danielle. Quel a été l’élément déclencheur pour ce premier EP en solo?
Sarah Villeneuve: J’avais maintenant envie d’être en avant-plan. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de soutientde la part de Claudelle qui m’encourageait à faire ce premier saut. La pandémie est arrivée et je me suis retrouvée comme beaucoup de personnes avec très peu de choses à faire et beaucoup de temps pour penser (rires)! J’ai décidé d’écrire des chansons. À travers tout ce processus, j’ai contacté un ami et je lui ait envoyé une quinzaine de chansons. On en a sélectionné huit pour faire des maquettes et on a choisi les cinq chansons qui avaient une belle force d’ensemble pour le EP.
BM: Le titre du EP, La cime des séquoias, tu le décris comme un « lieu de tous les vertiges ». D’où t’es venu l’idée de ce parallèle?
SV: [Le séquoia], c’est un arbre que je trouve assez fascinant. C’est celui qui résiste le plus aux intempéries, qui a énormément de symbolique et je fais le parallèle avec ma vie et mes relations. La chanson éponyme du EP, on peut facilement la transposer dans n’importe quelle relation sur du long terme qui demande de l’engagement et des compromis. On s’est nourri des hauts et des bas pour construire des fondations solides et on se tient là-dessus. Maintenant et on est prêts à affronter le reste.
BM: C’est un mini-album très introspectif, tu abordes autant les relations à long terme que les troubles alimentaires ou le deuil. Ça a été vertigineux d’aborder ces thèmes et de laisser les autres entrer dans ton intimité?
SV: Je trouve ça extrêmement intimidant pour être honnête. La pièce Les Miroirs qui parle de troubles alimentaires, je n’étais pas sûre de la montrer et je m’étais dit que ça allait être une petite pièce d’une minute utilisée comme transition. Je ne voulais pas trop lui accorder d’importance. Finalement, c’était rendu l’une de mes préférées sur le EP. C’est malheureusement un sujet tellement universel et j’en parlais avec plein d’ami.e.s, des filles, mais aussi des garçons et c’est un sujet qui est encore un peu tabou. Il y aurait place à ce qu’on en parle encore plus. Alors c’est un geste que je fais pour moi, et pour peut-être d’autres personnes, pour leur faire du bien à travers cette chanson, leur souligner que c’est un processus à long terme.
BM: Je pense à la pièce Bleu qui est plus orchestrale avec les cordes. Cet effet de grandeur pour clore le EP, c’est quelque chose que tu avais en tête?
SV: Les cordes apportent vraiment cet élément de grandeur et de vertige et j’ai toujours adoré ça. Ce sont des instruments qui viennent me chercher alors j’avais effectivement déjà l’idée de créer une chanson très intime. Garder le piano-voix-corde était important pour moi afin de passer le message. Cette chanson avait besoin de ce moment. L’arrangement de cordes a d’ailleurs été réalisé par Geneviève Morasse.
BM: Tu décris La cime des séquoia comme un album de douceur, que tu souhaites réconfortant à écouter. À travers tes réflexions, est-ce qu’il a été aussi réconfortant à faire pour toi?
SV: Il a été réconfortant, mais il a aussi été confrontant. Dans la pièce Le poids du silence, j’ai fait le deuil d’une amie à moi et je me suis demandé si je n’aurais pas pu en faire plus avant. Toute cette remise en question, je l’ai trouvé difficile. Après, de le mettre sur papier, de le partager et d’en parler, ça a cicatrisé et ça a été la partie réconfortante.
BM: Pour le lancement du 22 juin prochain au Quai des brumes, on peut s’attendre à quoi?
SV: J’ai décidé d’y aller avec un band complet, donc ça promet d’être bien intéressant! Je n’aurai pas de cordes, mais il y a certaines chansons que je ferai de manière intime, juste moi et mon piano. Les spectacles, c’est une partie que j’aime beaucoup!
Le spectacle de lancement de Sarah Villeneuve aura lieu le 22 juin prochain au Quai des brumes à Montréal. Pour découvrir son premier EP La cime des séquoias, disponible depuis le 27 mai, rendez-vous sur toutes les plateformes d’achat et d’écoutes numériques.
Photo de couverture: Sarah Villeneuve, crédit: Gabrielle Legault