Ah, notre télé québécoise! Elle nous anime, nous fascine et nous fait vivre toute une gamme d’émotions. Fans d’intrigues policières, vous êtes sans doute au courant que c’est dans quelques semaines que se termine l’aventure District 31 — oui, je me suis aussi fait prendre à suivre les intrigues du poste de police le plus populaire de la télé d’ici. 720 épisodes et 28 000 pages de textes plus tard, au cours des six dernières années, l’auteur Luc Dionne aura réussi à tenir en haleine près de deux millions de téléspectatrices et téléspectateurs. Force est d’admettre que la recette fonctionne et son succès réside dans plus d’un ingrédient.
Le 25 mars dernier, les médias étaient invités à se rendre au fameux District 31 pour la dernière journée de tournage. L’auteur, la production, ainsi que les comédien.ne.s de la désormais série culte étaient sur place pour nous accueillir et nous faire découvrir les dessous de l’émission. J’ai profité de ma visite sur le plateau pour discuter avec l’équipe de la fin de ce projet et de ses effets.
D’entrée de jeu, tout le monde s’entend pour le dire: rien de tout ça n’aurai été possible sans les textes de Luc Dionne qui y a consacré six ans de sa vie. Écrire une quotidienne, ce n’est pas rien. Si le nombre d’heures d’écriture et la quantité de pages de textes impressionnent, l’auteur se fait humble, puisque la réussite repose aussi en grande partie sur l’équipe qui l’entoure. Les comédiens et comédiennes qui ont nourrit l’écriture, mais aussi l’équipe derrière la caméra. « Demain matin je fais un film, j’appelle n’importe qui d’entre vous, je suis hyper confiant. Vous avez tout vu, vous avez tout fait, il n’y a pas de problème sur un plateau avec vous! », s’est exclamé l’auteur en s’adressant aux techniciens dans un bref discours, tout juste avant de souligner l’appui important de la productrice et script-éditrice Fabienne Larouche et de saluer le soutient de sa conjointe, sans qui tout ça n’aurait pas été possible.
Des histoires, des personnages à qui s’attacher, des intrigues qui nous font poser mille et une questions, ça aura été essentiel pour en faire le phénomène que l’ont connaît aujourd’hui et garder l’intérêt d’un public aussi fidèle pendant six ans. « Je ne sais pas dans combien de temps on va revivre un moment comme ça! C’est un accident créatif. L’auteur avec l’équipe et sa connaissance du sujet, la manière qu’il nous l’a amené, les policiers qui étaient ici et qui pouvaient nous aiguiller. Tout ça et le public aussi! J’ai un frère qui n’écoute pas de télé et il a commencé à suivre District quand je suis arrivé. Il m’a dit que la drogue avait fait effet tout de suite! », me disait Hugo Dubé (Carl St-Denis), aussi enthousiaste que fébrile, tout juste après m’avoir avoué que cette dernière journée de tournage lui avait redonné le trac du premier jour.
S’adapter au rythme d’une quotidienne aura d’ailleurs eu une influence sur la manière de travailler de plusieurs. « Les premières journées, c’était vraiment stressant, mais j’ai appris à me détendre. Une fois dedans, c’est vraiment le fun et s’adapter à ce rythme là, c’était une belle épreuve. […] Ça m’amène plus loin dans mon métier » racontait Catherine De Léan (Véronique Lenoir) aux côtés de Catherine Proulx-Lemay, acquiesçant les défis de cette rythmique de travail. « J’ai l’impression que sur tous les plateaux où je vais aller, je vais trouver ça long! (rires) Je l’ai vécu quand je faisais les Beaux Malaises en même temps! C’est sur que c’est une rigueur. Je pense que ça va faire du bien aussi de pouvoir relaxer et prendre un peu plus de temps. »
Si la fin de ce mandat évoque le retour à un rythme de travail plus lent pour l’interprète de Florence Guindon, il évoque avant tout le deuil d’une équipe. « Ce n’est pas tant un adieu au personnage qu’un adieu à la gang. J’ai l’impression que le deuil pour moi va vraiment plus être au niveau humain plutôt qu’avec le personnage. »
C’est unanime. Toutes et tous étaient d’accord pour dire que ce qui aura été le plus difficile dans la fin de cette aventure aura été de dire au revoir à cette précieuse équipe. Un sentiment que partage Vincent-Guillaume Otis (Patrick Bissonnette), le comédien qui a eu le plus de jours de tournage, de scènes à jouer et de lignes à apprendre au cours de ces 6 années, représentant entre 75 et 95 pages de texte par semaine. « J’ai tout fait avec Pat Bissonnette! » S’est-il exclamé, serein, en cette dernière journée de tournage.
« Je ne veux pas avoir l’ai prétentieux, mais j’ai vraiment le sentiment du devoir accompli. J’ai l’impression d’avoir été au bout de toutes les possibilités que le personnage a pu m’offrir. Au niveau du projet artistique, je me sens super bien. Je suis triste que ça se finisse, mais content aussi, car j’ai fait ce que j’avais à faire avec mes camarades. Au niveau humain, c’est autre chose. C’est plus dur parce que c’est une famille. J’ai tissé des liens tellement fort, mais ce sont des amis et on va se retrouver. » disait Vincent-Guillaume Otis.
L’importance de l’équipe, de « la famille » comme tout le monde l’a souligné, c’est peut-être ça en fait, le secret du succès de District 31.
Si les tournages sont terminés pour l’équipe, on continue de suivre les intrigues du Commandant Chiasson et de ses sergent-détectives sur les ondes de Radio-Canada jusqu’au 21 avril 19h, moment de la grande finale qui aux dires de l’auteur et des comédien.ne.s, sera riche en émotions.
On pourra également poursuivre l’aventure avec une émission d’une heure d’Infoman, incluant 30 minutes de contenu en lien avec District 31, ainsi qu’une édition spéciale de Bonsoir Bonsoir avec les artistes et artisans de l’émission le même soir. On découvrira aussi les coulisses de la série dans une présentation spéciale le dimanche 24 avril prochain à 19h30, le tout sur les ondes de Radio-Canada.
Photo de couverture: crédit, Eric Myre