Je me déchire le ventre à coup d’endométriose

Je me déchire le ventre à coup d'endométriose

Chaque mois, y’a cette semaine que toutes les filles redoutent ou presque: les menstruations. Il y a certaines chanceuses qui n’auront presque rien, qui pourront vivre normalement malgré qu’elles soient menstruées. De mon côté, chaque mois, c’est un combat que je gagne très rarement. Fatigue chronique qui me fait dormir plus de 16h, mal de dos, prise de poids au point de paraître enceinte, mes tripes qui se vomissent tout seul pis une envie de mourir qui se fait parfois tenace même avec de l’eau de javel. 

J’ai pas l’âme d’une très grande organisatrice, du moins c’est ce que je me disais jusqu’à ce que je prenne un pas de recul. En vérité, toute ma vie doit être organisée selon cette semaine fatidique, le moment où je deviens une patate de lit tellement bouillie par la douleur que le simple fait de marcher me fait écrouler au sol. 

Ma bouillotte en forme de lapin est ma meilleure amie en ce moment. 

À 15 ans, je me disais que c’était normal d’avoir ce genre de douleur. Que toutes les filles vivaient la même chose. Une douleur tellement intense que ça te fait plier les deux genoux parce qu’y’a des couteaux avec des fils barbelés dessus qui tourne dans ton ventre. Probablement avec un p’tit sac d’acide sulfurique qui éclate une fois de temps en temps en étincelles pis qui chauffe assez pour te brûler toute ton énergie. 

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Après avoir perdu des emplois et ma motivation, après les quelques fois à m’évanouir par là, j’ai compris qu’y’avait quelque chose qui clochait. C’est pas trop normal de devoir ramper jusqu’aux toilettes et de rien pouvoir faire seule, sauf manger du chocolat.

J’ai appris à l’âge de 24 ans que je faisais de l’endométriose et je ne souhaiterai pas ça à mon plus grand ennemi, si jamais j’en ai un jour. Sans vraiment de traitement adéquat en plus! 

J’ai gagné le jackpot. 

Une femme sur sept est touchée par cette maladie. Je me suis sentie un peu moins seule en lisant les statistiques et je me suis mise à en parler davantage pour savoir si d’autres subissent le même sort TOUS LES FUCKING MOIS. Si d’autres filles aussi peuvent comprendre ce que je vis, ‘’raise your hands’’ et parlez-en fort! On dirait que c’est encore tabou les menstruations, alors que ça devrait pas. Si j’avais pas eu honte d’avoir aussi mal et d’être aussi peu fonctionnelle dans ces semaines-là, j’aurais pu déceler mon problème plus tôt. Peut-être que j’aurai plus de chances de pouvoir tomber enceinte aussi: 30%, c’est correct pour moi. 

Y’a pas si longtemps je cachais encore mon tampon dans ma manche pour aller aux toilettes. Pourquoi j’aurais honte de quelque chose que je ne peux pas contrôler et qui est à 110% naturel?

NO JOKE.

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Je dois prendre en considération que pendant cette semaine de crise de douleur, je ne peux prendre aucun engagement. Ni rendez-vous, ni travail, ni rien du tout. Je dois me chouchouter aux douches qui coulent rouge, aux tisanes calmantes et aux analgésiques les plus puissants que je peux trouver.  

Même mon appart est fait en considération d’une crise. 

On retrouve des advils dans toutes les pièces et je dois prévoir une semaine de repas préparés, si jamais je suis capable de me lever de mon lit à ce moment-là. C’est un quitte ou double à chaque fois au jeu de la vie. Pis comme je l’ai déjà mentionné, je ne gagne pas souvent. Malgré le fait que j’en parle de plus en plus, je me fais encore dire des remarques du genre: «ben voyons! C’est juste dans ta tête, c’est pas si pire que ça». De l’extérieur, quand on ne peut pas le comprendre, quand on ne le vit pas, peut-être que ça peut paraître intense ? Pourtant, ça l’est: intense! 

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Entre les émotions contradictoires qu’on peut avoir et les douleurs pelviennes qui t’empêchent même d’avoir du plaisir au lit et qui te mettent une barre dans le vagin jusqu’aux chevilles, les moments de paix que mon corps peut retirer, je les prends volontiers, peu importe le regard qu’on me porte!

On m’a déjà dit que d’avoir un bébé, ça pouvait aussi aider. Pis je fais quoi du bébé après?  

J’ai voulu me faire opérer et je me suis fait répondre qu’on ne peut pas avant d’avoir minimum 35 ans et au moins un enfant. 

Rendu là, j’ai l’impression que je ne pourrais jamais être libre de mon corps.  

À la ménopause, les douleurs diminuent de moitié. J’ai déjà hâte. 

Déjà hâte que mon ventre arrête de se déchirer par dedans. 

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Claudia Leblond

Rêveuse à temps plein, les deux pieds enfoncés dans l’art depuis qu'elle sait parler, elle s'appelle Claudia. La musique et l'événementiel la font vibrer d'un souffle folâtre. Graphiste de métier, elle prend un plaisir malsain à boire un bon latté chaud en travaillant. Sa tête bouillonne sans cesse d’idées prêtes à sortir d’un bout de crayon aiguisé.

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