Pendant le confinement, j’ai vécu les cinq phases du deuil. Pis là, je suis rendue à l’acceptation. J’ai perdu mon réflexe de sortir. J’ai appris à m’occuper en masse dans la maison. Maintenant qu’on peut tout faire à nouveau, j’ai plutôt tendance à rester en dedans et je n’ai pas plus envie qu’il faut de faire autrement. D’autre monde comme moi?
Choc, déni
Ça a duré quelques semaines. Quand on nous a dit de s’organiser pour être en télétravail « pendant un bout », je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait. Je ne m’imaginais même pas un nombre de semaines. Je ne m’imaginais surtout pas une année complète. J’ai même dit un moment donné : c’est plate pour ceux qui devront fêter leur fête en confinement… sans me douter que même Noël serait cancellé.
Colère
Je n’ai pas vécu une grosse phase de colère. Mais je me suis dit « merde alors » quand ils ont décidé de tout fermer. De nous empêcher de voir du monde. De nous enfermer chez nous. C’est le moment où j’ai réalisé que c’était vrai, grave et sérieux. Je n’étais pas frue contre quelqu’un, mais contre la situation.
Négociation
Je n’en suis pas fière, mais je m’étais même imaginé tricher un petit peu… Que celui dont l’idée n’a jamais effleuré l’esprit me lance la première pierre. Ça ne va pas tuer la planète si je vois untel. Si je vais m’asseoir une fois à ce café baby-friendly avec ma fille. Et ainsi de suite. Mais je n’ai pas triché. J’ai fait comme tout le monde. Je suis restée chez nous et je suis sortie seulement pour les essentiels… Épicerie, pharmacie et garderie.
Tristesse
Ça a été la plus longue phase. Celle où on ne voyait pas le bout. Où on s’imaginait que le vaccin prendrait des années à arriver. Où on se disait qu’on n’y arriverait pas. Qu’on ne savait pas ce qu’on allait faire, comment on allait faire si ça s’éternisait. Je pensais à ma vie d’avant et je trouvais tout ça infiniment dommage. Un vrai gâchis. Puis, j’en ai déjà parlé, une phrase qu’on m’a dite a changé ma perception des choses : Ne pense plus à tout ce que tu ne peux plus faire. Pense à tout ce que tu peux encore faire.
Acceptation
À partir de ce moment-là, j’ai commencé à focuser sur ce qui était possible et à m’organiser en fonction de ça. Faut dire que ça concorde avec le moment où je suis tombée enceinte et quand je suis enceinte, je suis un peu hyper sur les hormones. J’ai regardé autour de moi et je me suis dit que je pourrais toujours ranger le dessus de ce meuble, trier telles affaires, épurer, organiser. Cuisiner des p’tits gâteaux. Aller prendre une marche avec les enfants. Faire des vidéos funny et les mettre sur Youtube ou sur TikTok. Je me suis arrangée. Et à force de m’arranger, c’est devenu ma nouvelle vie. J’ai oublié la vie d’avant. Éventuellement, je ne me rappelais même plus c’était comment avant. J’ai fini par aimer ça. Par être bien là-dedans, et à me demander ce que ça changerait si ça redevenait comme avant. Qu’est-ce que j’allais faire de plus? Et à ne pas savoir quoi répondre à cette question.
Puis, le Québec est passé en zone verte. Et me voilà chez nous avec mon adorable poupon à ne presque pas sortir et enjoyer la vie au maximum.