Depuis l’âge de 25 ans j’ai quelques kilos en trop, pas alarmant selon mon médecin, mais en trop. «Trop pour que mon corps soit en homéostasie avec mes organes» qu’on m’a expliqué. Ça, je le comprend bien. Ensuite est venue ma première grossesse où j’ai pris 60 livres, dont 40 que j’ai gardée. Ensuite, à ma deuxième grossesse, j’ai pris 42 livres dont j’ai gardé 20. Donc, quelques livres de trop à 25 ans + 40 + 20 = un corps qui a changé. J’ai eu énormément de difficulté à accepter de devoir aller magasiner dans des boutiques « spécialisées » tailles plus. De un, parce qu’il y a quelques années les boutiques tailles plus n’offraient pas de styles vestimentaires à la mode (heureusement cela a bien changé!) De deux, parce que je n’ai jamais compris pourquoi les boutiques n’offrent pas tous leurs vêtements dans toutes les tailles et ce, que ce soit en poids ou en grandeur. Comme mon amie qui doit s’acheter des pantalons de neige d’hommes, car elle mesure près de 6 pieds. Comme quoi que ce soit, le poids ou la grandeur, quand tu fit pas, tu fit pas dans les dictats.
Bon, je ne changerai pas le monde du commerce et je me réjouis que maintenant les magazines et les compagnies offrent une image diversifiée des corps et des particularités physiques à l’image de la société, c’est-à-dire avec des unicités. Mais comment s’aimer ou cheminer quand on reçoit des commentaires parfois dits avec une bonne intention, mais qui nous restent en tête pour toujours ? Voici une liste de quelques commentaires que j’ai reçus :
D’une vendeuse en boutique : « oh cette tunique-là cache votre ventre, c’est bien pour vous » (comment scraper le fait que je l’aimais moi la tunique) et « j’imagine que vous voulez essayer une gaine avec cette robe »? (Non, je n’avais pas envisagé cela).
De gens parmi mon entourage : « grignotes-tu le soir ? » « tu étais tellement belle » « tu es belle à ta façon » « le surplus de poids ça t’enlève rien là » « tu viens d’accoucher, tu vas le perdre ton surplus ».
Bien sûr, il faut travailler à ce que ces commentaires ne m’atteignent plus, mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire, mettons.C’est le cheminement d’une vie.
À un moment donné, on en vient même à faire des blagues qui nous autodénigrent pour essayer de se désensibiliser de la tristesse que cela nous fait. Bien souvent, ces commentaires sont maladroits et même s’ils n’ont pas l’objectif de blesser, c’est ce qu’ils font. D’ailleurs j’ai des femmes autour de moi qui sont hyper minces et qui se dévalorisent elles-mêmes aussi. Des beautés de femmes qui sont toujours à 25 livres du bonheur m’entourent aussi. Comme si la beauté était reliée au poids. J’ai une autre amie qui a eu des amants qui se « cachaient » pour aimer le corps d’une femme ronde… On a encore du chemin à faire.
Le jugement, les préjugés, c’est humain, mais porter un jugement sur le corps d’une autre personne et le lui dire, ça peut faire mal, très mal. Ici, une fois de plus, l’écoute est mieux pour comprendre et soutenir quelqu’un. Je vois de plus en plus de femmes rondes défoncer des portes dans les réseaux sociaux, les magazines et les médias. Laissons voir à nos enfants que chaque arbre dans la forêt humaine est différent et que c’est ce qui fait la beauté du monde: la diversité !