Cette pandémie a fait basculer tous nos repères. Nous avons tous été affectés de près ou de loin. La réflexion m’accompagne beaucoup autant dans ma conciliation télétravail/famille que dans mes relations et que dans ma gestion de vie à la maison. Lors du premier confinement j’ai fait du ménage les week-ends et les soirs, car nous n’avions nulle part où aller. Une grande épuration de la maison, pièce par pièce, qui a fait tellement de bien. Donner, vendre ou terminer des multitudes de produits ménagers ou d’hygiène m’a redonné de l’espace pour vivre et m’a permis de récupérer des pieds carrés que je paye chaque mois en hypothèque. Tant qu’à être à la maison aussi bien l’agrandir par en dedans !
J’ai aussi réalisé que prendre ma santé mentale en charge, c’est ma responsabilité. Bien sûr, si je n’allais pas bien ou que ma santé était en jeu, je consulterais, car nous avons tous des réactions normales à une situation anormale et la santé c’est notre bien le plus précieux. Aller dehors tous les jours est devenu un devoir pour me sentir bien. Prendre des marches en famille ou seule, marcher dans les petits boisés près de chez moi ou carrément prendre la voiture pour aller en trouver plus loin aussi. La pandémie a su, je dois l’avouer, me rapprocher de la nature. En fait, je ne crois jamais avoir été aussi contemplative de la forêt ou des animaux. Je remarque les choses: les branches, les racines, les champignons et les traces de lièvre dans la neige. En ce sens, j’espère garder cela après la pandémie. Sans le COVID je ne crois pas que je me serais remise au ski de fond ou que je remarquerais le bruit du vent.
Je ne suis pas adepte de magasinage ou de consommation en général, mais je comprends que pour certaines personnes c’est un loisir, un passe-temps et même «une thérapie» comme dirait une de mes amies. Malgré cela, je me dis que c’est une occasion de se repositionner sur nos habitudes de consommation et de gestion de nos objets. Je remarque que depuis la pandémie j’ai plus tendance à réparer des vêtements ou des objets et je m’en porte que mieux ! Bien sûr, je ne dis pas d’arrêter de consommer, mais en prendre plus conscience.
Évidemment, je suis chanceuse. Je fais partie des gens qui ont encore un emploi et qui n’ont pas affronté de difficultés financières.J’en suis reconnaissante et cela a amplifié mon désir d’aider autrui. Une amie m’a confié que comme elle n’a plus de passe de train à acheter depuis près d’un an et qu’elle n’achète plus de café à son heure de lunch 5 jours/semaine, elle a investi cet argent à payer sa carte de crédit qui sera bientôt à un solde zéro, effaçant du même coup de vielles dettes qui lui pesait. Oui, elle est chanceuse de pouvoir le faire. Tous n’ont pas cette chance, mais je suis ravie qu’elle se soit servie de cette réalité pour diminuer sa précarité financière, car elle s’en porte mieux.
Je réalise aussi ma chance. Je suis une personne qui est heureuse avec de petites choses: faire une sieste au soleil sur mon divan le dimanche après-midi, cuisiner des muffins, veiller au feu dans ma cour, jardiner, faire un potager et tricoter. Je réalise que ces plaisirs simples m’ont quelque part protégée un peu des effets collatéraux de la pandémie. Les petits plaisirs simples sont restés, le COVID ne peut pas me les prendre. J’ai du cœur et des pensées pour les gens qui aiment aller en discothèque, jouer au hockey ou aller au théâtre. Ces passions sont suspendues, éteintes, et cela doit être très difficile. Ces gens-là doivent se trouver d’autres plaisirs pour être heureux. Ce n’est pas si simple d’oublier ou de se passer de quelque chose qui nous branche.
J’espère que les gens pourront se trouver d’autres passions en attendant, car faire le deuil d’un plaisir qui nourrit l’âme c’est difficile. Bien sûr, personnellement, j’en ai aussi: les soupers de sacoches au resto me manquent beaucoup et recevoir mon monde aussi. Par contre, je pense vraiment qu’apprendre à apprécier les petits plaisirs simples peut réellement nous aider dans ces moments difficiles.
Je travaille beaucoup sur moi, sur ma notion du bonheur, pour ma famille et mon couple aussi. Lors de découragements, je tente de voir le verre à moitié plein: apprécier ce que j’ai et pas ce que je n’ai pas. Prenez soin de vous, appelez un ami si ça ne feel pas ou une ressource d’aide.
Lâchez-pas, physiquement on ne peut pas être ensemble, c’est vrai, mais l’humanité et l’entraide, ça, personne ne peut nous l’enlever.