À toi, celle qu’on n’a pas cru, dont les mots ont été remis en question et qui a parfois été ridiculisée. À toi, dont l’histoire n’a pas fait bouger les choses, qui s’est sentie rejetée et qui a finit par se taire, qui a souffert en silence, qui s’est culpabilisée et qui s’est détestée. À toi, sur qui des mains plus souvent connues qu’autrement ont défié les mots et ont écorché ton corps. À toi, celle dont le monde a été violé; tu es forte.
Forte malgré les pleurs et les crises d’angoisses que tu vis parfois. Forte même si certains jours sont plus difficiles que d’autres. Forte malgré les intempéries des sévices que tu n’oublies pas. Forte non pas à cause des événements survenus, mais forte car tu restes la fxmme que tu es et que tu as toujours été: celle que tu as forgée.
Forgée à travers la vie, les beaux jours et les tempêtes. Forgée à partir des fous rires, des caresses, mais aussi des sanglots. Tu es reine de ton esprit, de ton corps et de ta vie. Tu as construit celle que tu regardes dans le miroir tous les matins. Même quand tu as dit non et qu’ils ont dit oui, cela ne change rien. Tu t’es forgé toi-même et on te croit.
Même quand tu baisses les yeux devant tes confessions. Même quand des centaines de fxmmes expriment leurs mauvaises expériences sur les réseaux sociaux et que toi tu n’oses pas te prononcer. Même si tu n’as jamais fait suite à des accusations et que pour cela d’autres te culpabilisent. On te croit. Malgré les heures à remettre tes propres peurs en question. Malgré ceux qui t’ont remis en doute.
Doute de celle que tu es. Doute de ton histoire, ta vérité et de la validité de celles-ci. Doute de ton droit de parler, de crier, de rager et d’omettre de te taire. Doute de tes actes innocents, de leurs actes violents et de tous ces gestes incohérents. Doute même si tu sais au fond de toi que tu as eu mal. Physiquement, psychologiquement, socialement; tu as eu mal.
Mal de vivre, de survivre et de croupir. Mal d’être rongée par la honte et le désordre d’avoir été consommée. Mal au point de te faire mal. Du souvenir de ces lames qui ont caressé ton corps automutilé. Des mots effrayés que les autres ont prononcés. Mal de coeur, mais aussi de tête, d’estomac et de foie à passer tant d’années à essayer d’oublier la fxmme que tu es.
Celle qui es forte, car elle s’est forgée elle-même. Celle que l’on croit, même quand elle doute et qu’elle a mal.
À elle, à toi, à moi, à toutes ces fxmmes dont le monde a été violé: gardons la tête haute et refusons de nous taire, car personne ne mérite notre silence plus que nous méritons notre parole.