C’est en 2017 que Camille Deléan proposait Music on the Grey Mile, un premier album qui introduisait l’univers envoutant de l’autrice-compositrice-interprète franco-ontarienne. Trois ans plus tard, elle revient avec Cold House Burning, un album introspectif co-réalisé avec Michael Feuerstack (Bell Orchestre, les Luyas, Snailhouse), qui s’est écrit sur plusieurs années. Un temps d’arrêt imposé qui a donné lieu à un deuxième opus apaisant, qui trace le chemin entre résilience et persévérance, appuyé tant par la voix posée de l’artiste que par l’instrumentation qui l’entoure. Une invitation à ralentir, mais aussi à trouver l’équilibre. On a posé quelques questions à Camille afin d’en savoir plus sur cette nouvelle proposition, disponible depuis le 5 juin sous E-Tron Records.
Boucle Magazine : Tout d’abord, pour mieux comprendre l’album, tu évoques l’importance du contexte. Est-ce que tu pourrais nous expliquer brièvement comment l’album est né ?
Camille Deléan : J’ai tenté de comprendre ce que ça veut dire de “s’ancrer”, de rester à un endroit et d’avoir une routine. J’ai toujours eu peur de la répétition, des cercles vicieux, de me sentir prise quelque part. J’ai fait l’album dans une période ou j’avais de la difficulté à bouger, physiquement et psychologiquement, où j’ai dû faire face à cette peur.
BM : Autour de Cold House Burning se construit un véritable dialogue interne. On y sent à la fois la vulnérabilité, la résilience et aussi un certain optimisme. Est-ce que l’album a été une sorte de délivrance ?
CD : Ça ne m’intéresse pas de forcer un optimisme partout, il faut raconter les choses telles qu’elles le sont, mais il ne faut pas non plus se laisser écraser par les choses lourdes. C’était important de garder un sens d’humour avec les paroles. Et puis, la musique même peut apporter le mouvement où il n’y en a pas. Dans ce sens là, ça permet d’avancer. De créer quelque chose avec ce qu’on a.
BM : Contrairement à ton premier album qui s’est fait de manière plus intuitive, l’écriture de ce deuxième disque était plus planifiée, plus pensée. Est-ce que tu sens que cette manière de faire était nécessaire au processus et qu’elle a pu amener ta vision artistique ailleurs ?
CD : La réalisation du premier album était nécessairement improvisée, parce que c’était mon premier, et j’apprenais à mesure. Cette fois ci j’avais une idée précise en tête, et comme je connaissais déjà les musiciens, je pouvais visualiser d’avance comment faire. Je ne pense plus pouvoir faire autrement.
BM : Les chansons amènent également l’idée de ralentir, de prendre un temps d’arrêt (je pense entre autres à la pièce Go Easy). C’était important pour toi d’aborder cet aspect ?
CD : Oui. C’était cette lenteur que je voulais toujours fuir, et je me suis retrouvée dans une situation où je n’avais pas le choix que de l’accepter. Ça ne vient pas naturellement. Je parle d’en avoir peur, et je parle d’en avoir besoin.
BM : L’opus se démarque également par le travail sur ta voix et toute l’instrumentation qui l’entoure. Est-ce que de créer cet univers sonore particulier avec ton équipe faisait partie de la démarche initiale ?
CD : L’instrumentation c’est la mise-en-scène. C’est une des premières choses à laquelle je pense, d’imaginer le monde dans lequel vivrons les chansons. Je choisis les musiciens en fonction de ça. Pour donner du contexte aux paroles, je voulais donner l’impression de tourner en rond, un environnement un peu claustrophobe.
BM : Bien qu’il soit encore difficile de prévoir les prochains mois en ce qui concerne les concerts, as-tu des projets qui s’en viennent entourant l’album ?
CD : En effet, normalement on serait en train d’explorer l’album sur scène. C’est l’étape qui reste pour celui-là. J’avais hâte de faire ça. Mais puisque ce n’est pas possible, je travaille sur le prochain. Il y a toujours quelque chose à faire.
L’album Cold House Burning est disponible sur toutes les plateformes d’achat et d’écoute numériques. Pour ne rien manquer des prochains projets de Camille Deléan, rendez-vous sur ses pages Facebook et Instagram.
Photo de couverture : Camille Deléan, crédit : Nathalie Deléan