Je raccroche le téléphone. Un coup de fil d’à peine deux minutes qui se voulait soeur à soeur s’est transformé en légère cacophonie. C’est que les enfants, ça aime bien les combinés. Du haut de ses trois ans et demi, nièce chérie s’est ruée sur l’appareil pour parler à « matante Do ». J’aime bien qu’elle m’appelle comme ça. C’est un petit nom d’amour qui me plaît dans notre relation. Ça me rappelle ma propre enfance où j’ai longtemps pensé que ma tante Louise s’appelait ma « tantClouise », vite prononcé. Ça fait sourire quand même! Chaque fois que j’échange quelques mots avec ma nièce, je suis subjuguée par son évolution. Un humain si petit et si grand à la fois. Qui répète des phrases entendues et se les approprie pour offrir un langage le plus souvent touchant.
Les mots résonnent longtemps
Biiiiiiip! Biiiiiip! Oups, la maîtrise de l’appareil n’est pas toujours sous contrôle. Le temps de lui demander ce qu’elle fait ensuite et hop, elle est déjà partie vivre sa vie de petite fille enjouée à l’imagination débordante. J’admire les enfants. Cette époque si lointaine. Leur candeur m’émeut, leur tentative de comprendre le monde si complexe d’une façon si simple m’émerveille. Parfois, j’en ai les larmes aux yeux. Je raccroche, le coeur rempli d’amour. Un deux minutes bien investi qui n’a rien demandé de moi que d’être le plus simplement « matante Do ».
Je réalise l’impact des mots aux oreilles des enfants. Entre les parents, à la garderie, à l’épicerie, chez grand-maman. Je me souviens très bien des phrases qui résonnent longtemps dans ma caboche d’enfant. De l’importance des mots doux. De dire bravo, je suis fière de toi. De ne pas penser qu’ils ne comprennent pas. De parler sans flafla, de dire je t’aime cent fois.
Les choses en perspective
Un enfant, ça dit vrai. Autant leur dire la vérité, ils vont la répéter! Comme adulte, on se casse souvent la tête avec nos problèmes de grandes personnes. On analyse, on extrapole, on angoisse, on mijote, même parfois en silence, dans un coin de notre tête « évoluée » un petit mensonge bien fignolé. Et vlan, tout d’un coup, une petite fille de trois ans et des poussières et on retombe sur terre. Un enfant, ça remet les choses en perspective. Ça nous renvoie sur le plancher des vaches et ça reconnecte avec l’ici-maintenant. Ça dénoue une enquête en deux gaffes trois mouvements. Quand le cerveau s’emballe dans nos crânes en détresse, prenons exemple sur l’enfance. La candeur peut aussi être synonyme de sagesse.
Semer des graines
Rien n’est laissé au hasard avec un enfant. Les paroles qu’on réitère jour après jour se font un petit bout chemin dans le cerveau des petits. Si on sème de bonnes graines, il y a plus de chances qu’on obtienne une bonne récolte. C’est là toute la nature altruiste de la chose. Ne rien attendre en échange. Offrir par nos paroles et gestes le plus de chaleur humaine possible. L’enfant aura besoin de toute cette lumière pour croître et développer son estime de soi. Semer pour voir pousser un arbre grand et fort. Un enfant bien enraciné qui peut s’épanouir.
De la couverture de bleuets
Elle avait oublié de me dire qu’elle avait mangé de la « couverture » de bleuets AUX FRAISES. Et j’ai trouvé ça tellement beau. Je l’ai laissée m’envelopper dans son imaginaire réconfortant. Bien vite elle acquerra dans son langage un vocabulaire d’adulte. D’ici là, laissons-la être une enfant. Bisous, bye bye, je t’aime.