Entrevue : Mirabelle, Late Bloomer

Si on a d’abord connu le travail de Laurence Hélie sous son propre nom, elle revient cette fois sous Mirabelle, un nouveau projet qui s’éloigne du country-folk pour se rapprocher d’un son 90’s qui lui colle davantage à la peau. Ce renouveau prend forme avec Late Bloomer, un premier album anglophone qui marque non seulement un changement de cap, mais aussi un retour à la musique après un temps d’arrêt nécessaire pour l’autrice-compositrice-interprète. « C’est important pour moi de ne pas faire de la musique sur le pilote automatique […] Après mon deuxième album, pour une myriade de raisons, j’ai vraiment frappé un mur, je n’ai pas trouvé un meilleur terme que « dépression musicale » […] J’ai pris mon temps et c’est pour ça d’ailleurs que l’album s’appelle Late Bloomer. J’ai laissé les chansons arriver naturellement, puis après tout ce temps, j’ai eu l’impression d’avoir finalement trouvé ma voix d’auteure-compositrice et de chanteuse ». 

Un tournant qui se fait non seulement au niveau du son, mais aussi de la langue, qu’elle considère comme un autre instrument. « Avant de faire mes deux albums en français, j’ai toujours chanté en anglais, j’ai toujours écrit des chansons en anglais et pour les deux albums que j’ai faits auparavant, j’écrivais toute ma musique, mais pour les paroles, je m’étais entourée d’auteurs et des fois, j’avais de la difficulté à connecter à 100% quand ce n’était pas mes paroles […] c’est peut-être pour ça qu’en ce moment, je me sens full connecté comme tout vient de moi ». En résulte un album authentique et lumineux, où on sent l’artiste épanouie et en confiance. Une confiance qu’elle a entre autres développée en travaillant aux côtés de son ami et co-réalisateur Warren Spicer (Plants and Animals). « Je pense que tous les deux, on s’est poussés l’un l’autre à aller plus loin, j’ai vraiment appris, j’ai vraiment grandi. Ce gars-là est super intuitif, il se fait full confiance, mais il est aussi vraiment à l’écoute des autres. Au début des premières sessions, j’avais peur de dire mes idées, des fois je me disais « ah j’ai peut-être pas rapport », et plus l’album avançait, plus je disais toutes mes idées et je suis vraiment contente ! Je suis super fière qu’on ait travaillé ensemble. »

Une musique spacieuse allant du rock planant au indie pop, Mirabelle est ainsi le point tournant qui permet à Hélie d’affirmer son rôle de créatrice. Sa « Sasha Fierce » à elle comme elle y fait référence. Ce clin d’oeil à la pop n’est d’ailleurs pas sans faire écho au son qui traverse Late Bloomer. Vivre son adolescence avec la pop alternative des années 90 aura certainement eu son effet sur la musicienne. Une musique qui aura servi d’apprentissage et qui habite maintenant son travail. Si elle pense entre autres à Tanita Tikaram, ses influences s’étendent de Phoebe Bridgers jusqu’à la pop d’aujourd’hui, d’Ariana Grande à Taylor Swift. « Je suis vraiment une fan de musique pop […] Je trouve qu’il y a un travail dans la production de ces albums-là vraiment fou et ça vient me chercher ». Pour créer un son bien à elle, elle s’entoure également de Christophe Lamarche-Ledoux qui a orchestré le travail de synthés. « Sans lui on aurait cherché longtemps ! Il a amené un son qui coulait bien ».

Si à travers les pièces de l’album, on y sent tant la vulnérabilité que le laisser-aller, il y a aussi l’idée de prendre un temps d’arrêt pour constater nos accomplissements et ce que l’ont devient (on pense entre autres aux chansons One in a Million et Don’t Forget to breathe). C’est néanmoins un constat qui est venu plus tard pour l’artiste. «  C’est drôle, parce que des fois c’est par après… Quand j’écris des tounes, je ne suis pas en train de me libérer de quoi que ce soit, je fais juste écrire une chanson. […] j’écris ce que je vis, j’écris ce que je pense, ce que je ressens, alors c’est normal, je pense, qu’avec du recul, ça fait un beau constat de mes dernières années. […] Pour moi, c’est un album qui oui est de nostalgie, de questionnements, de cette espèce de retour en premier acte d’adolescence, de voir ce que je suis devenue, de me demander : est-ce que je rendrai l’adolescente en moi fière ? Il y a plein de questionnements et il y a aussi des réponses sûrement parce que j’en ai fait des chansons. » 

Des réflexions qu’on retrouve entre autres dans Betty, où l’artiste réitère l’importance d’être honnête avec soi-même. C’est d’ailleurs cette pièce qui a donné le ton à l’album. « On avait déjà fait quelques jours en studio avec tout le monde et c’était correct, mais, c’était pas tout à fait ça. Un moment donné, on enregistre celle-là et j’ai regardé tout le monde et j’étais comme, OK, on est sur la bonne track, c’est exactement ça que je cherche ! » Qui plus est, comme le thème de l’adolescence y est bien présent, Mirabelle s’est entouré de la réalisatrice Frédérique Bérubé pour le clip de la chanson, qui pour l’occasion, a laissé un espace de création unique à différent.e.s adolescent.e.s afin de célébrer, à leur manière, leur bal de finissant.e.s.

L’album Late Bloomer est disponible sous Simone Records depuis le 29 mai sur toutes les plateformes d’achat et d’écoute numériques. Pour tout savoir sur les prochains projets de Mirabelle, rendez-vous sur ses pages Facebook et Instagram.

Photo de couverture : Mirabelle, crédit : Camille Gladu-Drouin

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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