Qu’on se le tienne pour dit, l’album Kimberlite de Significant Other arrive à un moment où on a tou.te.s besoin d’un peu de réconfort. Sorti le 13 mars dernier, le nouveau projet de Michael Wexler qu’on a connu au sein de la formation ontarienne Inlet Sound, entremêle douceur et nostalgie, le tout dans une pop anglo habilement livrée qui rappelle parfois celle de Leif Vollebekk. Après un temps d’arrêt, un retour en musique s’est imposé naturellement pour l’auteur-compositeur-interprète originaire de Montréal, 5 ans après la fin de son groupe. Plus tôt en mars, juste avant que tout ne soit chamboulé par la crise actuelle, on a eu l’occasion de se rencontrer dans un café de la Petite-Italie pour discuter de sa démarche et de ce qui se cache derrière les chansons de cette première proposition, qui compte les collaborations de San James, Jean-Philippe Levac, Marie-Claudel et Marcus Paquin.
Un coup de coude plus tard (déjà, la poignée de main était proscrite), on parle de nos interrogations face aux effets de la situation sur les concerts prévus à l’horaire, qui comme on le saura quelques jours plus tard, seront reportés, incluant le lancement de l’album qui devait avoir lieu au URSA le 25 mars. Un album qui pour Michael, arrive après une pause de quelques années, marquée par un passage en Allemagne, une rupture et plusieurs remises en question. « À l’origine, je me disais que cet album n’allait jamais fonctionner. J’étais fatigué parce qu’avec l’industrie de la musique, ce n’est pas facile. Au début avec Inlet Sound, j’avais deux jobs dans des bars, j’étais aussi le co-gérant de notre band avec mon ami. On faisait tout et c’était vraiment frustrant à la fin, alors je me suis dit que je pouvais trouver une autre carrière. Je suis retourné à Montréal pour étudier, j’ai fait ma maîtrise en urbanisme à McGill et la musique, c’était toujours comme mon ancienne vie. »
C’est notamment la vitalité de la scène montréalaise et sa rencontre avec San James qui lui a donné envie de se remettre à la musique, avec un projet qui lui ressemble davantage. « J’ai toujours suivi Marilyse (San James) dans ses projets et elle m’a toujours dit qu’elle allait me pousser dans les miens. En mai, j’étais à Winnipeg avec une amie et le lendemain, au retour dans l’avion, j’étais sur mon téléphone un peu hangover et j’ai écouté toutes les chansons que j’avais enregistrées les quatre ou cinq dernières années et je me suis dit ok, c’est le temps, je veux le faire. De retour à Montréal, j’ai dit à Marilyse, je suis prêt, on le fait ! » Quelques mois plus tard, il se retrouve en studio à enregistrer les pièces de Kimberlite, un album qui tourne autour de l’idée de régénération et du positif qui en ressort. « Le mot Kimberlite, c’était l’idée d’une amie quand je commençais à écrire des chansons. Elle a entendu ça dans une émission du Discovery Channel, c’est une roche qui contient des diamants. Je trouvais que c’était parfait parce que la dernière décennie, c’était une grande période de régénération pour moi. C’était pas toujours facile et dans la vie, quelques fois, ça demande un effort pour trouver ce qui est positif. »
D’une dizaine de chansons écrites pendant ce temps d’introspection, 6 ressortent du lot pour se retrouver sur ce premier mini-album. Michael nous les explique.
Obsolescence
« Pour moi, Obsolescence, c’était vraiment de parler de l’obsolescence des émotions avec le temps. […] C’est un peu comme une « breakup song ». C’est de dire que, ce qui apparaît le pire dans la vie, ce qui est très intense, avec du temps, c’est complètement obsolète. […] Cette chanson est sortie pendant une rupture, mais ce n’était pas inspiré exclusivement de ça, c’était vraiment inspiré par l’émotion de « maintenant ça fait mal et si je rejoue cette chanson dans un an, ça fera moins mal. »
Downtime
« Downtime, c’est vraiment une chanson que je voulais écrire depuis des années, parce que pour moi, et je pense que pour plein de gens, des dimanches tout seul chez soi, c’est difficile (c’est pour ça que j’ai un chien depuis 2 ans d’ailleurs, ça m’aide à sortir de la maison !). Quand tu es dans ton « downtime », des fois, tu es plongé dans une mini dépression à trop penser, tu essaies de comprendre la vie. J’ai toujours voulu écrire une chanson qui explique cet état d’esprit et peut-être, créer une connexion avec d’autres qui connaissent cette émotion. À un moment, je me suis assis au piano et la mélodie est venue toute seule. […] Pour moi, c’est vraiment la chanson qui m’a redonné la confiance en ma capacité d’écrire et de terminer l’album.
Desert Flowers
« Je pense que c’est celle-là la plus complexe. Elle parle des défis et problématiques qu’on peut vivre avec quelqu’un qu’on aime beaucoup. Quand tu veux aider quelqu’un, mais que tu ne peux rien faire. C’est pour ça l’idée de « desert flower », c’est une fleur qui ne veut pas pousser, qui a besoin d’eau, mais qui n’en trouve pas. Cette chanson est vraiment inspirée de mon passé et de mes expériences personnelles. Je pense que c’est celle qui a été le plus difficile à écrire. »
Fondly, Lonely et Limerence
« Fondly, Lonely, j’aime que cette chanson soit vraiment juste une grande question. Le but n’était vraiment pas d’assumer quelque chose ou d’expliquer. Je pense que j’ai écrit la plupart de ces chansons-là dans mon ancien appartement, sur mon lit en regardant dehors avec ma guitare acoustique, juste en pensant à des gens dans ma vie et quelques personnes spécifiquement. Ce sont toutes des grandes questions afin de savoir où tu es rendu dans ta vie, etc. »
The Shine of Our Shadow
« C’est la dernière chanson que j’ai écrite. Au début, le titre était Epilogue, alors pour moi, c’était pas nécessairement dans l’album, c’était plus un « après ». Je trouvais qu’avec le sens du mot Kimberlite, ça faisait une belle conclusion pour relancer la thématique et expliquer un peu les idées de l’album. Aussi, quand j’ai renommé la chanson The Shine of Our Shadow (ce qui brille dans l’ombre), c’était comme une autre façon de dire Kimberlite. […] C’est aussi une réflexion sur ce qui se passe aujourd’hui dans le monde; réfléchir pour tous travailler ensemble, être positif et trouver des moments positifs, aussi difficiles à trouver quand c’est dur. »
Des chansons qui font du bien, surtout en ces temps plus difficiles. L’album Kimberlite est disponible sur toutes les plateformes d’écoute numériques. En attendant la reprise des concerts, abonne-toi aux pages Facebook et Instagram de Significant Other !
Photo de couverture : Significant Other, crédit : Mathieu Lalonde