Entrevue : Mélanie Venditti et Constance en spectacle au Taverne Tour

Mélanie Venditti dévoilait récemment L’île de chasse, une nouvelle chanson où les synthés s’invitent aux cordes pour faire place à un son plus électro. Un son qui laisse entrevoir l’exploration de nouvelles sonorités pour l’autrice-compositrice-interprète qui nous avait livré le touchant Épitaphes en 2019. Cette chanson, Mélanie l’a écrite il y a un moment déjà, pour un ami en peine, comme un hymne à l’amitié, une zone de réconfort pour les temps de guérison à apprivoiser à son rythme. À la réalisation, elle a fait équipe avec son collaborateur de longue date Guillaume Guilbault, également à la barre de Constance, un projet solo qu’il tient depuis 2015.

Pour la petite histoire, leur première rencontre remonte à cette même époque, alors que les deux artistes jouaient sur le même spectacle. Quelques années d’amitié et d’amour plus tard, ils renouvèlent l’expérience en plateau double avec leur projet respectif le 30 janvier prochain à l’occasion du Taverne Tour. À quelques jours de l’événement, on s’est rencontrés dans un café de Rosemont pour jaser de ce qu’ils nous réservent pour cette soirée ainsi que de leur tout nouveau matériel.

Boucle Magazine : Mélanie, pourrais-tu nous parler un peu de L’île de chasse qui vient tout juste d’être lancée. La question de l’amitié y est centrale. Dans quel contexte la chanson est-elle née ?

Mélanie : J’avais un ami qui était en peine d’amour, je suis allée chez lui et je l’ai consolé. Ça faisait longtemps que la fille l’avait laissé et il se sentait mal d’avoir encore de la peine et se sentait lourd avec ses amis de tout le temps en parler. Et moi aussi j’étais en peine d’amour un peu, mais depuis un bout, et j’en parlais pas parce que je me sentais mal moi aussi. Mais finalement c’est ça, c’était comme une toune pour lui, pour dire que ça prend le temps que ça prend t’sais. Et aussi, je trouve que les hommes ont de la misère à pleurer en général alors ça m’a beaucoup touché et ça a sortit tout seul.

BM : Vous avez réalisé la chanson ensemble. Il y a un son plus électro comparé à tes autres pièces. Pourquoi avoir décidé d’y aller avec ça ? C’est quelque chose que vous avez développé ensemble ?

Mélanie : Ça c’est très Guillaume !

Guillaume : On avait déjà enregistré la chanson, on avait fait une autre version qu’on avait joué live en plus. Mais là, Mélanie voulait faire quelque chose qui était différent pour vraiment délimiter la toune de l’album et montrer une nouvelle direction. Montrer la direction que sa musique pourrait prendre dans le futur. Alors au début, je voulais vraiment que ce soit électro, que le groove soit plus mis de l’avant et que ça feel différent de la musique que j’ai l’habitude de faire. Alors c’est ça, on a exploré des affaires. On avait des tounes de références et ça a vraiment parti du riff de synthé. Après ça, on est allé dans cette direction-là et on a juste suivi où est-ce que la toune allait.

Mélanie : Parce qu’à la base, avec mes musiciens, on est vraiment proches, on est amis depuis longtemps. Et souvent, moi j’arrive avec une toune et elle va directe à une place t’sais. Mais cette toune-là [L’île de chasse] à la base, j’avais déjà une idée de synths. Finalement, elle est allée ailleurs. C’était bon là, mais c’était juste pas ce que je voulais. Je voulais aussi retrouver une espèce de continuité avec ce que j’avais au début. Le premier EP officiel que j’ai fait, c’est Guillaume qui l’avait réalisé. C’est comme ça qu’on s’est rencontré. On a été amis 6 ans avant d’être un couple et aussi, j’avais pas de budget. Là, on habite ensemble, on a un petit studio et j’avais envie de revenir au son de départ, alors c’était full facile à temps perdu.

BM : Il y a là-dedans l’idée de revenir à l’essentiel au fond ?

Mélanie : Oui et il y a moi aussi à travers ça. J’ai beaucoup délégué aux musiciens, avant j’avais beaucoup de lâcher prise avec ça, mais là, j’ai envie de revenir à moi et de proposer aussi des arrangements toute seule. Ça, c’était le fun.

BM : Est-ce que ça a été dur ce lâcher prise ?

Mélanie : Non, ça a été super facile, ça a fait beaucoup de bien !

J’entendais l’ambiance électro de la chanson et je trouvais que ça rejoignait un peu celle de ton projet Guillaume. Tu as lancé le EP One en 2015. C’est arrivé comment Constance ?

Guillaume : Ça a juste été un moment dans ma vie… j’avais un groupe avant et un moment donné, je me suis rendu compte que ça fonctionnait pas et que je voulais un peu retrouver quel genre de musique j’avais vraiment envie de faire, alors j’ai essayé d’être plus intègre, plus honnête. J’étais un peu dans une espèce d’impasse créative et je suis parti en voyage un mois avec un ami sur la route et quand je suis revenu, il y avait comme une clarté que j’avais pas avant. Dans mon autre band, j’étais plus dans le rock année 2000, mais là, je voulais revenir à quelque chose de plus intime moi aussi.

BM : Est-ce que tu prévois sortir du nouveau bientôt ?

Guillaume : Oui, bien on est allé en studio. Je sais pas encore si ça va être un EP ou un album, c’est toujours un peu difficile à dire, mais oui, j’ai des nouvelles chansons sur lesquelles on a travaillé et je vais en faire 3 nouvelles au show. On est parti moi, Mélanie, Nicolas Gaudreault, guitariste, Mandela, le drummer, et avec Carl Bastien, un réalisateur qui a travaillé avec Daniel Bélanger, Dumas et Damien Robitaille. C’est un ami à moi et on est parti en studio avec Nicolas Roberge, un ingénieur de son, et on a travaillé des nouvelles tounes. […] Mon EP, je l’ai fait pas mal seul, j’ai travaillé avec d’autres musiciens pour certains instruments, mais en grande partie, c’est moi qui l’ai fait seul et j’avais comme envie de m’ouvrir un peu avec d’autres musiciens voir ce que ça allait donné. C’est drôle j’ai fait l’opposé que ce que Mélanie a fait sur sa nouvelle toune !

BM : Dans vos deux visions, il y a vraiment cette importance de bien s’entourer. Qu’est-ce que ça vous apporte les collaborations ?

Mélanie : Ça te permet de sortir de ta tête. Des fois quand tu as le contrôle sur trop d’affaires dans la vie, tu as de la misère à laisser-aller. Je pense que c’est un peu ça. Travailler avec des gens, ça te force à avoir des échéances. C’est comme être travailleur autonome t’sais. C’est le même problème. Il faut que tu te donnes des coups de pieds dans le derrière.

Guillaume : Moi ce que j’aime aussi en musique et ce qui est bien c’est d’être en réaction et pas toujours en action. Quand on est seul, des fois, on est toujours en train de donner et donner, et on est jamais en train de réagir à quelque chose d’autre. Pour la créativité, je trouve que c’est vraiment le fun de réagir à l’idée de quelqu’un d’autre et après ça l’autre réagit à la tienne. Je trouve que c’est vraiment propice à arriver à un résultat final qui est plus riche.

BM : Et est-ce que vous avez envie d’explorer des nouvelles choses pour le Taverne Tour ? D’adapter des chansons différemment ?

Guillaume : Je sais que pour ma part, je vais pas essayer de refaire exactement les arrangements du EP. Je pense que c’est bon aussi de juste vivre avec l’ensemble que tu as pour un spectacle. Comme là, on a fait un concept que c’est les mêmes musiciens sur les deux shows, donc on va être les quatre sur scène pour les deux spectacles. Je pense qu’à cause de ça, les versions vont être nécessairement un peu différentes, je pense que ça va être cool.

Mélanie : Moi je vais faire une toune toute seule, expérimentale un peu, avec mes pédales et tout. C’est drôle parce que souvent quand tu es dans l’émergence et que tu viens de sortir un album, tu veux beaucoup te prouver, faire des shows. T’sais on veut se prouver et on veut montrer qu’on est capable. Mais là, pour ce show-là, j’ai envie de revenir à autre chose. Sur l’album, je voulais rien prouver t’sais, c’était juste comme, je vivais ce que je vivais… j’avais perdu ma mère et j’étais vraiment triste. Il y a quand même beaucoup de guit acoustique… il y a des tounes plus rock, mais l’essence de l’album est beaucoup plus vulnérable. Là, pour ce show, j’ai envie de prendre le temps, faire des choses acoustiques et des choses expérimentales. Ça va être le fun. J’ai autant hâte de jouer pour Guillaume que pour mon projet !

Mélanie Venditti et Constance seront en concert le 30 janvier prochain au Quai des Brumes dans le cadre du Taverne Tour. Tu peux te procurer un billet par ici et la chanson L’île de chasse est disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Abonne-toi aux pages de Mélanie et Guillaume pour ne rien manquer de leurs nouveaux projets !

Photo de couverture : Mélanie Venditti, crédit : Camille Gladu-Drouin

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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