Si on a surtout pu voir Michel Villeneuve sur les scènes de la Côte-Nord au cours des dernières années, on a aussi pu le découvrir un peu partout au Québec depuis Grand’ Marée, un premier album sorti l’an dernier chez Artifice. L’auteur-compositeur-interprète de Port-Cartier dont les inspirations puisent dans les chansons de Leonard Cohen, Daniel Lanois et Richard Desjardins vient tout juste de dévoiler un vidéoclip pour la pièce Dans les yeux, dont la réalisation est signée par Cassandre Émanuel. On a eu Michel au bout du fil afin qu’il nous parle du projet.
Boucle Magazine : Comment la collaboration avec Cassandre Emmanuel est-elle venue ? Est-ce que tu avais déjà une idée en tête ou c’est en parlant avec elle que le scénario est arrivé ?
Michel Villeneuve : En fait, on ne s’est même pas vu, mais on s’est parlé beaucoup ! […] On est partie de l’idée de la chanson en gros. Ce que j’ai voulu passer comme message c’est que le temps passe et qu’il faut en profiter si je résume en quelques mots. L’idée de la glace, c’est Cassandre qui est arrivée avec ça et au début, je me demandais où elle s’en allait avec ça ! Mais c’est ça, avec l’idée de l’homme qui veut garder sa femme le plus longtemps possible et qu’il voudrait revenir dans le temps, ou retenir le temps en fait.
BM : Dans le clip, on voit l’homme joué par Claude Laroche mettre toute son énergie et utiliser tous les moyens possibles pour arriver à ses fins, pour se rapprocher de quelque chose. Est-ce qu’à travers le clip et la chanson, tu y vois une forme de résilience ?
MV : C’est la résilience ou c’est le cruel constat qu’on n’a pas de pogne sur le temps qui passe et qu’on peut essayer de contrôler des trucs, mais au final, oui on peut appeler ça de la résilience parce que la vie continue.
BM : Avec Dans les yeux, il y a l’idée de revenir à l’essentiel, de la peur de passer à côté de quelque chose, ou d’avoir une perception différente de la vie. Qu’est-ce que tu avais envie d’aborder avec la chanson ?
MV : En fait, moi, il y a plein de trucs dans tout ça et j’ai essayé de l’écrire le plus universel possible. Mais t’sais, on a une vie qui va vite et moi, un moment donné, je me suis reviré de bord et ma fille qui est encore mon bébé avait 16 ans. Et je regrettais un peu tous les moments où j’ai mis beaucoup d’heures au travail, ou les moments où j’ai fait des trucs qui n’étaient pas en lien avec elle, les vraies affaires !
BM : Il y a aussi une certaine lenteur qui s’installe dans la vidéo qu’on retrouve également dans tes chansons. C’est important pour toi de transmettre cette énergie ?
MV : Très honnêtement, je ne contrôle pas tant ça ! Quand j’écris une chanson, j’essaie de trouver c’est quoi la meilleure façon de la faire. Si la chanson impose un rythme, il faut la jouer à ce rythme-là. […] Le rythme des images, je trouve qu’il est très en lien avec le rythme de la chanson et Cassandre Émanuel fait des maudits bons clips ! C’est rarement pas bon !
BM : Tu dis d’ailleurs que de travailler avec des gens qui nous apporte ailleurs, c’est quelque chose qui est assez bénéfique.
MV : Tout à fait, parce que moi, je te dirais que le premier 5 minutes où elle me racontait son scénario, je n’écoutais plus, je faisais juste dire voyon, c’est quoi le rapport ! Et en fait, j’ai senti tellement d’humanité dans la façon dont elle me parlait et la bienveillance qu’elle avait dans tout ce qu’elle faisait. Son seul souci en réalité c’était de faire quelque chose qui allait me plaire. […] Plus j’y pensais, plus on parlait, plus je trouvais que c’était un bon concept et je trouve qu’elle a souvent la façon d’aller chercher quelque chose de bien précis.
En attendant les nouvelles chansons de Michel Villeneuve qui devraient paraitre en 2020, tu peux écouter Grand’ Marée sur toutes les plateformes d’écoutes et t’abonner à ses réseaux sociaux !
Photo de couverture : Michel Villeneuve, crédit : Marc-Antoine Hallée