Entrevue : l’élan créatif de Julyan

La semaine passée, on découvrait Rebel now now, premier extrait prometteur du nouveau projet de Julyan, qu’on a notamment pu découvrir au sein de la formation Forest BOYS le printemps dernier et précédemment dans The Seasons. C’est la tête pleine d’idées et avec un besoin viscéral de créer que le musicien décide d’aller de l’avant en faisant appel à Jesse Mac Cormack, qui co-signe la réalisation de cette plus récente proposition pop mélodique accrocheuse. De passage à Montréal, on a eu l’occasion de discuter avec lui de son projet solo, ainsi que de Forest BOYS, dont le nouvel album est prévu au printemps 2020.

Boucle Magazine : On te connaît en formule groupe, mais seul, il y a quelque chose qui relève beaucoup de l’intime. Est-ce que c’était challengeant pour toi de te lancer en solo ?

Julyan : Oui, c’est quand même challengeant. Mais je l’ai fait maintenant parce que je me sentais prêt à le faire. Mine de rien, ça fait sept ans que je fais de la musique. Un moment donné, j’ai cheminé et je sens que dans les dernières années, je suis devenu ma propre personne. […] Ma tête fourmille d’idées et je ne veux pas stagner. Je pense que c’est la chose que je déteste le plus au monde !

BM : Rebel now now parle beaucoup d’acceptation de soi. Je lisais aussi qu’il y avait eu une période plus difficile. Est-ce que le projet solo c’est un moyen de reprendre le contrôle, de s’affirmer ?

J : Je pense que oui, autant que Forest BOYS. La musique que je fais en général est beaucoup orientée là dessus. Il y a une évolution, clairement. C’est à dire, quand j’ai fait le EP avec Forest BOYS, j’étais vraiment dans une zone où je n’étais pas rendu à me relever tout de suite. J’étais rendu à me stabiliser disons, et les textes parlent beaucoup de nightlife, de consommation… Consommation pas juste de substances, mais de consommer la vie, consommer les moments… Et ça, ça m’a beaucoup aidé. Un peu de purger l’espèce de frustration de dépression que j’avais et ça m’aide encore… Avec ma carrière solo, j’ai l’impression que j’ai peut-être plus une réflexion.

Julyan, crédit : John Londono

BM : Tu as aussi joué de tous les instruments sur la nouvelle pièce à part la batterie. Est-ce que c’était important pour toi de tout faire toi même ?

J : Oui ! On dirait que je ne ferais pas nécessairement ça toute ma vie, mais là, je n’avais pas envie de trop collaborer. […] Autant c’est le fun de travailler avec des gens et d’être stimulé que c’est aussi le fun d’être seul et quand tu as le goût de faire quelque chose, tu le fais. J’étais avec Jesse là-dedans, mais reste que, un moment donné, c’est moi qui prend les décisions. […] C’est drôle comment tout est une question d’équilibre. Autant qu’avoir confiance en soi ça peut vouloir dire faire confiance aux autres, mais autant que des fois, c’est avoir confiance que non, pour l’instant, tu as juste pas nécessairement besoin des autres, tu peux le faire tout seul.

BM : On sent aussi quelque chose d’un peu plus posé au niveau du ton de ta voix, mais toujours avec ce côté pop accrocheur. Est-ce que ça s’est imposé naturellement ?

J : Quand même. Depuis que je fais de la musique, j’ai toujours voulu être intéressant, original, mais en même temps, je veux que ce soit catchy. Et pourquoi je suis comme ça, je ne sais pas. J’imagine que ça va un peu avec mon insécurité et le fait que j’aime plaire, mais en même temps, je n’aime pas être vide de sens. […] L’équilibre entre les deux, c’est ce que je vise et c’est quelque chose de dur.

BM : On retrouve aussi une certaine idée de lâcher prise dans ce que tu fais avec Forest BOYS. Est-ce que justement ce lâcher-prise, c’est ce qui est à la base du groupe ? Une manière de se libérer de quelque chose ?

J : Oui, vraiment. J’entendais l’autre jour quand je passais à Belle et Bum qu’à la base, l’invention de la musique il y a des milliers d’années, c’était vraiment une manière de juste oublier ses tracas à la fin de la journée. Autour d’un feu, tu danses, tu te vides la tête et après ça, tu dors mieux et tu peux recommencer ta journée le lendemain. C’était presque une manière de survivre si on veut, parce que la vie était dure dans le temps. Bien, je trouve qu’avec Forest BOYS, on revient vraiment à se rapprocher de cette source-là, de la raison pour laquelle on fait de la musique. C’est quelque chose pour s’échapper, oui.

BM : Comment arrives-tu à conjuguer les deux projets ? Est-ce que c’est un équilibre dont tu as besoin ? Un projet nourrit l’autre ?

J : Je pense que oui, un projet nourrit l’autre. Je pense que les deux sont nécessaires et les deux apportent quelque chose de différent. Comment on va consolider ça en terme d’horaire et tout, c’est une bonne question. Il y a du monde dans notre équipe qui travaille fort la dessus pour que toutes ces choses là se placent et que ce soit possible et je l’apprécie énormément, mais on ne choisit pas où notre cœur nous mène et ce n’est pas tout le temps la chose la plus logique. C’est-à-dire que la chose la plus logique aurait peut-être été de faire l’un ou l’autre, mais moi j’ai le goût de faire les deux, alors je fais les deux.

BM : À travers tout ça, tu as aussi coécrit la chanson titre du nouvel album de Pierre Lapointe. Est-ce que ça t’a amené à développer une approche différente à l’écriture ?

J : Je dirais que ça a ouvert la porte à ce que je compose pour d’autres. C’est quelque chose que je n’ai pas encore fait énormément, mais c’est quelque chose que j’ai l’intention de faire par contre. J’ai commencé avec quelques collaborations avec des gens par-ci par-là, et c’est quelque chose que je crois qui est gagnant pour moi étant donné que je compose beaucoup de musique, j’ai beaucoup d’idées. Même pour mes deux projets j’en ai trop !  

BM : As-tu aussi envie d’amener ton projet solo à l’extérieur du Québec ?

J : C’est sûr que oui ! Mon rêve, ça a toujours été de faire de la musique pour les humains je dirais. Alors que ce soit des humains au Québec ou des humains en Afghanistan ou en Amérique du Sud, pour moi, ça ne change rien. Tout le monde a deux oreilles, ou en tout cas, la majorité des gens, et c’est tout ce qui compte ! J’adore le côté anthropologique de partager sa culture avec une autre culture, je trouve ça fascinant.

Avant d’entendre le nouvel album de Forest BOYS au printemps prochain, tu pourras voir le groupe le 22 novembre à l’Imperial Bell de Québec en première partie de Jérôme 50 avant qu’il ne se déplace du côté de l’Europe pour une série de 6 spectacles. Julyan sera également sur scène le 13 décembre prochain au Cabaret BMO de Ste-Thérèse en première partie d’Elliot Maginot. En attendant la sortie de son premier EP à paraître en 2020, tu peux écouter Rebel now now (en boucle!) sur toutes les plateformes d’écoutes. Abonne-toi à ses pages Facebook et Instagram pour rester à l’affût !

Photo de couverture : Julyan, crédit : John Londono

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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