Avec l’approche des fêtes, je me sens nostalgique. Est-ce que c’est les chansons de Noël qui me gossent les tympans dans toutes les radios des magasins? Est-ce que c’est le petit tapis blanc qui refroidit mon cœur tout en me faisant glisser à cause du givre qui recouvre le sol? Un beau mélange de tout.
Je ne me souviens plus de ce petit cœur chaud à l’idée de voir la première neige, quand mes yeux s’illuminaient de voir toutes les belles lumières posées sur les balcons et les sapins de maisons, les partys de famille et la bonne odeur du sucre à la crème. Comme Lorelai dans Gilmore Girls, j’appréciais la première neige pour aller marcher et boire un bon café chaud, peu importe l’heure de la journée. Pourtant aujourd’hui, je me rends compte que plus la vie va comme elle se doit et plus je perds mon p’tit cœur d’enfant pour ces jours lumineux. La vieillesse de l’âme. On grandit, on vieillit. Ainsi va la vie.
Vois-tu, Noël a toujours été une affaire de famille. Une opportunité de se retrouver, de fêter et de reconnecter. C’était ben le fun quand j’étais petite. Ça l’est un peu moins quand tu te rends compte que t’es rendu seule et que tous tes beaux souvenirs sont justement, de beaux souvenirs. Bien sûr, ces souvenirs je vais toujours les garder en dedans. En prenant du recul avec mes yeux d’adultes je me rends compte que ce n’était pas toujours rose non plus. On se réunissait particulièrement pour faire plaisir à une femme qui nous tenait tous ensemble, ma mamie, mon pilier. Maintenant qu’elle n’est plus là, la famille s’est divisée. En fait, elle n’existe plus, plus ensemble du moins.
Je voudrais tant pouvoir conserver cette magie d’antan, cette magie qui me faisait rire et chanter des « Vive le vent » poche, mais ô combien hilarant. De danser des rigodons endiablés avec ma tante et mes cousines, de porter de petites robes que je détestais tellement, de défaire les bas de Noël et de découvrir… une orange (petite tradition familiale). Je voudrais retrouver mes espoirs, quand je me faisais croire que tout était possible et que mon Noël était digne d’un film aux oscars.
Même si je suis triste à l’approche des fêtes, cette nostalgie me fait flotter et me rappelle que je suis vivante. En fait, j’essaie de la transformer en pensée positive. Malgré la tristesse, il n’est jamais trop tard pour rallumer la magie. Pour recréer ces moments avec de nouvelles personnes qui me rappelleront que Noël c’est le « tous ensemble » et que mes amis aussi peuvent être ma famille.
J’ai vieilli et mes Noëls ont terriblement changé. Il y aura toujours du changement, même si j’ai de la difficulté à l’apprivoiser. Noël n’a jamais été une question de courses aux cadeaux, de dinde, de sapin et de festivité, mais de comment tu ressens l’amour. Pour toi et ton monde. De profiter à profusion du boost d’énergie que cet amour-là te fait ressentir et peut te donner pour la prochaine année.
Chaque Noël est pour moi une remise en question. Sans aucune raison je me laisse bercer par ce désir d’être comprise. Par ce vent qui souffle trop froidement contre ma joue et qui me la pince comme une matante à Noël, rendant mes pommettes roses, la tourtière dans le nez avec l’odeur de mes proches qui rayonnent autour de moi. Les guirlandes aux couleurs vives qui m’encerclent et essaient de me redonner un nouveau souffle. La cheminée qui crie de son feu chancelant pour me rappeler que l’amour, ça existe encore. C’est quand on est tous ensemble que la magie opère.
On a tous nos moments et chaque fois c’est une nouvelle étape. L’important c’est d’être honnête envers soi. D’apprivoiser ce sentiment pour passer à la prochaine étape avec sérénité. De te laisser bercer par tes souvenirs et de les recréer dans le présent. Enlever ce voile qui te masque la face de nostalgie et accepter que tes souvenirs fassent partie intégrante de ton existence.
Tout ça pour dire que ce n’est pas une honte d’être nostalgique, mais un courage que d’y faire face et de s’en inspirer pour créer de nouvelles traces de vie à remémorer avec le sourire scotché aux lèvres. Le courage, c’est comment tu décides de te relever. Comment tu choisis de laisser sortir ta force intérieure. Tu as le droit de pleurer, de crier, mais il y a toujours ce temps de répit, comme entre Noël et le jour de l’an, où le temps est suspendu entre les deux. Pour prendre le temps de réflexion qu’on a besoin avant de recommencer à fêter.
J’aime continuer de croire qu’à Noël tout est possible.