L’automne, c’est souvent la saison grise de la santé mentale. Pour moi, pour beaucoup. Des jours qui oscillent souvent à garder le cap, qui ont ben d’la misère à rester à flot.
Si, alors que le froid entre par la grande porte, ton humeur plonge en piqué, dis-toi bien que t’es pas tout.e seul.e. C’est normal que ta santé mentale ne soit pas toujours ensoleillée comme une annonce de festival. Ta tête, il y a de bonnes chances que tu aies à en prendre soin autant que de ton corps, sinon plus. Que tu respectes les limites de ton mental, de ton énergie, en dépit des comparaisons malsaines que tu as envie de faire avec les autres.
À tes yeux, certaines personnes ont l’air de voguer sur le bonheur et la productivité sans problèmes ni soucis. Ils n’ont jamais tes larmes impulsives et tes envies de sommeil de douze heures. Mais tu l’sais pas. Peut-être qu’ils ne vont pas mieux non plus.
Concentre-toi sur toi. T’as le droit de garder l’accent sur ton bien-être à toi. C’est pas de l’égoïsme. C’est comme dans les avions, commence par t’assurer que tu respires avant de sauver tous les autres. Pis par moments, ça s’peut que surveiller ton souffle, que respirer dans la foule compacte de tes pensées, ce soit déjà beaucoup.
Parfois, être avec les autres, sortir, travailler, ça va être dur. Juste te gérer dans leur normalité, dans leur calme, ça va être difficile de jouer le jeu. Tu voudrais leur expliquer que quand ton âme se casse une cheville, c’est aussi vrai que si t’avais des béquilles. Que c’est pas plus en ton contrôle. Que c’est pas de la faiblesse. Que c’est pas juste une question de se botter le derrière.
La tête et ses détours dans les rivières tortueuses, c’est peut-être tabou d’en parler. Peut-être que notre société bien occupée, cachant ses dettes de surconsommation dans ses poches trouées, voudrait que tu sois Wonderwoman, Superman qui n’a peur de rien. Que tu n’aies pas besoin d’antidépresseurs, de séances de psychothérapie, de congés de maladie. Mais c’est possible que ce soit nécessaire, essentiel. Que malgré toutes tes bonnes intentions, tes larmes débordent au mauvais moment. Laisse-toi pleurer. Donne-toi le droit, le temps. T’es pas une fifille. T’es forte. T’es belle. T’es bonne. T’es capable.
Tu vas essayer de leur expliquer que c’est un jour à la fois, que tu voudrais traîner ton toutou pour absorber ton anxiété un peu. Que t’as envie de te sauver au fond du bois, parfois, souvent. D’aller méditer sur le bord de l’eau, en pleine nature, et de fuir la ville.
Ils ne comprendront pas tous. Écoute-les pas. Tiens la main de ceux qui comprennent. Laisse-les te soutenir. Laisse-les t’aider. Ceux-là sont précieux.
Fais ce qu’il faut pour aller mieux. Demande qu’on te tienne le bras jusqu’à ce que tu puisses marcher seul.e. Prends une pause. Repose-toi. Colle-toi sur ton chat, ta blonde, ton chum, ton ami. Donne-toi le droit de repousser ta session, ta grosse job si c’est nécessaire. Cajole ta tristesse et ton angoisse jusqu’à qu’elles s’apaisent. Peu importe le temps que ça prend. Tu fais ton possible et puis c’est tout. C’est assez. C’est énorme.
Laisse juste le doux rentrer. La rivière va finir par se calmer. Lâche-pas.