En ce monde, il y a différents genres d’auteurs.
Il y a les étudiants et les autodidactes. Ceux qui passent des années sur les bancs d’écoles supérieures et ceux qui apprennent par eux-mêmes. Parfois dès qu’ils sont en âge d’écrire, parfois seulement quand la retraite leur offre le temps libre nécessaire.
Il y a les professionnels et les amateurs. Ceux qui sont payés pour leurs œuvres et ceux qui ne le sont pas, mais qui pourraient très bien l’être.
Il y a ceux qui bénéficient de nombreux contacts et ceux qui n’en ont aucun.
Il y a ceux qui se laissent freiner par les conventions, ceux qui les suivent et ceux qui passent par-dessus.
Il y a ceux qui sont très cultivés et ceux qui le sont moins, ce qui a peu d’importance quand on écrit sur ce que l’on connaît.
Il y a ceux qui domptent leurs personnages et ceux qui les apprivoisent. Ceux qui contrôlent tout et ceux qui ne contrôlent rien.
Il y a les méthodiques et les anarchistes. Ceux qui travaillent de façon structurée et ceux qui travaillent dans le chaos.
Les méthodiques sont très structurés. Ils définissent un plan bien précis, qu’ils suivent à la lettre. L’organisation est primordiale pour le bien-être du processus. Cette organisation implique leur mode, leur horaire et leur structure de création. Ils appliquent les principes d’écriture standards en toute conscience. Il est également possible qu’ils appliquent leurs propres principes d’écriture, mais ils n’en sont pas moins assidus pour autant. Tout a été pensé, prévu, calculé.
Les anarchistes n’ont aucune règle. Ils créent dans tous les sens, de façon disparate, sans aucune ligne droite, sans aucune continuité. Ils n’appliquent aucun principe d’écriture, ils s’estiment être en droit de réclamer la pleine liberté de leur créativité. Il s’agit d’un art et ils peuvent l’exercer tel qu’ils le souhaitent. Ils construisent dans le chaos jusqu’à ce que la logique de leur œuvre se place d’elle-même.
Il existe aussi un petit groupe entre les deux, une minuscule portion d’auteurs qui réussissent à atteindre l’équilibre des extrêmes. Ceux qui travaillent dans le chaos de façon méthodique. Ceux qui ont besoin d’un minimum d’organisation pour garantir l’autonomie de leur écriture. Ceux qui s’occupent de la structure, du rythme et de la cohérence sans en avoir réellement conscience.
Tous ces gens partagent tous la même chose: ils sont auteurs.
Qu’ils appartiennent à une maison d’édition ou qu’ils publient à compte d’auteur. Qu’ils aient trois diplômes de littérature ou qu’ils n’en aient aucun. Qu’ils aient réussi à se faire publier ou qu’ils enchaînent les refus. Un refus ne veut absolument rien dire sur la qualité de l’œuvre. Il est bien souvent la conséquence de plusieurs facteurs qui n’ont rien à voir avec elle. Chaque histoire trouve son lecteur. Il suffit d’en atteindre un seul pour qu’elle soit réussie.
Dans ce monde, je pense qu’une partie des plus grands de leur domaine – peu importe le domaine – se trouve dans l’ombre, dans la rue, dans l’anonymat. Ceux ayant eu la possibilité de percer ne sont pas nécessairement les plus doués et les plus doués ne percent pas forcément. Certains ne cherchent même pas à percer. Ils sont les meilleurs dans leur domaine, mais ils ont d’autres occupations, d’autres préoccupations, qui les obligent à négliger un tel talent, inné ou non. Il existe des prodiges cachés dans toutes les zones d’ombres et le monde littéraire n’en fait pas abstraction.
Peu importe le genre d’auteur que vous êtes, ne vous empêchez jamais d’écrire. Il n’existe pas de façon d’écrire mieux qu’une autre. L’important est de trouver celle qui vous convient.