En yoga, on centre notre énergie sur le ici, le maintenant. On laisse nos soucis à la porte, en même temps que nos cossins et nos téléphones. Personne ne peut nous inviter à un événement qui nous tente pas. Personne ne peut nous déranger.
Sur notre tapis, il n’y a que nous et notre corps. Les ouï-dire, les pressions sociales, les to-do lists, les rôles, le stress: on ne les laisse pas entrer. On essaye en tous cas. On fait notre possible pour se concentrer sur nos respirations, notre jambe qui s’étire, notre épaule qui se délie.
Pendant que mon bras s’élève vers le puits de lumière, que mon muscle de cuisse « rushe » un peu dans sa position, je me sens forte. Je me sens bonne et je les envoie promener. Ceux qui jugent. Ceux qui ne comprennent pas. Je ne me sens plus inadaptée socialement parce que mon anxiété me draine souvent. Je ne me sens plus bizarre, ni folle, ni weird.
Quand la prof dit : pensez à un objectif pour le cours, je choisis toujours « essayer de me calmer le pompon ». Ralentir le hamster, les scénarios de fin du monde et les peurs. Inspire, expire. Reconnecter avec soi.
Remarquer que mon corps s’étire de quelques millimètres de plus chaque fois, être fière. Me trouver belle pis me dire que c’est une maudite victoire.
En yoga, l’apparence n’a pas d’importance. Pas plus que l’emploi prestigieux, l’argent, la grosse maison et les dernières technologies. On veut juste prendre soin. Être là, écouter ce que nos muscles et nos organes nous disent. Penser à la nature, moins aux objets. Trouver le bonheur dans le bien-être intérieur, pas dans les possessions. Pencher vers le minimalisme, l’écoute de soi. Faire attention à l’environnement et moins utiliser de produits chimiques dans nos vies. Retrouver son équilibre.
On comprend aussi qu’en améliorant notre hygiène de vie, notre sommeil, on peut retrouver l’énergie de laquelle on manque toujours. En acceptant les besoins de notre corps, en se reposant plus et en gardant moins d’espace pour les rôles dans nos vies, on retrouve un peu de paix.
Le yoga, c’est ma p’tite spiritualité, sans rapport avec Dieu ni les religions. La spiritualité d’essayer de faire mon possible et d’accepter mes limites. La philosophie de ne pas aller dans la douleur, parce que c’est inutile. D’accepter ce qui est là. De faire de la place pour le positif et de chasser tranquillement le négatif qui m’épuise. Me dire que je suis assez. Sortir leurs qu’en-dira-t-on de mon tapis avec mon petit balai.
Me faire une bulle d’espace vital. D’espace beau. D’espace zen.
Être une guerrière en leggings qui prend du temps pour elle, qui prend conscience de l’extrême importance de le faire. Une guerrière habillée en lousse qui flatte sa santé physique et mentale dans le bon sens du poil, une position à la fois, une respiration à la fois.