Dans la foulée de la récente remise en question du droit à l’avortement chez nos voisins du Sud, on assiste depuis quelque temps au recul inquiétant des droits de la femme aux États-Unis. Il n’est rien de moins qu’alarmant de vivre ce genre de régression sociale face à un droit qu’on prenait pourtant pour acquis depuis des décennies. Comme quoi notre sexualité n’est pas complètement entre nos mains, elle ne nous appartient pas. Non, elle appartient aussi à la droite religieuse ça l’air! Parce qu’en 2019, il y a encore des gens (qui sont pour la plupart des hommes, qui n’ont donc vraiment aucune idée de ce qu’est ta réalité) que tu ne connais pas et qui ne te connaissent pas qui se donnent le droit de décider de ton avenir et de ce qui est bon pour toi. C’est cool hein?
Depuis 2018, plus de 28 états américains ont adopté ou sont en voie d’adopter des lois visant à restreindre le droit à l’avortement. La majorité d’entre eux sont évidemment des États du Sud, portion du pays reconnue pour ses convictions politiques et sociales de droite. Cela va sans nommer le projet de loi interdisant complètement la pratique, qui sera probablement bientôt en vigueur en Alabama. On ne peut cependant pas s’étonner que ce genre de régression survienne au crépuscule du premier mandat de Donald Trump.
Depuis le début de son règne sur les États-Unis – et non, le choix du terme règne n’est pas fortuit et ne nécessite pas de justification ici – Trump tente de rallier son pays sous une tangente nationaliste recentrée sur les intérêts « américains », ce qui confère à sa politique un goût de fermeture, une perspective du monde limitée par des œillères. Dans cette optique, il n’y est jamais allé de main morte en ce qui a trait aux propos, qu’on pourrait qualifier d’incendiaire, qu’il tient sur les immigrants et les femmes. En effet, l’actuel président est un habitué des frasques en matière de propos racistes ou misogynes. Tout porte à croire qu’il ne faut pas prendre à la légère ce type de propos et de mesures brimant la sexualité féminine. De plus, je crois fortement qu’il faut s’attendre à la réélection du septuagénaire, ce qui n’augure rien de bon par rapport à ces enjeux. En revanche, plusieurs états sont présentement en train de se munir de lois pour protéger l’accès à l’avortement, de plus en plus mis en péril.
Et si le débat sur l’avortement s’amenait également chez nous? Car on s’entend, cela n’est vraiment pas hors de considération. Si le prochain gouvernement se compose d’un parti conservateur majoritaire, on peut parier que le sujet sera remis sur table. Et si la liberté sexuelle des femmes ne tenait vraiment qu’à un fil, qu’à une tendance, un climat sociopolitique? Après plus de 50 ans de légalisation de l’avortement aux États-Unis (celle-ci était un crime jusqu’en 1973) et encore bien davantage d’années de lutte en faveur de l’avancement des droits de la femme, on en est encore là? L’un des pays occidentaux les plus puissants porte à sa tête l’une des personnes les plus vocales et dénigrantes face à la gent féminine et il réussit tout de même à avoir l’appui de la majorité de son peuple? L’inquiétante porte qu’ouvre cette légitimation du rabaissement délibéré des femmes donne une tribune et une visibilité qui gagne de plus en plus d’ampleur à ce genre de comportement réducteur, ce qui n’est rien de moins qu’alarmant.
Le moindre que l’on puisse faire en tant que femme, c’est de demeurer vigilante, ainsi que de refuser et dénoncer les écarts de conduite à notre égard. Il est vraiment dommage d’encore devoir se battre et se prouver publiquement pour justifier notre place égale à celle des hommes au sein de la société. Ne laissons pas le mépris de certains nous décourager et saisissons au contraire ces occasions pour réaffirmer davantage notre force de caractère. Parce que de tenir tête aux oppresseurs et de ne pas se laisser intimider face à l’adversité, ça boost notre confiance, ça unit nos forces… et ça leur en bouche un coin. LET’S GO MES GIRL BOSS, À GO ON CONQUIERT LE MONDE!