Aimer une femme. Partager son quotidien avec son lot de rires, de conversations et de tendresse. La vraie complicité qui peut se développer entre deux personnes de même sexe qui réussissent à se comprendre sans même avoir à parler. La vie de deux femmes en couple ou qui apprennent à se connaître est peu montrée ou visible pour la plupart en dehors des clichés sexuels sur lesquels bon nombre de gens aiment bien fantasmer.
La réalité merveilleuse de cet amour est encore quasi inexistante sur nos écrans et dans nos livres ou elle dépeint des femmes conformes aux standards de la majorité : bien maquillées, bien habillées, s’identifiant au sexe féminin. Il ne faudrait pas choquer en montrant des personnes pour qui l’épilation et le maquillage sont sans importance, pour qui la beauté se pare de vêtements masculins et de look androgyne.
Les catégories sont inutiles lorsqu’on parle d’attirance ou de sentiments. Que beaucoup tiennent encore à faire « fitter » chacun de nous dans des cases bien définies ne change rien à la réalité qui comporte une infinité de genres et d’orientations sexuelles.
Moi, de sexe féminin m’identifiant comme telle, 28 ans, en couple avec une autre femme magnifique depuis quatre ans et des poussières. Suis-je bisexuelle, lesbienne, pansexuelle, fluide ? On s’en fout. Je l’aime elle et puis c’est tout. Le reste ne me dérange pas et je ne corresponds pas à un pourcentage d’hétérosexualité ou d’homosexualité parce qu’ayant déjà été en couple avec des hommes. Les gens ne sont pas des formules d’algèbre.
C’est cet éclatement des cases qu’il faut laisser exister sans poser davantage de questions. Laisser chacun être ce qu’il est, en relation avec qui il veut tant que ça reste dans le respect et le consentement. Identité neutre, polyamoureux (se), intersexe, bisexuelle, queer, trans. Whatever. La diversité sexuelle, c’est ça ; l’acceptation de l’autre, peu importe les nuances de son arc-en-ciel.
Les livres qui dépeignent bien ces amours sans catégories sont encore rares, car ils centrent souvent l’attention sur le combat intérieur, la sortie du placard. Ces sujets sont importants, mais ils ne sont qu’une partie de la réalité.
La bande dessinée La fille dans l’écrande Manon Desveaux et Lou Lubie publiée ce printemps la montre de manière touchante et habile.
Bande dessinée illustrée et écrite à deux voix, elle raconte l’histoire qui se développe entre une illustratrice en France et une photographe au Québec qui, par un message banal, vont devenir complices malgré la distance. Montrant un personnage en noir et blanc avec un certain graphisme et l’autre en couleurs avec un autre style, ce livre permet de bien ressentir les kilomètres qui éloignent ces deux femmes.
À travers les mots échangés, les messages, les photos et les attitudes de chacune, La fille dans l’écran illustre parfaitement cette compréhension et cet attachement qui se construit entre Coline et Marley. Les questionnements ressentis par les deux femmes sont nombreux, mais concernent l’anxiété, la relation de couple de Marley, la famille et les lieux éloignés plutôt que leur orientation sexuelle. Cette dernière n’est pas remise en question. L’amour qui éclot va de soi et c’est rafraichissement autant que bouleversant. Les illustrations expressives sont très réussies et les propos sur la santé mentale permettent d’aborder une autre thématique essentielle par la fiction.
Ce roman graphique sensible m’a complètement absorbé et est incroyablement actuel par sa manière de montrer l’amour dans toute sa diversité.
Et vous, quels sont vos livres favoris mettant en valeur la diversité sexuelle?
Bonne lecture!