Connais-tu une secrétaire qu’elle soit archiviste, médicale, de bureau, peu importe, en connais-tu une ? Moi je n’en connais aucune, mais je vais vous dire je leur lève mon chapeau !
J’ai passé une heure et quart dans une clinique récemment et comme je n’ai pas de cellulaire, que j’avais rien à tricoter et que j’avais oublié mon livre, j’ai observé. J’ai observé de loin la secrétaire. Une espèce de reportage sociologique/secrétaire/sa réalité.
Après une heure et quart d’observation, je peux vous assurer que même avec une offre salariale de 400 000$, je refuserais sa job. Je commencerais mon shift à 8h00 et à 8h20 t’entendrais mes pneus crisser dans le parking trop hâtive de quitter ce monde, cette microsociété qu’ est le monde des cliniques.
De retour à mon observation : de un dans une clinique le téléphone arrête jamais de sonner, jamais. Pas jamais, JAMA. De plus, les gens qui attendent en ligne pour s’enregistrer, confirmer leur présence ou porter leur test d’urine deviennent momentanément analphabètes. Eh oui, c’est un phénomène social rare que je n’avais jamais observé avant : deux patients sur trois ignorent totalement la pancarte écrit « attendez ici que l’on vous appelle » et passent devant, incapables de la voir ou de la lire. Ainsi, ils dépassent «les faibles»: un patient sur trois qui eux, savent encore lire. Évidemment, je ne fais pas de sarcasme sur l’analphabétisme, ici on parle plutôt d’ignorance intentionnelle. Juste là, être la secrétaire et réaliser cela chaque jour ; i’m gone.
Non seulement ces gens-là dépassent, mais ils interrompent continuellement la secrétaire qui selon mes observations a répondu plus de 50 fois à ces gens « veuillez retourner dans la file s.v.p » sans perdre son sourire !!!
Rien à dire d’autres, merci, juste merci.
Il m’est arrivé de me sentir insultée lorsque j’appelle dans une clinique et qu’on me dit « clinique XX, un instant » sans que je ne puisse placer un mot… Maintenant je comprends, la secrétaire: elle survit. Elle survit au stress des lignes qui sonnent, de trois fax qui rentrent en même temps, de deux infirmières qui rentrent et qui donnent des directives et comme j’ai pu observer moi-même, au stress d’un médecin qui arrive de dehors encore le manteau sur le dos et qui sans dire bonjour l’interpelle sur un tel ou tel dossier sans merci ou sourire.
J’ai aussi remarqué que sur la vitre trouée épaisse qui fait une barrière entre la secrétaire et les patients il y a une autre petite pancarte ou est inscrit : « aucune violence verbale ou comportement agressif ne seront toléré ». Pourquoi les gens seraient agressifs avec elle ? La secrétaire est victime des procédures parfois archaïques (genre fax plutôt que courriels pour les références). La secrétaire n’y est pour rien, elle est la porte d’entrée et la personne qui facilitera vos rendez-vous et vos suivis. Peut-être est-ce les lourdeurs et les aberrations administratives qui donnent l’impression aux gens qu’ils peuvent s’impatienter auprès de ces secrétaires qui, on va se le dire, font la job de deux ou trois salariés !?
Observez les cliniques: ce sont des microsociétés fascinantes.
Apprenez à parler le secrétaire universel : dites merci, souriez et pardonnez-lui son soupir de temps en temps. Arrêtez-vous deux minutes et dites-lui merci de son efficacité; elle en sera touchée. Vous pouvez changer des journées vous aussi et vos résultats de tests d’urine vont arriver à la même heure. Nos oublié.e.s du service de santé les superhéros de l’administration : hommes, femmes, hôpitaux, GMF, cliniques, cabinets ; R-E-S-P-E-C-T.