Alors que la semaine « Le poids ? Sans commentaire! » vient tout juste de prendre fin (excellente initiative en passant), j’aurais deux ou trois choses à vous dire à ce sujet.
J’ai toujours été mince. Pis je ne compte plus le nombre de compliments que j’ai reçus à cause de ça dans ma vie. Comme si j’avais fait quelque chose de spécial pour être comme ça. Comme si j’avais du mérite. À l’inverse, quand j’étais petite, les enfants avec un surplus de poids se faisaient constamment surveiller et critiquer dans les partys de famille.
Au final, ces commentaires n’apportaient rien de bon à personne. Ils n’avaient pour résultat que de nous rendre beaucoup trop conscients de notre image, du regard des autres et de la nourriture qui entrait dans notre corps. Avec le recul, l’idée de faire subir une telle pression à des enfants m’horrifie autant qu’elle me brise le coeur.
Évidemment, je ne me rendais pas compte de tout ça étant petite. Quel enfant n’aime pas recevoir des compliments? Par contre, ce discours omniprésent un peu partout dans mon quotidien avait son effet insidieux sur ma façon de percevoir le poids et l’alimentation.
Mince égale bien. Grosse égale pas bien. L’équation était facile : si je me mets un jour à prendre du poids, ma valeur en tant que personne diminuera. Voilà ce qui se cachait derrière les belles paroles que j’entendais à chaque jour.
J’ai donc la chance de n’avoir jamais été complexée par mon poids. Du moins, c’est ce que je croyais, jusqu’à tout récemment. Je suis tombée enceinte en mars dernier et j’ai brusquement réalisé que mon rapport avec la bouffe et mon image était loin d’être aussi sain que j’aurais voulu le croire.
Il l’était, dans la mesure où mon corps fittait dans les normes de beauté que la société nous impose. Mais là, tout d’un coup, je ne fittais plus dans les standards et je me suis trouvée pas mal moins smatte.
Avant, j’étais sûre que je vivrais bien avec la prise de poids, normale et souhaitable, qui accompagne la grossesse. Mais dès les premières semaines, le chiffre sur la balance s’est mis à augmenter très vite, mon linge s’est mis à rapetisser et je me suis rendue compte que j’étais pas mal moins zen par rapport à mon poids, tout d’un coup.
C’est seulement à ce moment précis que j’ai réalisé que tous les compliments reçus depuis le début de ma vie avaient un effet double-tranchant.
Tout ceci m’a fait réaliser que je n’étais pas plus à l’abri qu’une autre personne et que dans le fond, c’était seulement parce que j’ai le privilège d’être mince que je ne me suis jamais souciée de ça. Heureusement, ma santé mentale n’en a pas trop souffert mais ça aurait pu être le cas pour d’autres et ça, c’est vraiment nul.
Quand je pense aux enfants de mon entourage, l’idée de dire « wow, t’es tellement mince » ou « tu devrais pas manger ça, attention à ta ligne » m’apparaît complètement inappropriée. Ce l’est autant pour un adulte. Bref, les commentaires sur le poids, je n’arrive pas à trouver une seule bonne raison pour se donner le droit d’en faire.