J’avoue en toute honnêteté ne jamais regarder de documentaires. A priori, ce n’est pas vraiment un genre qui m’interpelle. Cependant, suite à mes nouvelles études en cinéma, j’ai été amenée à me plonger une bonne fois pour toutes dans ce genre cinématographique et je me suis donné pour mission d’élargir le répertoire de films documentaires à mon actif.
Je ne sais pas, on dirait que, naturellement, je n’ai jamais été portée à regarder de documentaires. Je n’ai probablement pas regardé les bons, car j’ai beaucoup d’amis qui A-D-O-R-E-N-T ce genre cinématographique. Alors, je me suis lancée.
Je suis allée voir L’érotisme et le vieil âge, réalisé par Fernand Dansereau. Il s’agissait d’un sujet qui me semblait particulièrement intéressant puisqu’assez tabou et méconnu. Le documentaire prend la forme d’un mélange entre entrevues individuelles, entrevues de couple, entrevues de groupe, pensées du réalisateur et démonstration de la tendresse que ressentent les gens aînés dans leurs moments intimes. En effet, au travers de la discussion, des plans d’un couple de personnes âgées dans un moment de tendresse particulièrement intime ramènent le spectateur à la réalité. C’est bien beau d’en parler, mais le voir rend cette discussion plus concrète : au début, on est presque troublés, mais l’apparent amour qui lie les deux êtres rend le moment si beau que l’amour entre personnes plus âgées devient presque magnifique.
En général, ce qui ressort de la discussion, c’est que le désir de l’autre reste le même. Il est clair que les capacités physiques des deux personnes baissent avec l’âge, et c’est bien normal. Cependant, la sexualité ne cesse pas. Elle se transforme. La sensualité prend le relais et les deux partenaires découvrent alors de nouvelles zones érogènes ou de nouvelles façons de se faire plaisir. La jeunesse est souvent synonyme de la fusion des corps; la vieillesse correspond, elle, à la fusion des âmes.
D’autre part, la génération vieillissante que nous connaissons aujourd’hui a été, dans sa jeunesse, très dépendante de l’Église catholique. Cela se ressent dans la peur liée à la sexualité et dans le niveau d’expérience. En effet, le sexe était associé à la reproduction et était péché hors du mariage. Conséquemment, une sorte de libération des mœurs colore l’actuelle sexualité de cette génération qui expérimente plus de choses. Cet aspect du documentaire est, selon mon avis, rafraîchissant et permet de mieux comprendre cet essor sexuel que ressent la population âgée.
Autre élément positif : les entrevues se font directement face à la caméra, et cette adresse au public ajoute une sorte de confidentialité et d’aspect privé au film. Les plans sont lents, mais s’enchaînent avec aisance et fluidité.
Cependant, j’ai trouvé que la place de l’entrevue était un peu trop appuyée. Certes, les témoignages sont importants et filmer la sexualité directement aurait été à la limite de la pornographie. Pourtant, pour une fille qui ne regarde pas beaucoup de documentaires, je dois reconnaître avoir trouvé le film un peu long malgré ses 83 minutes.
Néanmoins, l’idée de recueillir des témoignages de personnalités connues permettait en quelque sorte de concrétiser cet érotisme omniprésent, puisque l’habitude de ces visages nous met la réalité en pleine face.
Somme toute, le documentaire est bien réalisé et visuellement intéressant. Il dépeint une réalité méconnue et en apprend beaucoup au spectateur qui, inconsciemment, n’a jamais associé érotisme et vieil âge. Par contre, en tant que néophyte de ce genre cinématographique, je conseillerais aux gens qui désirent s’initier aux documentaires de commencer par regarder de grands chefs-d’œuvre cinématographiques, puis de regarder L’érotisme et le vieil âge. Sa lenteur tout en douceur peut en quelque sorte décourager les moins motivés. Vous serez prévenus.
(Sachez toutefois qu’il existe un nombre important de chefs-d’œuvre documentaires. Je vais essayer cet été d’en regarder plusieurs et de vous revenir avec mes préférés !)