Avocate de formation, Sarah-Maude Belleville-Chenard a occupé le poste de chargée de projet dans le dossier visant à faire reconnaître l’île d’Anticosti au patrimoine mondial de l’UNESCO. De mi-septembre à mi-décembre 2016, elle a vécu le quotidien des habitants de la région et a préparé un cahier de candidature que la municipalité a ensuite transmis au gouvernement fédéral canadien. Entrevue avec une jeune femme de 26 ans inspirante qui carbure à l’aventure plutôt qu’aux hydrocarbures.
1. Qu’est-ce qui t’as attirée, initialement, dans ce projet ? Pourquoi as-tu décidé de déposer ta candidature pour le poste de chargée de projet ?
L’été dernier, j’ai vu passer, dans journal Le Devoir, un article qui mentionnait que la municipalité d’Anticosti cherchait un chargé ou une chargée de projet pour monter leur dossier de candidature à l’UNESCO.
Je me suis dit que ça avait l’air cool, que c’était différent comme projet. J’étais revenue depuis peu d’Haïti et le goût de l’aventure m’a interpellée de nouveau. Je cherchais de nouveaux projets et je regardais des offres d’emploi à Montréal, mais je ne trouvais rien qui m’inspirait vraiment.
En tant que tel, je n’ai pas vu l’offre d’emploi formelle. Je l’ai cherchée sur Internet, mais je ne l’ai pas trouvée. J’ai par la suite contacté directement la municipalité d’Anticosti pour avoir plus d’informations et pour savoir si le poste était toujours ouvert. Ils m’ont dit que oui, alors j’ai décidé de déposer ma candidature !
2. La municipalité d’Anticosti a reçu plus de 70 candidatures pour le poste. Selon toi, qu’est-ce qui a fait pencher la balance en ta faveur au final ?
C’est vrai qu’ils ont reçu beaucoup de candidatures. Je sais qu’ils cherchaient quelqu’un de junior et surtout quelqu’un qui allait vivre 3 mois à Anticosti afin de vraiment se plonger dans leur réalité quotidienne. Autrement dit, ils ne voulaient pas une firme ou un individu qui allait travailler à distance et faire quelques visites sur l’île par-ci par-là.
Le fait que j’ai vécu 6 mois en Haïti leur a démontré que j’étais prête à m’installer là-bas pendant toute la durée du projet.
Le fait que je suis avocate et que je possède aussi une maîtrise en droit autochtone a aussi joué en ma faveur selon moi, puisque les Innus étaient partenaires dans le projet.
3. Est-ce que c’était la première fois que tu visitais l’île d’Anticosti ?
Oui, c’était effectivement la première fois que je mettais le pied dans cette région. Je peux te confirmer que ce n’est définitivement pas la dernière fois cependant. J’espère pouvoir y retourner très bientôt !
4. Quelle a été ta première impression de l’endroit ?
Ma première impression a été qu’il y a des chevreuils partout ! Ce que j’ai retenu d’Anticosti cependant, c’est surtout le côté paisible et l’aspect « petite communauté » de l’endroit. C’est spécial, parce que tout le monde se connaît, tout le monde se dit bonjour. Tu te sens vraiment exister. C’est 17 fois la taille de Montréal, mais avec environ 200 personnes qui y vivent. Tu as la paix, tu peux être tranquille.
Quand je suis revenue à Montréal, ça m’a fait un choc parce qu’il n’y a pas de contact visuel vraiment ici, chacun est dans sa bulle.
On est aussi constamment assaillis par la publicité au quotidien, alors que là-bas, il n’y en a pratiquement pas.
5. Combien de personnes ont travaillé sur ce projet ?
J’étais la seule présente sur l’île en tout temps pendant le projet. Toutefois, nous avons eu beaucoup d’aide extérieure. Plusieurs experts et organisations ont travaillé avec nous (par exemple, un expert géologue de l’Université d’Ottawa, la Chaire UNESCO de l’Université de Montréal, l’organisme Nature Québec, etc.).
À chaque semaine, des gens m’envoyaient des courriels pour offrir leurs services et leur aide. Des gens qui avaient visité la région et qui étaient tombés en amour avec l’île d’Anticosti, qui voulaient la protéger et la faire découvrir aux autres.
Dans le cadre de mon travail, je servais de courroie de transmission entre tous les intervenants.
6. Est-ce qu’il y a beaucoup de tourisme à Anticosti ?
En fait, la majorité du tourisme a trait à la chasse et à la pêche dans les différentes pourvoiries situées sur l’île. C’est le moteur principal de leur économie. Pour ce qui est du tourisme de villégiature, il n’y en n’a pas énormément. Mais l’île a un très beau potentiel à ce niveau ! Et le projet UNESCO vise aussi à développer un tourisme responsable.
Un des gros problèmes d’Anticosti actuellement se situe au niveau du transport. Ce n’est pas facile de se rendre dans cette région. Tu peux te rendre en bateau, mais il y un seul aller-retour par semaine et le trajet dure environ 10 heures.
Sinon, il faut se rendre par avion, mais il n’y a pas de vol direct et c’est dispendieux. On parle d’environ 900 $ pour l’aller seulement (à moins de trouver un vol moins cher avec une pourvoirie locale) !
7. Vu ton jeune âge, te sentais-tu intimidée initialement face à l’ampleur du projet ? Avais-tu un peu le syndrome de l’imposteur ?
C’est sûr que j’étais un peu intimidée initialement. J’ai justement la fâcheuse habitude d’avoir le syndrome de l’imposteur. Je suis une jeune femme de 26 ans qui arrivait là et qui était en charge d’un gros projet. On m’appelait même parfois la « p’tite » (rires).
Il demeure que je suis allée là-bas en me disant que j’allais prendre ma place et que c’était à moi d’aller vers les gens et d’être ouverte à discuter avec tout le monde.
Ça s’est bien fait, je me suis bien intégrée, et ce, rapidement.
8. Quels critères sont considérés par l’UNESCO dans leur analyse ?
C’est une analyse au cas par cas, mais le site ou le lieu que l’on veut protéger doit être d’une valeur exceptionnelle et universelle. Celui-ci n’a pas besoin d’être menacé ou en péril. En fait, c’est mieux s’il ne l’est pas, car il doit être intègre et authentique.
En tout, il y a 10 critères de sélection et le site doit répondre à au moins un de ces critères.
Pour Anticosti, nous avons axé la candidature sur 4 critères en particulier : 2 critères « naturels » et 2 critères « culturels ».
Au niveau naturel, on a misé sur l’aspect géologique de l’endroit, puisqu’Anticosti est un site qui, de par sa géologie, est un exemple éminemment représentatif des grands stades de l’histoire de la Terre. On a aussi misé sur l’aspect géomorphologique, puisque c’est un site d’une beauté naturelle exceptionnelle. C’est un vaste territoire où se côtoient de multiples types de paysages (canyons, rivières à saumons, etc.).
Au niveau culturel, nous avons premièrement mis de l’avant l’influence de l’humain sur la nature du territoire. Le cerf de Virginie a été introduit sur l’île par Henri Menier vers la fin du XIXe ou le début du XXe siècle, ce qui a complètement changé le paysage du territoire. Aujourd’hui, il y a plus de 120 000 cerfs de Virginie sur l’île. Il faut gérer le territoire, et les gens d’Anticosti ont développé des manières de gérer le cheptel avec le gouvernement du Québec.
Le deuxième volet culturel sur lequel nous avons misé est relié aux traditions orales et aux récits qui ont été écrits au sujet d’Anticosti. C’est un ancien territoire de chasse à l’ours noir pour les Innus de la Côte et il y a aussi eu plus de 450 naufrages autour de l’île. En effet, il y a une plateforme rocheuse autour d’Anticosti et, quand on est à marée haute, on ne la voit pas ! Donc plusieurs bateaux se sont échoués au fil du temps et il y plusieurs épaves que l’on peut observer encore aujourd’hui. Plusieurs auteurs ont écrit sur ces naufrages.
9. Combien de nouveaux sites patrimoniaux sont acceptés par l’UNESCO chaque année ?
Par année, je ne sais pas, mais je sais qu’actuellement il y en a plus de 1 000 [NDLR : Il y en a exactement 1 052 à l’heure actuelle, répartis dans 165 États. Parmi ceux-là, 55 sont considérés « en péril ».]
10. Quel est le rôle du gouvernement fédéral dans tout ce processus ?
La Ministre McKenna [NDLR : la ministre de l’Environnement et du Changement climatique] a lancé un appel à tous les Canadiens en août 2016 afin qu’ils proposent des sites ou des lieux qui seront ensuite défendus par le Canada devant le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Un comité d’experts a été formé pour analyser les candidatures soumises et, au final, dix (10) d’entre elles vont être sélectionnées et placées sur ce qu’on appelle la Liste indicative canadienne pour le patrimoine mondial. On connaîtra l’identité des 10 sites en décembre 2017.
Cette liste était fermée depuis 12 ans (les conservateurs n’étaient pas très friands d’environnement disons !).
La dernière fois que la liste a été ouverte, le gouvernement fédéral a reçu plus de 200 candidatures.
Je sais que le Fjord du Saguenay et Arvida ont déposé leur candidature cette année. Les Îles-de-la-Madeleine parlaient de le faire aussi initialement, mais finalement cela ne s’est pas concrétisé.
Une fois sur la Liste indicative, il faut monter un plan de gestion du territoire détaillé avec tous les intervenants impliqués (les autochtones, les pourvoiries, le gouvernement du Québec, la communauté locale, etc.).
Anticosti aurait 10 ans pour présenter son dossier à l’UNESCO (c’est le délai maximal fixé par Parcs Canada). Je sais que la municipalité pense que ce serait réalisable de présenter le dossier dans un délai de 2 ans s’ils embauchent une personne à temps plein pour travailler sur le plan de gestion.
Le Canada présentera un maximum de 2 candidatures par année à l’UNESCO, en fonction des candidatures qui seront finalisées et prêtes à être soumises.
11. Le 25 janvier dernier, le gouvernement Couillard a donné son appui au projet. À quel point cet appui étai-il important pour la candidature d’Anticosti ?
C’était primordial, puisque le gouvernement du Québec est le propriétaire foncier de l’île. Aussi, compte tenu des relations fédéral-provincial, le gouvernement fédéral ne s’engagerait probablement pas dans une démarche qui irait à l’encontre d’une province. En général, l’UNESCO évite toute situation politiquement conflictuelle.
12. Comment les habitants de la région réagissent-ils face à ce projet ? Face aux explorations pétrolières ?
Avec toutes les discussions entourant le projet pétrolier sur l’île, il y a eu une division importante au sein de la population malheureusement. Là-bas, j’ai eu l’impression que la communauté a été vraiment scindée en deux clans : ceux qui étaient en faveur du projet pétrolier et ceux qui étaient contre. Beaucoup de personnes craignaient de se retrouver dans un parc national où il n’y aurait rien à faire et où tout développement industriel serait mal vu, ce qui n’est pas du tout notre intention !
Mon défi, c’était d’arriver là-bas et de réussir à faire embarquer tout le monde ! C’est un projet rassembleur qui pourrait être extrêmement bénéfique pour l’ensemble de la communauté.
Je pense sincèrement que ça a fonctionné. J’ai rencontré plein de personnes et elles ont pu me poser toutes leurs questions. À chaque deux semaines, je faisais une chronique à la radio communautaire pour les informer de l’avancement du projet. C’était très important que la personne en charge du projet soit là-bas en permanence et qu’elle vive leur réalité. Au final, la grande majorité des gens ont embarqué et étaient très enthousiastes. Quand le gouvernement du Québec a donné son appui, ils étaient super heureux !
13. Est-ce que tu as eu à discuter avec les compagnies pétrolières ?
Non, pas une seule fois. La candidature d’Anticosti pour le patrimoine mondial de l’UNESCO et les explorations pétrolières sont deux dossiers distincts.
14. Que se passera-t-il avec les explorations pétrolières si Anticosti obtient la nomination UNESCO ?
Je ne suis pas au courant de tout, car je ne travaillais pas sur le dossier pétrolier. Les explorations n’ont pas encore débuté. Selon ce que je sais cependant, tout est installé et Petrolia prévoit commencer l’exploration ce printemps.
Selon plusieurs personnes, notamment des géologues, il est évident qu’il ne faut pas qu’ils fassent de fracturation hydraulique [NDLR : Une dislocation ciblée de formations géologiques peu perméables au moyen de l’injection, sous très haute pression, d’un fluide destiné à fissurer et microfissurer la roche.] Le sol d’Anticosti est très friable et, s’il y avait une fuite, ce serait catastrophique pour les rivières et le fleuve.
Si Anticosti obtient la désignation « patrimoine mondial » de l’UNESCO, je crois qu’il sera très difficile de faire de l’exploitation pétrolière sur le territoire, en raison du risque très élevé de compromettre l’environnement de l’île.
Toutefois, je dois mentionner que la désignation de l’UNESCO n’empêche pas pour autant toute forme de développement industriel. Il faut simplement que le développement industriel n’affecte pas la valeur exceptionnelle du site.
15. Est-ce que la désignation « patrimoine mondial » de l’UNESCO a des avantages pratiques si incroyables ? Ou est-ce que sa valeur est plutôt symbolique ?
La désignation « patrimoine mondial » de l’UNESCO apporte vraiment une plus-value à mon avis. Ça aide premièrement énormément le tourisme, car plus de personnes entendent parler du site et veulent aller le visiter.
Il existe également un fonds du patrimoine mondial. Si un site désigné est en danger, on peut injecter de l’argent pour aider à le protéger et à le préserver.
La désignation force également le gouvernement et les différents acteurs locaux à respecter les engagements qu’ils ont pris durant le processus. On s’engage à protéger ce site.
Dans le cas d’Anticosti, ce serait un magnifique véhicule pour permettre à la municipalité de réaliser ses projets et lui donner les moyens de ses ambitions. Ça augmenterait le tourisme et ça permettrait de mieux développer les transports et les infrastructures.
16. Si la candidature d’Anticosti n’est pas retenue, est-ce qu’il y aurait possibilité de retenter le coup une autre fois ?
Bien que la désignation « patrimoine mondial » soit la reconnaissance la plus prestigieuse, il existe d’autres possibilités pour être reconnu par l’UNESCO, par exemple la catégorie des « Géoparcs mondiaux ».
Il faudrait surtout voir si les habitants d’Anticosti sont intéressés et prêts à se lancer de nouveau dans un processus du genre.
17. Sur une autre note : Donald Trump au pouvoir, ça annonce quoi pour l’environnement ?
Tu me poses vraiment cette question ? (rires)
Honnêtement, je vois du positif dans tout cela malgré tout. Je vois la résistance s’organiser à tous les niveaux. J’espère que les gens vont se réveiller et que ça aura l’effet d’un électrochoc. J’ai espoir !
18. Qu’as-tu trouvé le plus difficile dans toute cette aventure ?
Le fait de n’avoir aucun contrôle sur la décision du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial. Il n’y a aucune garantie de succès dans tout ce projet et c’est stressant. J’ai fait mon travail du mieux que j’ai pu et puis, pour le reste, on se croise les doigts !
19. Tu as travaillé en Haïti auparavant pour Avocats Sans Frontières. Est-ce qu’un travail à Montréal dans un bureau est inimaginable pour toi ?
Bonne question ! (rires) C’est une question que je me pose en ce moment, mais il faut que je l’essaie pour le savoir je crois.
Mon contrat est terminé avec Anticosti, mais si leur candidature est retenue sur la Liste indicative du gouvernement fédéral, il y aurait peut-être une possibilité de retourner travailler là-bas. On saura si Anticosti est sur la Liste indicative en décembre 2017 seulement. C’est donc dur de prédire où je serai rendue à ce moment-là.
20. Qu’est-ce qui t’attend en 2017 au niveau professionnel ?
J’ai fait une demande d’admission au doctorat à l’Université McGill pour me garder des portes ouvertes. Je serais intéressée à aborder le pluralisme juridique. J’ai été très inspirée lors de mon séjour en Haïti.
Sinon, je regarde aussi pour des opportunités d’emploi ou de projets à Montréal. En droit des Autochtones peut-être !
21. Tu mentionnais tout à l’heure que la désignation « patrimoine mondial » de l’UNESCO signifierait une hausse du tourisme dans la région. Est-ce qu’Anticosti serait prête à répondre adéquatement à la demande ?
C’est sûr qu’une désignation comme celle-là augmenterait énormément la visibilité de la région et entraînerait une hausse du tourisme.
Actuellement, il y a environ 200 habitants à Anticosti, mais l’île est immense en termes de superficie. C’est 17 fois la grosseur de Montréal.
Actuellement, il n’y a pas beaucoup d’offre de transport sur l’île. À part Port-Menier, les routes ne sont pas asphaltées et les pierres sont très friables donc elles percent facilement les pneus. Tu ne te promènes pas en Honda Civic disons ! (rires) Ça te prend un pick-up et des pneus de rechange plutôt !
Au niveau de l’hébergement, c’est aussi limité. Cependant, il y a trois grosses pourvoiries sur l’île qui sont déjà prêtes à accueillir des gens.
Il n’y a pas d’offre de transport en ce moment, parce qu’il n’y a tout simplement pas assez de gens et de visiteurs. Le transport va se développer si le tourisme est en hausse.
C’est évident qu’une augmentation fulgurante du tourisme pourrait être dommageable pour Anticosti, mais il y a une solution pour empêcher cela. Il faut contrôler de façon intelligente le tourisme et mettre de l’avant un tourisme écoresponsable.
Ultimement, si Anticosti est sur la Liste indicative du gouvernement fédéral, il y aura un plan de gestion très complet et détaillé à préparer. Dans ce plan, il faudra expliquer comment on pense contrôler le tourisme, ce qu’on va interdire, etc.
22. Montréal évoquait dernièrement la possibilité de présenter la candidature du mont Royal pour la désignation « patrimoine mondial » de l’UNESCO. Qu’en penses-tu ?
Je ne suis pas au courant du dossier, mais je suis un peu sceptique sur un élément en particulier. Pour être reconnu patrimoine mondial de l’UNESCO, il faut que le site ou le lieu soit encore intègre. C’est une considération importante dans une candidature. À première vue, j’ai mes doutes sur l’intégrité du mont Royal je dirais.
23. En terminant, je pars à Anticosti, tu me conseilles quoi comme activités ?
Tu dois absolument te louer un pick-up, partir à l’aventure et aller camper à différents endroits sur l’île.
Mes endroits préférés : l’Anse-aux-Fraises et la baie de la Tour.
Si tu y vas en automne, je te conseille également d’accompagner un des nombreux chasseurs de l’île dans le cadre d’une expédition de chasse. Pour eux, c’est un mode de vie et c’est assez spécial de pouvoir les suivre à toutes les étapes, de la chasse à la table !