Cette décision a été prise spontanément et elle n’était absolument pas préméditée, quoique j’avais déjà pris conscience du nombre d’heures que j’y passais. Bien entendu, j’ai gagné BEAUCOUP de temps, ce qui n’a pas été une surprise. En tant que blogueuse et ex rédac’ en chef, je peux vous dire que j’ai été submergée pendant 2 ans par l’effervescence des médias sociaux et du monde du blog, presque jusqu’à en avoir la nausée.
À quoi m’a servi de ne pas utiliser les médias sociaux pendant 30 jours? À de grandes révélations ou bien l’évidence d’une utopie pour une génération connectée jusque dans les veines?
J’ai lu sur le phénomène FOMO (Fear Of Missing Out) un mal bien spécial de notre ère et ça m’a fait réfléchir. Je savais que le monde n’arrêtait pas de tourner, mais j’ai surtout compris que ma vie à moi n’est pas bonifiée de savoir que ce font des centaines d’amis, connaissances virtuelles et autres inconnus. J’ai passé les 30 derniers jours à ne pas voir toutes les nouvelles de l’heure, commentées par tous mes amis. Trente jours à ne pas savoir qui fêtait son anniversaire ou à lire les articles de mes blogs préférés. Je n’ai pas su non plus, qui est tombée enceinte ou qui a accouché. Je n’ai pas eu vent des opinions de tous et chacun sur le speech de Madonna à la marche des femmes, aux États-Unis.
Par contre, j’ai passé du temps à avoir des nouvelles de moi-même, j’ai eu beaucoup de moments en tête à tête avec moi même : à l’arrêt d’autobus, dans ma chambre le soir ou en attendant le métro. Partout où avant je prenais mon téléphone et j’allais voir mes fils de discussion Facebook, Instagram et Twitter. J’ai fait de belles choses pour me retrouver, j’ai continué la méditation, à l’image de ma nuit du premier janvier. Parce que oui, l’année 2017, je l’ai commencée en méditant dès les premières minutes. Je vais le redire : la méditation est un puissant outil de transformation, mais aussi de présence à soi-même, dans le maintenant.
Au début, j’avais le réflexe de quand même prendre mon téléphone, sauf que mes yeux cherchaient en vain les petits icônes tant connus. J’ai quand même gardé Messenger parce que mes proches communiquent régulièrement avec moi de cette manière et le but n’était pas de me couper de toute communication extérieure, mais bien de ne pas être noyée sous un flux d’informations continues, en temps réel, pertinentes ou non.
L’une des premières choses à laquelle j’ai dû m’adapter, c’était tout le temps libre que j’avais. Moi, quand j’ai du temps libre, j’ai le cerveau en mode hyperactif. Les premiers jours, je me suis mis à me rappeler tout ce que je j’accomplissais avant et que je disais ne plus pouvoir faire par manque de temps. Bien sûr, j’ai toujours pensé que c’était à cause du travail, du dodo, des amis, du transport… Sauf que, non! J’en ai du temps pour lire, j’en ai du temps pour écouter des documentaires, j’ai aussi du temps pour des bains beaucoup trop long et des marches sans destination. Ici, je vous confie ma perception, mais je suis certaine de ne pas être la seule. Nous vivons à l’ère de l’information et le cerveau humain est sollicité comme jamais il ne l’a été dans l’histoire de l’humanité. Les médias sociaux nous absorbent comme un trou noir et on a beau être des adultes brillants et allumés, on se fait prendre au piège.
Pis toi, c’est quand que t’as pris un break? Un vrai là. À regarder dans le vide, à réfléchir et vivre le moment présent avec toi-même. Avec cette pause, j’ai ri parce que c’était comme si j’avais été prise en otage et que j’avais appris à louanger mon kidnappeur. Syndrome de Stockholm version Web? J’exagère, mais à peine. Je sais qu’on est tous responsables de ce qu’on fait de notre temps et que d’être connecté sur les réseaux sociaux ne signifie pas que nous sommes des automates qui ne réfléchissent plus autrement qu’en statuts partagés avec le reste de la planète et en likes qui valident nos opinions et notre identité.
Je me demande : l’individu ne se perd-il pas un peu dans la pluralité inévitable de ces interactions ou au contraire, la valorisation que l’individu y trouve exacerbe plutôt son besoin d’être un être bien distinct de la masse, loin du sentiment de collectivité d’il y a à peine quelques décennies?J’en ai eu du temps pour réfléchir han?
Une autre chose qui a été flagrante pour moi, c’est que mes sources d’informations étaient parfois le résultat de ma paresse intellectuelle. Je l’avoue, c’était bien plus facile d’ouvrir Facebook ou Twitter quand quelque chose de majeur se déroulait dans le monde. C’est de ma faute, j’en suis consciente et il existe des gens qui prennent le temps de chercher l’information sur différentes sources et qui la valident. C’est entre autres à cause de quelqu’un qui me l’a fait remarquer lors des derniers mois quand la Syrie était le sujet chaud sur les médias sociaux que j’ai eu cette prise de conscience. C’est comme si j’avais oublié la rigueur et que de contre-valider les faits n’était plus nécessaire parce qu’une majorité de gens diffusaient la même informations. WRONG! Sans les médias sociaux, ça m’est revenu en plein visage. J’ai honte! C’est promis, j’ai compris.
Finalement, je me rend compte que les médias sociaux sont au cœur de notre société moderne. Qu’ils peuvent être un magnifique outil d’information et de partage, qu’ils peuvent soulever des masses et faire une différence, mais ils sont aussi à double tranchant et peuvent donner l’impression d’une forme d’activisme ou de prise de position, alors que bien souvent, les actions qui en résultent ne sont pas concrètes. Ils permettent aussi parfois de véhiculer des données erronées ou manipulées. Soyons prudents, car les médias sociaux sont tombés dans la mire de bien des publicistes, gouvernements et autres chefs de fils en image de marque ou publique. Ne soyons pas dupes et surtout essayons de décrocher de ces applications, tantôt fun, tantôt un brin abrutissantes aussi.
C’est février. Après un mois sans médias sociaux, on fait un mois sans alcool? Même pas peur. Go!