Coco Rocha, mannequin international et érudite de la mode a un parcours impressionnant.
Depuis 14 ans. elle travaille pour tous les grands magazines et griffes de mode et son visage est parmi les plus connus à travers le monde. En plus de son travail de mannequin, Coco a sa propre collection de vêtements, CO+CO, elle est également la directrice de marque de l’agence de mannequins Nomad dont elle est copropriétaire avec son mari et partenaire, James Conran. De plus, Coco est l’auteure d’un livre, «The Study of Pose». La nouvelle maman originaire de Vancouver ne chôme pas!
À l’occasion de sa participation en tant qu’ambassadrice et collaboratrice créative chez Rockland et de son passage à Montréal pour le Banquet organisé en cet honneur, j’ai eu la chance de m’entretenir avec elle et de discuter de diversité corporelle, un sujet qui la touche beaucoup et pour lequel elle se bat constamment.
B.M
Vous faites carrière comme mannequin depuis plusieurs années. Au fil des ans, avez-vous remarqué une évolution de la diversité corporelle dans l’industrie de la mode?
C.R
Je crois que quand j’ai débuté dans le milieu. je faisais partie d’une génération qui était très «interchangeable». Nous nous ressemblions toutes et personne ne connaissait notre nom. C’est les médias sociaux qui ont changé l’industrie parce que maintenant, les gens se disent « j’aime bien cette fille et je veux qu’elle fasse partie de toutes mes campagnes » plutôt que d’une seule et l’échanger pour une autre un peu plus tard. Je crois que maintenant, grâce aux médias sociaux, la voix des lecteurs et des consommateurs a permis de remettre les choses en perspective dans l’industrie. Est-ce que c’est assez? Probablement pas, mais on y arrive. Est-ce que c’est ce dont nous rêvons? Probablement pas. Est-ce que ce sera parfait? Non, parce que rien n’est parfait.
Je crois que nous devons seulement continuer d’aller dans la bonne direction. On doit arrêter de bodyshamer les filles plus fortes comme on doit arrêter de le faire pour les filles minces. Il ne faut pas mettre de côté certains types de corps simplement parce que nous voulons voir de la diversité. Maintenant, on voit une femme marcher sur la passerelle et on entend dire « ça c’est une vraie femme » parce qu’elle a des courbes. Aux dernières nouvelle, je suis une vraie femme aussi! J’ai eu une petite fille à qui j’ai donné naissance. Ce n’est pas juste si on décide d’opter pour des traitements différents selon chaque type de corps. Il ne faut pas idolâtrer un type de corps et mettre tous les autres de côté. Il faut être prudent avec notre langage et la façon dont on écrit les choses. Les médias ont un rôle important afin de s’assurer que tout est exprimé de façon juste et bien sûr les designers, stylistes, photographes, etc. se doivent de présenter une diversité à leur public, sinon tout devient ennuyeux!
B.M
Au début de votre carrière, avez-vous fait face à plusieurs préjugés sur votre corps, comme vous êtes très mince?
C.R
Oui, mais c’était dans les deux sens. Il y a des moments où j’étais trop mince, trop grosse et d’autres où j’étais trop blanche, j’avais de trop grosses dents. Ce genre de situation arrive tout le temps. Comme je disais, aucun mannequin n’est parfait pour tous les clients. Quand on est jeune, on déteste ces situations parce qu’on veut être parfaite pour tout le monde. En vieillissant, on réalise beaucoup de choses et on s’en fout! C’est au contraire une bonne chose de ne pas être parfait pour tout le monde parce que ça permet à l’industrie de se diversifier. Si tout le monde était « parfait » et se ressemblait, il en serait de même pour l’industrie. Certaines mannequins font toutes les campagnes et tous les défilés et puis tout d’un coup, elles disparaissent et on ne les revoit plus,. Quand on voit différents types de mannequins et différentes générations, comme dans la campagne de Sephora avec Carmen dell’Orefice et Sasha Pivovarova jusqu’aux Ashley Graham de ce monde. Je crois que c’est le plus grand moment de la diversité dans l’industrie de la mode. Chacune de ces femmes a atteint un moment dans leur carrière où elle était trop petite, trop grande, trop grosse ou trop mince. C’est à nous de gérer le tout et de faire ressortir le positif de tout cela et de mettre de l’avant ce qu’on a. Il ne faut pas tout garder en dedans et en vouloir au monde entier parce qu’on ne fait que se blesser. Nous avons tous été blessées à un certain point dans notre carrière. Il faut être prudent dans la façon d’exprimer certaines choses. On se croirait parfois de retour à l’école primaire où il faut rappeler aux enfants de ne pas intimider les autres, d’être gentils avec eux, etc. Les critiques positives sont toujours les bienvenues.
B.M
Vous êtes désormais l’heureuse maman d’une petite fille. Si elle vous annonçait, dans quelques années, qu’elle souhaite être mannequin, quelle serait votre réaction? Que lui donneriez-vous comme conseils?
C.R
Si ma fille souhaite être mannequin, c’est certain qu’elle peut. Je parcours le monde pour encourager des filles à devenir mannequin et je dirais non à ma fille? Ce ne serait pas logique. Si elle souhaite devenir mannequin, elle aura sans aucun doute son père et sa mère qui seront ses super agents! Je voudrais simplement qu’elle s’amuse et je voudrais m’assurer que tout va bien pour elle et qu’elle fait les bons choix. J’ai l’impression par contre qu’elle ne suivra pas les traces de sa mère! Elle va surement faire quelque chose qui est tout le contraire, comme une avocate! Dans tous les cas, je vais toujours être à l’aise avec ses décisions et je vais toujours la supporter.
B.M
Vous êtes désormais directrice de marque et mentor pour les mannequins chez NOMAD Management. Comment aimez-vous ce nouveau rôle?
C.R
Les gens ne le savent peut-être pas, mais je vais souvent dans les agences et j’entraîne les mannequins pour les défilés, pour les séances photos et je réponds à leurs questions face à l’industrie, à la comptabilité et aux avocats. À un certain point je me suis dit, pourquoi ne pas m’impliquer à fond dans une agence? Comme agence nous faisons ce que souhaitent les mannequins. Veulent-elles un agent en Allemagne? Veulent-ils que je leur trouve un emploi en Chine? Je vais faire les démarches pour elles en parcourant mes contacts et je vais faire avancer les choses pour elles. On s’assoit avec les filles une à une. On ne leur dit pas: « hey voici ton contrat, tu ne sais pas combien tu es payée et tu n’as rien à dire ». On leur parle et si la mannequin veut travailler avec un client X, je vais aller de l’avant et voir si ce client veut travailler avec mon mannequin. On veut vraiment que les filles aient leur mot à dire. Quand je demande à une fille quel est ton but dans l’industrie, je n’aime pas me faire répondre : « je veux juste avoir un contrat ». Je veux entendre des choses comme: « je veux être la meilleure sur la passerelle », « je veux jouer dans un film » ou « je veux être avocate ».
B.M
Vous cherchez donc des filles avec des buts et des ambitions autres que simplement avoir le plus de contrats possible?
C.R
Oui, même si ce sont des buts simples comme terminer un roman ou finir des études en médecine. Ces filles peuvent utiliser leur carrière de mannequin de mille et une façon pour atteindre leurs objectifs. C’est pourquoi quand une fille me dit: « je veux un contrat avec tel designer » je lui dis OK, mais encore? J’aime quand les filles sont motivées et qu’elles peuvent utiliser cette carrière pour se mettre de l’avant. Nous sommes là pour les aider. Nous cherchons toujours des filles intelligentes et qui veulent avancer dans la vie.
Dans le cadre des ambassadeurs Rockland, Coco Rocha s’est fait offrir le rôle de collaboratrice créative. Je lui ai demandé comment se déroulait la collaboration jusqu’à présent et si elle aimait son expérience.
C.R
C’est génial! Je viens souvent à Montréal et davantage maintenant! Je crois que je suis venue trois fois dans les derniers mois. L’équipe est super et elle me permet de faire des choses concrètes en tant qu’ambassadrice. On s’assoit tous ensemble et je peux m’exprimer et mettre mes idées de l’avant. Ils font tout pour rendre cette expérience agréable. C’est génial et ce continuera de l’être!
La top modèle a affirmé avoir un coup de coeur pour la boutique Marie Saint-Pierre ainsi que la boutique Rudsak, deux entreprises québécoises. Je lui ai donc demandé ce qui l’avait attirée vers ces deux boutique s:
C.R
Pour Marie Saint-Pierre, c’est la structure, les lignes, etc. C’est comme de l’art sur des vêtements! On peut littéralement prendre ses pièces, les mettre sur un support et les exposer dans notre maison en tant qu’oeuvres d’art. Je trouve ça fantastique. Pour Rudsak, je dois dire que j’étais toujours à la recherche d’un bon manteau, mais lorsqu’il fait -15, on doit choisir entre le confort ou le look et je déteste cela. Rudsak a réussi à créer un mélange parfait entre ces deux critères. C’est seulement en arrivant à Rockland que j’ai découvert ces deux compagnies et j’ai bien hâte d’en apprendre davantage et d’en voir plus! Je connais quelques designers de Vancouver, mais moins de Montréal et c’est génial de les découvrir.
Avant de conclure l’entrevue avec Coco Rocha, je lui ai demandé quels étaient ses 3 essentiels pour l’hiver (parce qu’on ne pourrait pas se passer des conseils d’une si grande fashionnista!)
C.R
Ouf! C’est une dure question! J’ai ces superbes bottes en caoutchouc de Melissa, elles sont très décoratives avec des roses noires. Je dirais aussi un manteau oversized de tout genre sous lequel je peux mettre mille et une couche et finalement. mon sac à couches! Mon sauveur ces derniers temps! Le problème, c’est que ces sacs sont designés pour les enfants, ils sont donc roses fluo avec des étoiles et je me dis, mais ce n’est pas le bébé qui transporte le sac, c’est la mère! Je dis tout le temps à mes amis designers qu’ils devraient créer des sacs pour les mères afin d’éviter d’avoir un look tout en noir avec un sac à motifs de Disney!
Pour en apprendre davantage sur Coco Rocha et sur sa collaboration avec Rockland, je vous invite à visiter le site web du Centre Rockland. Découvrez aussi les 2 autres ambassadeurs de Rockland, Jérôme Ferrer et Geneviève Borne!
Je vous laisse sur quelques images du Banquet Rockland. Une soirée magnifique en compagnie des 3 ambassadeurs. Un repas orchestré par le chef Jérôme Ferrer, une ambiance musicale concoctée par Geneviève Borne et un défilé diversifié mis en place par Coco Rocha. Une soirée exceptionnelle et hors du commun! Le centre à le vent dans les voiles et nous avons hâte de voir ce qu’ils nous réservent pour l’année 2017!
Photos par: Florin Gabor
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