En 1979, en Islande, on retrouve le cadavre d’un homme dans un lagon quasi-désert. Les eaux opaques et la boue qui caractérisent cette étendue d’eau ont aussi la propriété de brouiller les traces et les indices. Le corps de l’homme porte toutefois plusieurs marques de blessure. Après quelques recherches, on découvre qu’il s’agit d’un Américain employé à la base militaire américaine de Keflavik. Les enquêteurs Erlendur et Marion se penchent sur cette affaire. Cependant, ils doivent demander la collaboration des Américains afin d’obtenir les autorisations et les informations nécessaires à leur enquête. C’est loin de faciliter le processus.
En plus de son travail sur cette enquête, Erlendur s’intéresse à une disparition non élucidée datant de vingt-cinq ans. En 1954, une jeune femme à peine sortie de l’adolescence, Dagbjört, partit un matin pour ses cours à l’École ménagère et ne revint jamais. Erlendur s’attarde donc à ses anciennes fréquentations, ses amours et revient sur les lieux afin de remplir les cases restées blanches. À cette époque, l’Islande vivait encore de nombreuses restrictions d’après-guerre et les moeurs conservateurs favorisaient les cachotteries. L’enquêteur tente malgré tout de faire ressortir la vérité derrière cette histoire, même si de nombreux proches et témoins sont décédés.
Dans le roman Le lagon noir de Arnaldur Indridason, on retrouve ces récits qui se construisent séparément et dévoilent un pays nordique renfermé sur lui-même. Se déroulant à une période où les technologies informatiques étaient inexistantes, ces enquêtes se forment autour des rencontres et des confrontations face-à-face. Indridason intègre très bien le contexte historique et géographique dans les chapitres. On apprend énormément sur le pays et l’époque. Cela ajoute crédibilité et intérêt au déroulement.
Les personnages principaux, Erlendur et Marion, en dévoilent peu sur eux-mêmes, mais s’attardent longuement à chaque détail du processus d’enquête. L’auteur développe à peine sur la vie personnelle des enquêteurs. Cela contribue à recentrer l’attention sur les meurtres, certes, mais mieux connaître les protagonistes m’aurait permis de plus accrocher au roman.
Malgré l’intérêt de ces deux histoires au sein du même roman, leur cohabitation les empêche de se développer assez pour passionner. Indridason bâtit une intrigue bien ficelée autour des mystères de l’armée américaine en Islande, mais termine par une fin quelque peu prévisible. Le personnage de Dagbjört me passionnait davantage, mais de plus nombreux retours dans le passé et décortications des personnages auraient construit un meilleur suspense. En bref, je n’ai pas connu le thriller que j’avais espéré avec ma lecture du roman Le Lagon noir, mais ma curiosité a tout de même été piquée par l’écriture et la maîtrise historique de cet auteur islandais.
Bonne lecture!
Le Lagon noir, Arnaldur Indridason, Éditions Métailié, 320 pages, 32,95$.
Amélie Lacroix Maccabée
L’image à la une provient du site www.editions-metailie.com