Ce n’aurait pas été mon premier réflexe d’écrire à propose de la mort de Bowie puisque j’éprouve un certain malaise quant à la façon dont on exploite ce genre d’événement sur les réseaux sociaux. Les photos d’hommage et les statuts « R.I.P » me donnent parfois l’impression qu’elles ont été choisies par certains individus dans le but s’attirer des « likes » et des « shares ». Quand il y mort d’homme, le « like » me semble un peu… Vulgaire ? Peu importe, il reste que je suis là à écrire à propos de celui qui a longtemps été mon idole, mon modèle, mon étoile et mon starman. Un peu pour faire mon propre deuil… Je suppose… Parce que, parfois, un « post »Instagram, ce n’est pas assez pour s’en remettre.
Comme des milliers de personnes avant moi, j’ai succombé aux charmes rebelles de Bowie à l’aube de mon adolescence. Je dois ce premier coup de foudre à BazLuhrmann, réalisateur de la comédie musicaleMoulin Rouge. Le film débute par une interprétation de Nature Boy par David Bowie et s’en était assez pour me séduire.Je me suis très vite procuré le Best Of Bowie qui, depuis 2005, fait partie de mes albums les plus écoutés sur Itunes. Nourrissant ainsi mes envies de rébellion bohême et de romantisme prépubère, la musique de Bowie est devenue une religion, un culte, quelque chose de mythique.
Par le temps que je troque l’école primaire pour l’école secondaire, je me nourrissais principalement de musique des années 70 et de films des années 80. Je finis par tomber, sur ce qui allait être mon film préféré pour les années à suivre, le Breakfast Club .Au même titre que Moulin Rouge, ce long métrage débutait avec un peu de David Bowie. Pas par une chanson cette fois-ci, mais par une citation :
« And thesechildrenthatyouspit on
As theytry to change theirworlds
Are immune to your consultations
They’requiteaware of whatthey’regoingthrough »
Changes, David Bowie
En ces quelques vers, Bowie résumait parfaitement les 2 heures du Breakfast Club, mais surtout les 4-5 ans d’adolescence que l’on doit tous péniblement vivre tôt ou tard.
Oui, le génie de David Bowie sommeille dans sa capacité à décrire ce sentiment, à la fois, las, désabusé et naïf que plusieurs adolescents éprouvent en vers ce monde dans lequel ils vivent, un monde imposé, dicté par des adultes complètement aveuglés par le déni. Malgré le fait qu’il soit née 47 ans avant moi, le discours de celui qui incarnait Ziggy Stardust était beaucoup plus moderne que ce qui s’enregistrait dans les studios de Los Angeles durant mon adolescence.
Homosexualité, bisexualité, androgénie.Le chanteur britannique a été un des premiers qui ont refusés de se soumettre à la case très restreinte de « l’homme hétérosexuelle ». Avec ces nombreuses couches de mascara et une aventure présumée avec Mick Jagger, Bowie était très en avance sur son temps et je crois pouvoir dire qu’il est encore en avance sur le notre aussi.
Bref, ça va me prendre plus qu’un update de ma photo de couverture pour faire mon deuil.