Quand on s’intéresse aux enjeux féministes, aux études de genres ou aux questions reliées aux LGBT, les Éditions du remue-ménage sont à connaître absolument. Regarder leur catalogue de parutions est une excellente manière de s’assurer d’allonger sa liste de livres à lire. Récemment, j’ai lu deux de leurs publications: Les mémoires lesbiennes et La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker.
Line Chamberland est une doctorante en sociologie et féministe donnant des cours en études gaies et lesbiennes. Dans son essai Mémoires Lesbiennes, elle s’applique à démystifier la manière dont des lesbiennes de trois générations différentes ont vécu leur homosexualité à Montréal lors des années 1950 et 1960. Pour cela, elle a interviewé un échantillon de 24 femmes de divers milieux. Elle explique qu’au moment de ses recherches, très peu d’ouvrages documentaient les vies des lesbiennes de cette époque. Des rencontres face à face lui ont donc permis de recueillir de nombreux témoignages pertinents. À chaque chapitre, elle se penche sur un sujet distinct pour mieux mettre en contexte les déclarations de ces femmes. L’auteure couvre tous les aspects importants de leurs vies, que ce soit le contrôle judiciaire, le contrôle religieux, le milieu familial et professionnel ou l’identité. En mettant en parallèle des informations historiques sur les moeurs, les valeurs, les lois ou les médias de l’époque avec les extraits des entrevues, on obtient un portrait large et assez complet de ce que pouvait être le quotidien d’une lesbienne en 1950 ou 1960.
En 2016, l’homosexualité féminine reste un sujet délicat dans plusieurs familles et un objet de débats et de luttes à travers le monde. Le mariage pour tous ne fut légalisé dans tous les états américains que l’an dernier. Encore aujourd’hui, de jeunes gais et lesbiennes se font persécuter dans les classes ou dans les rues. Il est donc clair que pour assumer son homosexualité dans les années 1950-1960, il fallait avoir beaucoup de cran et être prête à subir maintes épreuves. Dans ma lecture de cet essai bien documenté, j’ai beaucoup appris. J’ai été choquée et fascinée de prendre conscience de tout le chemin parcouru en 60 ans dans l’acceptation des différentes orientations et identités sexuelles.
Mis à part le texte de Chamberland et les témoignages, de nombreux éléments ont capté mon attention dans Mémoires lesbiennes ; les tableaux clairs et quantitatifs, une liste d’œuvres littéraires et cinématographiques reliées aux questions lesbiennes, un glossaire explicatif d’expressions utilisées par les femmes dans le livre, une bibliographie ainsi que des notes en bas de page. Ce contenu additionnel rend cet ouvrage pertinent malgré le fait qu’il a été publié il y a 20 ans. Il arrive qu’il devienne quelque peu répétitif dans certains chapitres, mais cela ne lui enlève en rien son intérêt.
En bref, si vous désirez en apprendre davantage sur l’histoire des lesbiennes à Montréal, je vous recommande fortement la lecture de l’essai de Line Chamberland.
Mémoires lesbiennes, Line Chamberland, Éditions du remue-ménage, 1996, 288 pages, 22,95$.
Vous pouvez acheter les livres des Éditions du remue-ménage directement sur leur site Web. L’image à la une provient également de ce site.
Vous pouvez également lire ma critique du livre ; La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker, sur Boucle Magazine.
Connaissez-vous les Éditions du remue-ménage?
Amélie Lacroix Maccabée