Ce soir, je suis un peu fâchée, un peu triste et surtout, un peu perplexe et pour une fois, incertaine sur le fait de mettre en mots ce que je ressens sur la haine entre les femmes, la haine tout court. Jasmin Roy décrit celle dans nos écoles mais qu’en est-il de celle entre nous en général?
Je m’explique: cela fait plusieurs fois que je lis des articles que j’ai trouvés désobligeants, des articles sur ces femmes d’affaires qui OSENT, les vilaines, nous montrer parfois les dessous de leur vie, ces Marilou, Mimi Thorisson et autres blogueuses du même acabit.
Qu’ont-elles en commun? Leur marketing léché et leurs plateformes de médias sociaux servant à montrer certains moments de leur quotidien. Dans ces articles négatifs que j’ai lus dans les journaux, on y critiquait ces femmes qui affichaient une vie ‘’impossible’’ à atteindre, une vie qui culpabilisait les autres femmes et surtout les complexait. Voyons donc. On en est rendu là? Après s’être bitchées et critiquées à l’école, après la compétition sur le milieu de travail et les jugements entre mères, on en est à décrier des gens qui ont réussi et qui partagent des petits bouts de leur vie parce qu’elles nous font sentir mal?
Wow (applaudissements au ralenti.) Ben oui, on le sait qu’elles choisissent ce qu’elles mettent sur Instagram et Facebook, mais qui ne le fait pas? Détestez-vous votre voisine parce qu’elle est partie en voyage cet automne et pas vous? Détestez-vous votre amie qui prend en photo un superbe repas qu’elle a fait entre amis et que vous avez décidé de manger un pogo? Au lieu d’encourager, de les voir comme une inspiration (ou pas, je suis très consciente que ce n’est pas une image qui convient à tous ou qui rejoint tout le monde) et de les respecter, on les pointe du doigt parce qu’elles nous donnent supposément de fausses idées sur la vie.
Je sais pas pour vous, mais moi, je suis capable de voir au-delà de ça, de ne pas me comparer, parce qu’à quoi bon? Chacun sa vie, ses choix. Je me dis aussi qu’elles n’ont pas nécessairement envie de partager leurs mauvaises journées et leurs coups de blues, comme la majorité d’entre nous d’ailleurs. De ne pas tout partager n’empêche pas qu’elles doivent en avoir des journées de marde. Qui a envie de montrer un bad hair day? Ça ne veut pas dire que ça n’existe pas et qu’on devrait en avoir honte mais elles ont aussi le droit de contrôler leur image, de par leur marketing justement. Ce sont des femmes d’affaires, pas juste des personnalités publiques. A-t-on déjà reproché à Ricardo de forcer les hommes au retour à la cuisine, de ne pas montrer ses défauts ou de montrer une image trop parfaite de ses plats? Nop.
Ce sont des femmes d’affaires, des mères et des cuisinières. Des femmes tout simplement. On peut ne pas les envier sans leur enlever leurs efforts, sans avoir besoin de les rabaisser. À quel point doit-on se sentir mal avec soi-même pour en vouloir aux autres? Si vous vous sentez si mal en voyant des gens heureux sur des photos, vous devriez peut-être revoir vos choix ou priorités.
Comme je l’ai déjà dit, on n’est pas obligés de les louanger. J’espère quand même que rendu en 2015, on peut se soutenir entre filles même si on ne se ressemble pas toutes et qu’on peut arrêter de descendre celles qui choisissent une autre voie que la notre. Au pire, le bouton pour arrêter de suivre quelqu’un sur les médias sociaux n’est jamais bien loin.