Lorsqu’on m’a proposé de lire Pardonne-moi, Leonard Peacock de Matthew Quick, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. En effet, ce roman est l’oeuvre d’un auteur qui m’était inconnu jusqu’alors, mais qui avait écrit The Silver Linings Playbook, ayant inspiré le film du même titre. J’avais adoré ce film pour son ton cru et son réalisme sur les relations interpersonnelles, sans la barbe à papa habituelle d’Hollywood. De plus, son regard sans jugement sur la maladie mentale m’avait touché. Bref, en commençant Pardonne-moi, Leonard Peacock, j’avais un préjugé favorable.
Ce roman narre donc l’histoire de Leonard Peacock, un jeune homme de 18 ans terminant son secondaire aux États-Unis. Sa mère se fiche de lui et son père est absent. Il déteste ses collègues de classe et l’école en général, mis à part un cours. Il n’arrive pas à voir son avenir sous un jour positif. La seule option qui lui semble possible est de tuer son ennemi juré et d’ensuite se suicider. Son plan est établi et sa décision est irrévocable. Dans cette oeuvre, il raconte son ultime journée sur Terre avant de pouvoir être libéré de son calvaire.
La lecture de ce livre m’a laissé un sentiment d’ambivalence. Tout d’abord, je déconseille fortement à tout lecteur ou lectrice québécoise de lire ce roman en version française. Pourquoi? La traduction est abominable. Vraiment. Il m’arrive souvent de lire des versions traduites de livres originellement écrits en anglais sans ressentir d’agacement, car ils sont traduits en français international. Ce n’est pas le cas de ce roman. La traduction semble avoir été élaborée uniquement pour les Européens, car chaque page est remplie d’expressions extrêmement typiques de la langue orale des Français. Cela fait en sorte qu’une Québécoise comme moi ne comprend pas un grand nombre de mots dans ce livre. C’est agaçant. De plus, le roman est parsemé de nombreuses notes en bas de page , des réflexions plus ou moins pertinentes de Leonard Peacock, le personnage principal et narrateur. Certaines apportent de la substance à ce qu’il raconte, mais elles sont parfois longues et déconcentrent du récit.
Toutefois, j’ai apprécié plusieurs réflexions de Leonard sur la vie, la mort, les relations et l’adolescence. Par son discours exempt de censure, Leonard m’a amenée à me questionner sur mes valeurs et sur mes priorités personnelles. Sa difficulté à se faire des amis de son âge le pousse à faire des rencontres étonnantes. Ces dernières lui font remettre en doute ses certitudes et ses préjugés. Les personnages qui entourent l’adolescent sont originaux et intéressants, tout particulièrement son ami Walt, un vieux grognon alcoolique.
Tout le roman est écrit du point de vue de Leonard Peacock, à une exception. Des « Lettres du futur» opèrent en effet des coupures au sein de l’histoire. Ces lettres pleines d’espoir font davantage de sens au fur et à mesure qu’on avance la lecture du livre. Elles constituent un exercice d’introspection du personnage de Leonard, mais aussi une méthode de réflexion sur soi-même que je songe à essayer.
Bref, malgré quelques lacunes, je suggère tout de même la lecture de ce roman à condition de le lire en anglais.
Pardonne-moi , Leonard Peacock de Matthew Quick,Paris Éditions Robert Laffont, 2015, 315 pages.
Amélie Lacroix Maccabée
L’image à la une provient du site: www.moody-takeabook.com