Des mots lancés, déboulés, vomis. Mais jamais de trop. C’est ce que le poète/slameur/auteur David Goudreault a offert à une modeste foule composée d’enfants, de familles, couples et autres curieux amateurs des mots samedi après-midi, à la bibliothèque Saint-Henri. L’activité s’inscrivait dans le cadre du festival Montréal joue. Pendant plus d’une heure, David nous a bercé de ses slams, poèmes et tranches de vie au goût de succès et d’efforts. L’ironie même, c’était d’écouter un homme parler à voix haute de ce qu’il pense tout bas, dans une bibliothèque de quartier, là où règne d’ordinaire le silence. Ses mots ont déplacé de l’air, et en ont sûrement inspiré plusieurs (moi la première).
La séance débute avec un slam, récipiendaire de plusieurs claps. S’enchaîne ensuite le parcours atypique d’un jeune originaire de Sherbrooke au bord du décrochage, mais qui savait créer des images fortes, mais macabres et haineuses, par le biais du rap. Ses mots violents étaient jadis ceux qui lui permettaient l’Exutoire. Il ne fallait qu’une professeure de français porte un peu d’attention à ses textes pour découvrir l’ampleur de son talent. C’est le début d’une carrière pour David, qui persévère dans l’écriture avec l’aide de son père. Il défile de soirées d’improvisation poétiques à lauréat du titre de « Meilleur slameur du monde », en 2011, après avoir remporté la Coupe du Monde de slam poésie, compétition mettant à l’honneur des slameurs des quatre coins du globe, de langues d’origine variées. Depuis, il enchaîne recueils de poésie, albums et, prochainement, un roman. Le titre? La bête à sa mère. Le lancement montréalais aura lieu le 30 avril prochain, au bar Les pas sages.
Je vous laisse avec un poème tiré de son recueil S’édenter la chienne, emprunté après ma rencontre avec cet homme inspirant pour quiconque raffole des mots.
De l’abondance de toi
Plus rare qu’un skater qui land ses tricks
Qu’un boucher végétalien
Plus rare qu’une nudiste hassidique
Qu’un miroir dans la réflexion d’une chick
Plus rare qu’une esthéticienne en burqa
Qu’une punk bien épilée
Plus rare qu’un tatouage original
Qu’un tribal qui vieillit bien
Fascinante comme une mafia
Tu fais disparaître mon corps
Apparaître ma vie
Organisatrice de combat de patates
En cages thoraciques
Tout et toutes à la fois
Tu dois comprendre que t’es rare
Pour suivre David sur le Web, c’est par en bas.