3 frères, 3 univers, 3 solitudes qui cherchent à reprendre contact après des années de distances. Pourquoi? Le mariage d’un d’entre eux. En vérité? Revenir sur les évènements lointains de l’accident mortel de leur père. Mais après tant de silence, de non dits et de « jasage » vides de sens, l’échange véridique est devenu un exercice ardu, voir périlleux entre les protagonistes. Ils ne font que s’entrechoquer dans leurs tentatives, chacun ayant une vision de l’événement qu’il tente de protéger. Pour cela, il est préférable de parler de tout et de rien, mais surtout du rien.
Alors débute une danse, la gigue de l’évitement, où ils tournent en rond. Parfois avec adresse et acrobatie, à d’autres moments avec gaucherie et désynchronisée. Mais en rond. Tout le temps en rond. Tel des condamnés devant revenir au même lieu, au même moment, à l’événement tragique tabou. Jusqu’au moment où, sous cette pression constante, la vérité éclate et vienne briser les personnages. Reproches et dénis, cris et bagarres, douleurs et soulagement.
Le Chemin des passes-dangereuses est une adaptation en danse-théâtre de la pièce de Michel-Marc Bouchard, mise en scène et chorégraphiée par Menka Nagrani. Il s’agit d’un spectacle québécois dans touts les aspects de la pièce: gigue contemporaine, chants des aïeux et langue de la terre, du joual. Ici, le français normatif habituellement présent au théâtre est absent. Magnifiquement interprété par Arnaud Gloutnez, Félix Monette-Dubeau et Dominic St-Laurent qui ont su révéler l’immense richesse de la danse traditionnelle.