Il y a deux ans, j’ai eu le plaisir de mettre en place La Semaine « Le poids? Sans commentaire! » dans le cadre de mes fonctions à Anorexie et Boulimie Québec, en collaboration avec ÉquiLibre. Au fil du temps, mon travail m’a amené à m’apercevoir que le poids fait constamment l’objet de discussions dans notre société; qu’il s’agisse du poids d’une actrice à la télévision, de celui d’un gars dans nos cours, d’un collègue ou encore (et même plus souvent) de notre propre poids.
Combien de temps accordons-nous dans une journée, et même dans une vie, à parler du poids ou de méthodes de perte de poids? Pardon, je reformule : combien PERDONS-nous de temps à parler de poids?
Il y a des sujets de discussion tellement plus intéressants que ce fameux nombre. Combien de fois, alors que je savourais un divin dessert, m’a-t-on adressé ces phrases : « On ira marcher tantôt! Va falloir que je recommence l’entraînement avec ça! C’est pour manger ça que je m’entraîne. » Peut-on avoir la paix?! Est-on constamment obligé de tenter de se justifier ou de se culpabiliser quant à notre poids ou ce que l’on mange, et ce, en groupe? Le poids est-il vraiment un sujet d’intérêt public au point d’en faire les manchettes : « Cet acteur a perdu x nombre de livres. Voici les secrets de son régime. »
Les gens sont beaucoup plus qu’un chiffre. Jamais je ne féliciterai une amie pour une perte de poids. Pour moi, ça ne change pas la personne qu’elle est. Il y a des points vraiment plus pertinents sur lesquels encourager et souligner les efforts d’une personne, comme ses réalisations académiques et professionnelles. Même s’ils se veulent positifs, de tels commentaires quant à une perte de poids pourraient avoir un effet pervers. Sous-entendre que la personne est mieux ainsi. L’encourager, sans le vouloir, à avoir recours à des méthodes drastiques de perte de poids pour obtenir encore plus de résultats. Malheureusement, et je ne vous apprendrai sans doute rien, il arrive souvent que l’on voit des personnes aux prises avec un trouble alimentaire qui se sont fait féliciter pour leur perte de poids, dans les premiers temps. Ces commentaires les ont ainsi encouragé à poursuivre sur cette voie, qui est devenue de plus en plus malsaine.
La perte de poids, une fausse promesse de bonheur?
Comme la majorité d’entre vous, oui, il m’arrive parfois d’être insatisfaite de mon corps, de le déprécier devant le miroir ou de vouloir le changer. Connaissez-vous seulement une personne qui a une relation parfaite avec la nourriture et son corps? Nous sommes tous, à un degré différent, touchés par le sujet. Dans les moments où je me mets à douter de moi, je m’arrête et me questionne à savoir ce que m’apporterait la fameuse perte de poids désirée. Mon constat : RIEN. Je suis heureuse et je ne le serai pas plus avec quelques livres en moins. J’ai un emploi, des amis, un amoureux et une famille qui me comblent. Je croque à pleine dents dans la vie. Je mange ce qui me plaît et quand je le veux. Je cuisine, je trouve plaisir à découvrir de nouveaux aliments ou à essayer de nouveaux restaurants.
Une semaine sans parler de poids, relèverez-vous le défi?
Cette semaine, je vous invite à réfléchir à l’importance qu’occupe le poids dans vos conversations, mais aussi dans votre tête; le discours interne est tout aussi important. Commencez par tenter de ne pas parler de poids, au minimum, pour la semaine. Qui sait? À force d’exercices, peut-être serez-vous en mesure comme Bernard Lavallée, Le nutritionniste urbain, de ne plus en parler du tout!
Bonne semaine « Le poids? Sans commentaire », *
Votre bouclette gourmande (et responsable du volet éducation et prévention à ANEB ;)), Mélanie Guénette-Robert
Twitter: @m_guenette
* La semaine « Le poids? Sans commentaire » a lieu, cette année, du 10 au 14 novembre 2014.
Crédits photo: ÉquiLibre