Ce soir, j’ai eu la chance d’assister à l’événement Monsieur Aneb, événement créé en collaboration avec Aneb Québec et Monsieur Phoenix afin de récolter des sous. Résultat? Une belle soirée avec 8500$ d’amassés pour Aneb. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un organisme qui a pour mission de venir en aide à tous ceux touchés par un trouble alimentaire. La soirée était complète : défilé avec des mannequins de toutes tailles, mais surtout, de toute beauté, cocktail et prestation musicale.
PS: C’est devenu chaud pendant les enchères!
Il ne faut cependant pas mettre de côté le but premier de cette soirée : les troubles alimentaires, encore un sujet tabou et avec, malheureusement, des ressources parfois limitées. Aneb Québec change les données chaque année. J’aimerais dire un gros bravo à tous ceux qui ont participé à cette belle initiative!
D’ailleurs, le nœud papillon créé en l’honneur de cette soirée (sous le nom de monsieur Aneb, bien sûr) sera en vente pendant 1 an, avec tous les profits qui iront à Aneb Québec.
Vers la fin de l’été, j’ai pu m’entretenir avec Félix Antoine Tremblay au sujet de sa compagnie, Monsieur Phoenix, entreprise québécoise d’accessoires pour hommes (mais parfois pour femmes aussi!).
Voici ce qui est ressorti de notre discussion :
Q: Comment ton entreprise Monsieur Phoenix a-t-elle commencé?
R: C’est assez drôle, au début j’étais gêné d’en parler et finalement il n’y a rien de gênant.
Cet hiver, quand « Alors on jase » a été coupé et qu’il y avait moins d’argent, j’ai décidé de partir quelque chose de mon côté. J’ai toujours voulu avoir une petite compagnie, étant comédien, et j’ai toujours eu l’intention de me trouver un sideline qui a du bon sang, que je puisse gérer de chez nous et qui me permette d’être mon propre boss. J’ai toujours aimé la direction artistique et j’essayais de trouver quelque chose pour combiner ça. Quand c’était moins occupé et que j’avais moins de job, je me suis dit que c’était peut être le meilleur moment pour mettre ça de l’avant et essayer de ne pas focuser sur le négatif et de ce qui va moins bien, de me fixer un objectif.
J’ai décidé de me lancer et je ne savais même pas que j’allais faire des nœuds papillons! En fait c’est juste que je me suis dit que je voulais une compagnie qui allait offrir un service, un produit. J’ai brainstormé, pensé à tout ça et, à un moment donné, j’ai eu l’idée des nœuds et je me suis dit « Ben oui! » C’est pas compliqué à faire, pas compliqué à entreposer, je peux faire ça de la maison et ça amène tout le coté créatif dont j’avais envie avec les photos, le site internet. Tout ce que j’aime est là, la DA est là. Le jour même où j’ai eu mon idée, j’ai été acheter les tissus, j’ai tout fait. Je me suis forcé à le faire, à aller de l’avant, même si je n’avais pas confiance en moi parce que je ne suis pas designer, ni styliste et que je n’ai pas la prétention de l’être non plus.
Q: D’ailleurs, je crois que tu travailles seulement avec une couturière?
R: Fait main, processus simple, c’est tout moi qui ai choisi les tissus, puis la couturière est une de mes amies, parce que le but c’est aussi de m’entourer de gens que j’aime. Il s’agit de Laurence Paillette, vraiment excellente pour les détails, ce qui donne un produit de qualité personnalisé fait à la main. Ça allait de soit que je travaille avec elle et effectivement le produit est vraiment à mon goût.
Q: Pour t’inspirer pour les tissus, est-ce que tu y vas avec tes goûts du moment ou bien fais-tu des recherches?
R: Je fais des recherches! Je suis un gars qui aime beaucoup la mode en partant. Au quotidien, je consulte des revues, je suis sur les blogues, je regarde la télé et des films. Je m’inspire vraiment des ambiances. C’est sûr que je n’ai pas étudié en mode, donc ma démarche est très naïve, mais c’est ca que j’aime aussi. Je n’essaie pas de présenter aux autres la mode. C’est vraiment des coups de cœur lorsque je vais dans les magasins de tissus. J’ai une opinion, des goûts, des feelings et j’essaie vraiment de m’inspirer de ça pour créer et c’est sûr que ça va rejoindre qui ça va rejoindre. Souvent, c’est plus neutre, plus simple, plus accessible, mais il y a aussi des tissus de rideaux. Il y a un trip à aller dans des matières qui ne sont pas nécessairement connues. Par exemple, le gars qui se marie ne va pas aller chercher son nœud chez H&M. Il doit se dire « hey je vais m’acheter un beau nœud spécial que je vais garder et qui va devenir quelque chose de précieux ».
Q: En plus, pour les hommes, c’est un peu la seule forme de bijoux, d’apparat.
R: Justement, au début je voulais seulement faire des nœuds papillon, mais je me suis protégé avec la marque je l’ai appelé Monsieur Phénix accessoires pour Gentleman, mais accessoires avec un « s ». Je me suis dit, si jamais j’ai d’autres idées, si jamais ça marche bien. Je n’avais pas d’idées de grandeur, j’y suis allé simple avec les nœuds papillons au départ. Finalement, je me rends compte que ça marche bien et qu’il y a une recrudescence de la mode et des nœuds papillon. Cinq mois après que la compagnie soit sortie, y’a des cravates qui vont sortir cet automne et des nœuds papillons personnalisés, parce que j’ai beaucoup de demandes sur Facebook.
Q: Est-ce que tu dirais que certains modèles sont faits dans une optique plus unisexe?
R: Oui tout à fait! À la base, le modèle que j’ai créé, parce que c’est toujours le même, je ne le voulais pas trop gros. D’abord, parce que je me dis je veux que ça aille rejoindre tout le monde. J’ai beaucoup de filles qui en achètent, surtout la collection de cet été avec des motifs fleuris et plus funky. Il y a même des filles qui le portent dans les cheveux comme serre-tête!
Q: Comment as-tu décidé de travailler avec Aneb Québec? Est-ce que c’est parce que la mission te touchait? Parce que tu avais envie de t’impliquer?
R: À la base, la mission me touchait. Ça a commencé avec Catherine Brunet, une de mes meilleures amies, qui est porte-parole depuis trois ans. J’accompagne Catherine dans tous les événements bénéfices entourant Aneb, en tant qu’ami. Au fil du temps, je me suis mis vraiment ami avec les gens d’Aneb, parce que je partage souvent leurs choses sur les réseaux sociaux et cela me touche aussi personnellement parce que ma mère a déjà souffert d’anorexie et de boulimie. À la base, ça n’a pas vraiment de lien avec Monsieur Phoenix, mais je me suis toujours intéressé à cet organisme-là: à son travail, à ses recherches, puis ça aide beaucoup ma mère. Elle est en région et il n’y a pas beaucoup de ressources et c’est encore tabou. Aujourd’hui, heureusement, ça a évolué et ca évolue encore. C’était une démarche totalement personnelle. En m’embarquant là-dedans, créer un événement, j’ai décidé d’y aller à fond. Je n’ai pas juste prêté mon nom et mes nœuds : c’est moi de A à Z, avec beaucoup d’aide de Mélanie Guénette, qui a rassemblé plusieurs personnalités québécoises de mon cercle proche et tout le monde a dit oui. J’ai une tribune exceptionnelle, alors si je peux m’en servir pour aider. Même si ça me prend du temps, je m’en fous. L’objectif, c’est de ramasser le plus de sous possible pour aider les gens qui n’ont pas de ressources. Ce n’est pas juste les filles, il y a les gars aussi et des gens de tous âges.
Q: C’est ça qui est intéressant aussi: une compagnie masculine qui s’implique auprès d’un organisme de troubles alimentaires. Peut-être que cela va ouvrir la porte aux hommes à se confier parce que j’ai l’impression que c’est encore plus tabou pour les hommes.
R: L’espèce de cliché de la fille de magazine, on le vit aussi nous les gars avec les hommes musclés. La souffrance est là quand même : le problème d’alimentation et l’espèce de TOC que les hommes doivent s’entraîner au gym pour avoir des abdos, des pectoraux, des fesses. On a le corps qu’on a. C’est sûr qu’on peut faire attention, bien manger et faire du sport. Il y a des moyens, mais il ne faut pas que ca devienne maladif ou de la privation. C’est sûr que tu vires fou d’un bord ou de l’autre.
J’ai décidé de créer Monsieur Aneb avec une couleur que je savais qui serait à la mode cet automne, parce qu’en plus d’être offert avec le billet pour l’événement, le nœud va être vendu pendant un an sur le site et les profits de ce nœud-là vont aller à l’organisation.
Q: Est-ce que tu crois que ça va grossir prochainement?
R: Je ne croyais pas qu’il y aurait cette réponse-là. Si je réussis à au moins rembourser mon investissement, ce serait bien. Oui, je pense à grossir. En même temps, je ne veux pas me mettre les pieds dans les plats et voir trop grand, mais je vois qu’il y a un intérêt. Pas certain que j’ai envie de m’embarquer dans la production de masse. Pour l’instant, je veux rester exclusif, que ça reste précieux et personnalisé. Ceci dit, je suis très ouvert, très à l’écoute de ce qui se passe et que je sais que je vais réussir à m’ajuster en conséquence.