Aujourd’hui, je suis nostalgique, ce qui m’arrive relativement souvent. J’aurais pu faire un top des sorties CDs de septembre, mais je me garde cela pour plus tard. Le fait est que j’avais envie de vous parler de quelque chose qui me tient à coeur et qui m’émeut. Oui ; j’aimerais vous écrire ma passion pour les objets musicaux (physiques). Excusez donc mon style éditorial (pour cette fois-ci).
Dans notre monde de fichiers mp3, de Grooveshark, Songza et autres YouTube, je trouve touchant que la génération hipster (haha…) s’attache aux choses concrètes quand il s’agit de musique. Par exemple, on voit une renaissance du marché du disque vinyle et des tables tournantes.
Cet avant-midi, en regardant mon amoureux déballer son vinyle de Gainsbourg avant d’y déposer l’aiguille de la table tournante, j’ai eu un petit moment d’émotion. La beauté du geste. La simplicité du moment. La qualité du son. Le fait d’écouter un album, du début à la fin, d’une face à l’autre, en entier… au lieu de passer distraitement d’une chanson à l’autre, d’un artiste à un autre, d’une liste d’écoute pré-fabriquée à une autre sans RÉELLEMENT prendre la peine d’écouter.
Lorsque j’étais adolescente et que je m’achetais des albums, un de mes plus grands plaisirs était la première écoute, où je pratiquais un rituel méticuleux. Retirer l’emballage avec soin, puis, écouter toutes les chansons dans l’ordre tout en lisant les paroles attentivement. Je m’imprégnais de la musique, de l’artiste, des vibrations dans le plancher. Plus qu’une simple écoute; c’était une véritable communion.
J’ai revécu le même rituel récemment, lors de la sortie de l’excellent Upside Down Mountain, de Conor Oberst (dont j’ai joint une chanson au début de mon article). C’est dingue, tout de même, cette impression de vivre quelque chose de tout à fait organique! La chair de poule que donnent certaines pistes, l’admiration devant la poésie des paroles… C’est un peu la même émotion que lorsque l’on ouvre un livre pour la première fois et que l’effluve des pages, neuves ou usagées, arrive à mes narines.
Oui, je consens à admettre que je sonne comme une freak. Mais, lorsque j’entends un ministre de la culture dire que les enfants ont déjà trop de livres dans les écoles (par exemple), je frissonne de peur. J’ai la phobie de la disparition des objets qui m’apportent tant de moments inoubliables, la phobie que mes (éventuels) enfants ne puissent jamais partager avec moi ces expériences précieuses. Moi, qui a eu la chance indescriptible de grandir dans un environnement où la culture était si présente. J’aimerais tellement pouvoir transmettre la beauté du son à quelqu’un.
Pour le moment, tout ce que je peux faire, très humblement, c’est d’écrire ceci, ici… en espérant que cela inspire quelqu’un, quelque part, à écouter un album du début à la fin, peu importe le médium.