Dans la vie, on a deux choix : être à contre-courant ou suivre le courant. Évidemment, ça se fait souvent naturellement et pas toujours consciemment. On incarne qui l’on est tout simplement et la société décide pour nous de quel côté on se range selon ses normes.
Ce matin, Marie-France Bazzo, décidait de naviguer à contre-courant en se maquillant et en faisant la promotion du maquillage alors que de nombreuses femmes en profitent aujourd’hui pour afficher leur beauté naturelle et osent se départir de leurs artifices dans le cadre de la journée sans maquillage. Oui, certaines le font peut-être uniquement pour la publicité qui en découle ou pour faire « beau », mais reste que peu importe la raison profonde pour laquelle une femme décide aujourd’hui de supporter la journée sans maquillage, elle participe à un mouvement noble à la base et plein de bonne volonté qui promeut la diversité, l’acceptation de soi, l’authenticité et l’intégrité.
Quand je suis tombée sur l’éditorial de Bazzo, je me suis sentie choquée de lire les mots totalement contradictoires qu’elle a rapidement balancés pour s’opposer au mouvement. Voici ce qu’on peut entendre et lire concernant son éditorial à l’émission de radio C’est pas trop tôt! :
« Je voudrais juste dire que le maquillage est une chose formidable, c’est une politesse qu’on fait à autrui, c’est un immense plaisir, c’est un jeu, c’est un moment à soi, pour soi; c’est une célébration, c’est une offrande qu’on fait aux autres… »
Elle ajoute même:
« […] c’est une béquille, c’est une assurance, c’est un boost , […] c’est une armure[…] c’est un geste de pouvoir […], c’est donner l’image de soi qu’on veut bien donner […]»
Chère Marie-France, tu me permettras de te tutoyer, car j’ai besoin de m’adresser à toi sans détour, le plus franchement possible.
Dans cet extrait que j’ai cité de ton éditorial, tu nommes exactement tout ce qui nous inquiète chez Boucle Magazine. Ce rapport ambigu, de quasi dépendance que certaines femmes entretiennent avec le maquillage à défaut d’avoir une estime d’elles-mêmes suffisamment ancrée et solide.
Tu nous affirmes haut et fort que le maquillage c’est une béquille, que c’est une façon de cacher certaines parties de nous, celles qu’on préfère ne pas montrer, mais c’est bien ce pourquoi on milite aujourd’hui. Pour apprendre à s’accepter avec nos boutons, nos poils, nos rides, mais aussi notre sourire, nos petits ou longs cils, nos lèvres plus ou moins pulpeuses, nos traits bien à nous! Parce que oui, personne n’est parfait et c’est ce qui nous rend tous uniques. L’ennui c’est que c’est une mission kamikaze, voire impossible, de s’accepter au naturel dans un monde où la norme est de cacher ses imperfections.
Non, on ne veut pas encourager la femme à se maquiller pour se trouver belle si cela l’empêche ensuite de se trouver belle au naturel et malheureusement, oui, cette réalité existe. Certaines femmes ne peuvent plus faire la part des choses et finissent par sentir qu’elles ne sont plus elles-mêmes une fois démaquillées, parce qu’elles sont si habituées de se voir « à leur meilleur » et qu’elles se trouvent trop ordinaires ou moches une fois naturelles. N’est-ce pas un fléau en soi que d’être prisonnier de ce qui devait être une célébration, un jeu? Toute dépendance, quelle qu’elle soit, n’est plus amusante même si, au départ, elle se voulait ludique, festive, joyeuse.
Si j’entends bien tes mots, Marie-France, tu me dis que de m’offrir au naturel aux autres est faire preuve de négligence, voire d’impolitesse? Je ne les gâte pas suffisamment peut-être? Pour moi, le mot béquille rime avec souffrance, que ce soit physique ou émotionnel, la béquille témoigne d’un appui essentiel et vital sans lequel on est incapable de fonctionner. Alors non, non je refuse de te laisser utiliser ces mots, sans y répondre, en banalisant l’impact social que peut avoir le maquillage sur certaines femmes.
En cette journée sans maquillage, je réitère, je lève mon poing en l’air comme l’aurait fait ma grand-mère et je dis NON. Je n’endosse pas ces mots qui sont plus dommageables qu’ils le paraissent. Non, je refuse d’encourager les femmes à se sentir mieux derrière un « masque ». Je leur souhaite de se trouver belles au réveil en se regardant dans le miroir, ensuite, qu’elles se maquillent à leur guise, pour être un tout petit plus brillante, ça me fera plaisir de leur dire, wow tu es différente aujourd’hui ça te va bien et non « ah aujourd’hui tu es différente, tu ne t’es pas maquillée.»
La liberté, c’est avoir le choix, et se maquiller quotidiennement pour fuir ce qui nous dérange dans le reflet de notre miroir, je n’appelle pas cela être libre!
BRAVO à toutes celles qui se maquillent:
- Par plaisir et non par dépendance.
- Quand elles en ont envie et non parce qu’elles se sentent obligées.
- Pour elles-mêmes et non pour que les autres les trouvent « acceptables ».
Soyons coquettes, soyons mignonnes, soyons femmes, oui, mais comme nous l’entendons, avec ou sans maquillage. Jamais dans l’obligation, voire l’obsession, d’être parfaites et d’afficher une version améliorée de soi. Soyons nous-mêmes. Un point, c’est tout.
Pour boucler la boucle
Être une femme, ce n’est ni être maquillée, ni ne pas l’être. C’est accepter sa féminité, telle quelle est, sans être hantée par cette idée qu’on serait mieux autrement.
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Voilà, on le fait si on en a envie ^^ Je comprend pas non plus celles qui sont complètement anti-maquillage. C’est comme tout le reste, tant qu’on reste dans la modération et l’exception, je vois pas le problème.Y’a un monde entre se mettre un peu de mascara et se peinturer un visage avec le highlighting et le contour (quoi que même ça, si c’est fait lors d’une occasion spécial comme un cosplay ou une séance de photo, je vois pas non plus le mal).
Le maquillage devrait jamais servir à cacher, mais plutôt à mettre en valeur. Ça devrait jamais être pour les autres. Quand mon chum me dit que j’suis belle j’ai pas de maquillage 80% du temps, mais je me maquille quand même quand je le vois, parce que je le vois les fins de semaine et que je me fais des maquillages plus complexes les fins de semaine, parce que j’ai plus du temps… et que j’adore ça! J’ai beaucoup de boutons mais je DÉTESTE la sensation d’avoir du fond de teint, alors je n’en met que lorsque je porte un maquillage plus intense, parce que bon, ça parait encore plus, surtout avec un maquillage foncé.
Aujourd’hui je me suis mise du mascara parce que j’en avais envie ^^ des fois j’en met pas parce que ça me tente tout simplement pas. Et puis, je vais dire comme un de mes artistes-maquilleurs préférés, à la fin de la journée, c’est JUSTE du maquillage, on l’enlève le soir, ça ne définit pas qui nous sommes.
Bravo Arielle! :) Tu es de celle qui n’est pas prisonnière du maquillage et de nos idéaux de beauté dans ce cas!
Je suis contre la journée sans maquillage parce qu’elle découle d’un gros coup de marketing dirigé par les compagnies même qui nous proposent à la tonne des images de femmes surfaites, de recommandations ou l’on se sont quasiment mal de ne pas se maquiller ou d’avoir quelques kilos en trop. Cette journée « spéciale » souligne seulement qu’il y plusieurs femmes avec encore des problèmes avec leur image… Elle n’apporte pas de solutions et vient même questionner plusieurs d’entre nous à savoir s’il est bien ou mal de porter du maquillage. Ce sont ceux qui l’ont initié qui se font des profits sur nos déceptions à propos de notre corps. Belle ironie…
Effectivement Isabelle, il y a encore énormément de femmes qui ont un lien trouble avec leur corps et leur estime d’elle-même et c’est la raison pour laquelle nous trouvons important d’encourager les gens à s’exposer sans artifices, spontanément. Cela donne tout d’abord un autre regard sur soi et les autres et je crois que de voir des artistes sans maquillage avec des yeux soudainement plus petits et un teint moins parfait remet un peu les choses en perspective et à tout le moins réenclenche une réflexion et un débat sur le sujet.
Cette journée ne change pas le monde, non, comme aucune autre journée de sensibilisation d’ailleurs, elle sert à se rappeler, à prendre conscience et à souligner une réalité existante simplement qui pour certaines cachent une souffrance. Il n’en tient qu’à nous de donner un sens plus profond à cette journée en l’utilisant comme un tremplin pour tout le reste de l’année et pas seulement pour 24h. Si on voyait des images comme ça plus souvent, notre regard sur la beauté ne serait probablement pas le même…tout comme notre souci d’être parfait, il s’estomperait probablement. Tapisser le monde, ne serait-ce qu’une journée, du changement que l’on souhaite voir en lui je pense que ça ne peut que nous influencer dans la bonne direction!
Bel article, merci. J’ai été outrée par les propos de Bazzo, surtout la suggestion qu’il serait ‘impoli’ d’oser se montrer sans maquillage, comme s’il était offensant pour les autres de voir une femme qui ose se montrer au naturel. J’ai cessé de me maquiller il y a bien des années et je pense que mon amoureux me trouve sincèrement plus belle sans. Pour moi, si hypocrisie il y a (et j’ai bien dit ‘si’), ce serait plutôt du côté du maquillage lui-même parce que, on va s’le dire, le maquillage, c’est de l’artifice…
Merci de votre appui! :)