La journée sans m’excuser!

Je ne sais pas si je vais pouvoir dénouer cet article tellement je me sens rongée par la culpabilité.

Hier, c’était la journée sans maquillage. Je ne veux pas en parler car plein d’autres l’ont fait. Tu vois bouclette, il est là mon problème : je suis coupable de ne pas avoir envie d’en parler. Je suis coupable d’avoir décidé de me prendre une journée de congé et d’avoir fouerré, simplement. Alors, oui, exactement, par défaut, j’ai participé à la journée sans maquillage. Sans maquillage, sans ongles faits, sans pédicure, sans douche, (j’y vais dès que je vous quitte, promis!), sans retour de courriel, sans but, sans avenir et, évidemment, sans paye!

Mais tu vois, ça ne m’adonnait pas du tout . « Tu vas mettre ton selfie sur Facebook demain Nadine? » « Non, je ne crois pas…» « Bien voyons! Fais-le au nom des femmes!» JE M’EXCUSE!!!

Hier, la journée sans maquillage, demain, ce sera la journée du gras de bras et ensuite quoi? La journée sans brassière? Et pourquoi pas? Si c’est le cas, plusieurs de mes voisines y participent quotidiennement! Elles sont in! Pas besoin de leur demander si cela les intéresse. Tout ce que je dis, c’est que la pression de prendre position est parfois essoufflante. Je suis moins militante, pas moins croyante…

Ce n’est pas que ça ne me touche pas, au contraire.  Je suis chez moi à me sentir coupable de ne pas être assez solidaire. Pourtant, j’appuie la cause. J’appuie beaucoup de causes, en silence, dans mon sous-sol. Je fais des spectacles-bénéfices chaque année (pas dans mon sous-sol!). J’ai participé à la marche Relais pour la vie et j’achète mon Itinéraire, malgré qu’il subit lui aussi les retombées de l’inflation! J’admets que, des fois, je l’achète parce que le pauvre yâble a l’air sympathique et que je me sens coupable de dire « non merci JE M’EXCUSE ! »

J’appuie aussi les causes masculines. Je m’efforce d’être une bonne citoyenne. Je paye mes taxes et mes contraventions et je réponds au téléphone à mes amies lorsqu’elles sont en crise existentielle. Je suis là. Je ne peux tout simplement pas toujours être là. Je ne suis pas la seule. Nous voudrions toutes être plus actives dans notre société.

Si j’étais une maman, je me sentirais mal de ne pas participer à la confection de gâteaux sans noix, sans gluten, sans œuf, (en passant, je n’ai pas besoin de radier tous ces éléments de mes gâteaux pour qu’ils soient durs comme de la roche) afin d’amasser des fonds pour le camp de jour. J’aurais plus de popularité à aller m’installer au coin de la rue avec les enfants, pour scander des slogans de vente. Ça, ça me ressemble.

C’est ce qui m’accroche dans les journées à causes. Tu devrais collaborer si ça te chante, pas parce que tu veux éviter de dire « JE M’EXCUSE ! »

D’ailleurs, les femmes, on est fortes là-dedans, la culpabilité. Combien de mes amies disent : « Je n’ai pas le choix d’y aller, sinon je vais me sentir trop mal. »? Ça devient une maladie. C’est pour cette raison, que j’ai inventé la journée #sans m’excuser.

On pourrait se choisir une journée. Un mercredi de novembre, quand les jours sont gris et que nous avons tendance à être plus vulnérables. En plein dans la période du shopping de Noël. Vous savez? Lorsqu’on fini par acheter «juste un petit quelque chose» à chaque membre de la famille parce qu’on se sent mal d’arriver quelque part les mains vides? T’as pas les mains vides, t’as justement pas assez de bras pour tout entrer d’un seul voyage. T’as l’air de quelqu’un qui s’en vient squatter le grenier pour un mois.

Bref, lors de cette journée, on ne s’excuse de rien. On a peut-être blessé un tel avec nos paroles au bureau, là, c’est l’exception… Je veux bien une journée sans m’excuser, mais ce n’est pas un prétexte pour envoyer vagabonder le gardien de sécurité.

Une journée sans justification c’est tout. Justine veut aller prendre un verre après le travail et toi, ça te tente moins? Pas de je m’excuse. T’as oublié tes sacs recyclables avant d’arriver à l’épicerie? SHUT UP et recycle ton petit sac de plastique en sac à poubelle en arrivant. J’ai agi sous l’impulsion comme si j’avais 15 ans et j’ai écrit des obscénités à un gars bizarre par texto la veille? Est-ce mon cousin? Non… On s’en fout dans ce cas! JE RÊVE DE CETTE JOURNÉE!

Je serais curieuse de voir combien de JE M’EXCUSE je laisse échapper en une seule journée. Si un savant invente le m’excusomètre, je dors devant la boutique toute la nuit pour être la première à l’essayer.

Moi, ma cause, c’est « pour la liberté ». Alors, libérez-vous et arrêtez de vous excuser! Faîtes ce qu’il vous plaît, adhérez à ce dont vous croyez et vivez comme des folles! Et, de grâce, ne lancez pas la pierre à celles qui militent ou pas.

Ah pis de la marde! Je me sens trop mal. Voilà ma photo sans maquillage. JE M’EXCUSE!

Nadine Massie xo

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Nadine Massie

Nadine est graduée de l’École nationale de l’humour, cuvée 2006. Elle a participé au Festival Juste Pour Rire de Montréal en 2009, lors d’un Gala ainsi qu’à l’Événement JMP en 2010 avec ses collègues humoristes du collectif le Girly Show. Les filles ont présenté un prix au Gala Les Olivier la même année. Nadine se produit en Stand up sur scène au Festival Zoofest et Grand Rire depuis plusieurs années. Demi-finaliste à l’émission En Route Vers Mon Premier Gala 2009, Elle a également participé au spectacle Biodégradable, les écrits restent et au spectacle Cher journal dans le cadre de plusieurs festivals (incluant JPR), éditions 2011-2012. Nadine a aussi prêté sa plume au spectacle HAHAHaïti présenté par Juste Pour Rire en juillet 2013 et juillet 2014, au spectacle Avenir Lac-Mégantic du Centre Bell, en août 2013 ainsi qu'au spectacle Revue Et Corrigée 2014, présenté au Théâtre du Rideau Vert. Nadine est aussi chroniqueuse pour le webzine Boucle Magazine.

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