Y-a-t-il vraiment une seule façon d’être femme? La féminité s’exprime-t-elle uniquement par l’apparence? Une apparence standardisée, dictée par des critères de beauté élevés et cruels? Si oui, je n’en suis pas une, une femme. Alors voilà, je vous expose mes travers, mes secrets de femme en espérant que vous puissiez vous y reconnaître et y trouver le courage d’être vous-mêmes tout simplement…
- Je ne sais pas faire mes cheveux, de toute façon, je ne me peigne jamais. Mes tresses se défont 10 minutes après les avoir faites et puis mes cheveux ne tombent jamais comme la belle fille que j’ai croisée sur le trottoir et de qui j’essaie de m’inspirer pour faire ma coiffure. Alors, je finis toujours par abandonner et accepter ma crinière.
- Je ne m’habille pas à la mode. Les vêtements proposés dans les boutiques stylisées ne tombent pas bien sur moi et, ça, c’est quand j’y trouve ma taille.
- J’ai des courbes et pas d’abdos, mais un peu de cellulite, des vergetures et puis des cicatrices en prime.
- Je n’ai pas le teint bronzé et parfaitement égal, mais je ne mets jamais de fond de teint pour l’égaliser.
- Je ne sais pas me maquiller de façon plus élaborée que : eyeliner et mascara. Je le fais pour le fun, quand j’ai le temps, mais pas tous les matins en ressentant l’obligation d’être « belle »!
- Je ne me fais pas épiler les sourcils.
- Je ne porte jamais de talons hauts.
- Je ne mets pas de décolleté plongeant.
- Je porte rarement des jupes ou des robes.
- Je ne passe pas une heure à me préparer devant le miroir.
- Je n’achète aucune crème.
- J’ai des petits poils rebels qui poussent à des endroits où je préférerais ne pas en avoir.
- Je n’ai pas les dents blanches immaculées, parfaitement droites et identiques.
- Je ne connais pas les marques de produits de beauté ni les grands designers.
- Je ne suis pas très bonne pour repasser, coudre et tricoter.
- Je n’ai pas de chum.
- Je n’ai pas d’enfants.
- Je ne compte pas les calories lorsque je mange et je ne me sens absolument pas coupable de manger du chocolat ou tout autre aliment bon au goût et gras, sans pour autant exagérer et avoir une alimentation malsaine.
Bref, je ne cherche pas à atteindre les standards de beauté et de féminité. Ils ne me représentent pas et me semblent irréalistes. Je suis imparfaite, je suis femme, je suis belle à ma façon.
Non, le vernis sur mes ongles n’est pas toujours bien fait et c’est parfait ainsi… J’ai cette façon bien à moi d’être le plus naturelle possible et un peu laisser-aller, car j’accorde plus d’importance à ce qui se passe dans ma tête et mon cœur qu’à mon apparence. Il m’est arrivé de me le faire reprocher, mon petit côté « brouillon », mais avec du recul, je réalise que tous ces gens qui soulignent chez moi ma façon d’être « insouciante » de mon apparence sont en fait très préoccupés par la leur… Pour ma part, je n’aspire pas à cela et je préfère ne pas m’entourer de gens qui ne peuvent pas m’accepter au naturel.
Je suis malgré tout très à l’écoute de mon corps. Je l’entends me dire qu’il a mal ou qu’il est fatigué. Je l’entends être en désaccord avec mon mode de vie trop rapide. Tout comme je l’entends être soulagé et heureux lorsque je l’épargne.
Je l’admets, je n’ai pas mon poids santé parce que je suis gourmande et que je termine les quelques bouchées que j’aurais dû laisser dans mon assiette. Est-ce un crime en 2014 d’être gourmande? Est-ce un crime de ne pas être dans les critères mode et beauté que la société nous dicte? Je suis en santé malgré mes poignées d’amour. Puis-je rester telle que je suis sans me sentir pointée du doigt et méprisée de ne pas vivre dans la privation et la culpabilité?
Quand je regarde certaines femmes de mon entourage, je les vois préoccupées, accablées par leur corps (pourtant si beau) et ça m’attriste tellement. Elles sont jolies et minces, mais jamais assez selon elles. Elles veulent perdre les petites 5 livres gagnées par mégarde et puis se sentent démolies d’avoir un pli sur le ventre une fois assises. Elles se comparent, me parlent de leurs modèles de beauté fitness ou d’icônes de beauté « à la Hollywood ». Pour moi, tout cela résonne creux et faux. Ça n’a pas de sens qu’elles soient si malheureuses et qu’elles souffrent autant. J’aimerais qu’elles se trouvent belles, car elles le sont!
Enfin, l’inévitable survient. Après un moment passé avec elles à les écouter être mal dans leur peau, je me sens confuse et je me regarde dans le miroir complètement dévastée à mon tour. Je réalise alors que ces remises en question sournoises, cette culpabilité, cette dévalorisation et ces doutes, ils sont contagieux. Ils font des ravages et rendent notre estime de nous-mêmes fragile. Mais pourquoi au fond? Pourquoi tant de torture et de comparaison?
J’aimerais qu’on arrête de vouloir être des superwoman, des miss univers, sans poils, sans courbes, sans le teint pâle, sans les cheveux en bataille, sans un look ordinaire, sans imperfections. J’aimerais qu’on soit vraies toutes en même temps, au naturel et qu’on s’accueille avec nos particularités et nos caractéristiques bien à nous, même celles qu’on déteste et qu’on souhaite cacher, car qu’on le veuille ou non, notre corps nous a été offert ainsi et nous nous devons de lui faire honneur et l’habiter tel qu’il est.
Si chacun arrêtait de se travestir, de se changer, de se déguiser, on se sentirait tellement plus à l’aise d’être soi, ensembles. J’espère avoir la chance d’assister à ce mouvement un jour. Dans mon cœur, je nous souhaite d’êtres intègres, sans artifices, car c’est cela la liberté. La zénitude. Sans l’acceptation de soi, nous sommes tous prisonniers de notre dégoût, de nos tabous et nos complexes, de notre culpabilité; et cette vie de privation, de tristesse, d’inquiétude et d’accablement, je n’en veux pas.
Je veux être vivante, en santé, active, gourmande, mais, obsédée, honteuse et coupable; non! Je veux être femme comme je l’entends. Selon mes propres standards. Selon mon propre corps. Selon mes propres goûts. Pour moi, c’est cela être une femme en 2014. Fermez la télé, les revues à potin et oubliez vos « idéaux » un moment. Regardez-vous dans les yeux des gens qui vous aiment. C’est cela votre vrai reflet.
Je nous souhaite à toutes ce regard aimant sur nous-mêmes. Cessons d’être si exigeantes. Nous n’avons qu’une vie à vivre et un seul corps pour la traverser. Lâchons prise!
Je suis de tout coeur avec toi. La vie qui est, surtout de nos jours, déjà assez compliquée il ne faut pas la compliquer d’avantage. Et puis on est belle telle qu’on est. Le reste n’est que de surplus artificielle. Et rien ne vaut que la naturelle.