Écrit et mis en scène par Olivier Kemeid
Inspiré de la vie de Sasha Samar
Il y a parfois de ces mauvaises journées qu’on passe en solitaire, la mine basse, à maudire ce qui a bien pu nous arriver. Ça arrive. Ça se glisse dans notre parcours terrestre assez périodiquement et il n’y a pas de quoi en faire un drame. Il y a aussi de ces histoires, de ces vécus, qui collent à la peau des gens, qui se mêlent à leurs racines depuis leur naissance et qui nous rappellent qu’au fond, nos petites tragédies du quotidien sont bien banales face à leur grande épopée.
Pour le comédien ukrainien Sasha Samar, le premier tiers de sa vie a de quoi inspirer à lui seul une pièce de théâtre. Sur fond historique, mais aussi véridique, son drame personnel gravite principalement autour des relations avec ses proches et son pays natal, fier mais déconstruit. Une telle histoire n’a pas besoin d’effets spectaculaires. Elle est déjà suffisament chargée en émotions et en informations. L’essentiel repose donc principalement sur sa réception (ce qui relève de la tâche des comédiens et de leur direction).
Kemeid s’est contenté d’un décor réaliste pour faire revivre le récit de Sasha, avec un ton partagé entre l’ironie et le drame. Mais quoique quelques bons atouts furent placés, ici et là, l’ensemble peut paraître un peu trop rigide et statique. Presque dénaturé, désincarné… Tous les éléments étaient là pourtant et les ouïe-dire de l’an dernier étaient tout à fait élogieux. Mais étonnamment, ce soir-là, il n’y avait pas de frissons. Pas de larmes à l’œil, pas de gorge serrée non plus. Le jeu était efficace, mais il manquait de fougue. Il manquait le feu qui allait tout mettre en ruines devant les yeux éblouïs et soucieux d’un public qui était là pour une confidence. Celle du passé d’un jeune immigrant montréalais dans un siècle tout autre que celui qu’il a connu. Comme quoi ça peut arriver sur scène aussi, des mauvaises journées.
En reprise au Théâtre D’aujourd’hui, jusqu’au 21 septembre.
Valery Drapeau