Comme Emilie Ouellette nous en a précédemment glissé un mot la semaine dernière le temps de toilette, est un moment privilégié duquel il faut parfois savoir tirer profit. Dans mon cas, ce fut plutôt l’occasion de réaliser que le «moment-toilette» peut être un indicateur puissant pour classer ses relations humaines.
Pour ma part, c’est jeudi dernier en faisant mon pipi matinal, la porte de la salle de bain ouverte que j’ai réalisé à quel point il était libérateur et bénéfique de se sentir libre. Aussi absurde que cela puisse paraître, pouvoir ne pas se soucier d’être vu dans une situation embarrassante soit les petites culottes aux chevilles, les yeux à demis-ouverts l’air complètement abasourdie par la surprise de voir quelqu’un nous fixer dans une position peu gratifiante, est une chance inouïe.
Cette semaine ma sœur a dormi chez moi. Au petit matin, ma coloc avait quitté pour le travail lorsque nous nous sommes levées Tina-Ève et moi. Pour la première fois depuis une éternité, j’ai laissé la porte de la salle de bain ouverte, ce matin-là, sans me poser de question, mais surtout sans aucune gêne ni pudeur alors que je n’avais même jamais tenté «l’expérience» avec l’un de mes colocs. Cela m’a permis de constater à quel point j’étais à l’aise avec ma sœur et je me suis alors demandée avec qui j’aurais pu faire la même chose aussi spontanément. La liste était disons pas mal exhaustive si on y ajoutait ma mère. Je suis pudique bon!
Bien entendu le test de la toilette est le summum, vous pouvez commencez par mesurer le niveau de liberté de vos relations plus modestement en vous posant cette question :
Qui sont les gens avec lesquels je suis à l’aise d’être moi-même ?
Quotidiennement nous nous adaptons aux autres, nous choisissons et calculons chacun de nos gestes, nos mots et nos décisions en fonction d’eux; selon le niveau de confiance établi, selon l’aisance avec laquelle nous interagissons ensemble, mais aussi selon les limites sous-entendues commandées par la relation et nos «bibittes» personnelles.
J’ai constaté qu’il y a un monde de non-dits dans lequel nous nageons habilement. Il y a des gens, par exemple, avec qui des baisers sur les joues sont même impensables alors qu’il y en d’autres qu’on embrasse sans pudeur sur la bouche sans être nécessairement un couple. Parce que c’est comme ça et c’est tout. Puis, il y a des gens avec qui péter est anodin ou hilarant alors qu’avec d’autres cela est un outrage. S’ajoute à cela : la nudité, les larmes, les confidences, le niveau de langage, les opinions etc.
Évidemment, la personne avec laquelle on demeure le plus vrai et le plus à l’aise est sans contredit soi-même, mais ce matin là, assise sur la toilette, j’ai réalisé que la présence de ma sœur ne brimait ni mon identité, ni ma liberté et que j’aurais fait exactement la même chose si elle n’avait pas été là.
Pourquoi est-ce que je vous dis tout cela ? Parce que je trouve qu’il est primordial de posséder dans sa vie des gens avec qui il n’y a nul besoin de créer une barrière de tabous et avec qui on peut être soi-même sans artifices, car selon moi, si nous avions cette facilité et cette chance d’être totalement libre avec l’autre, le monde tournerait bien mieux.
Bref, c’est cela un lien significatif pour moi : une relation profonde et entière qui me permet d’être vrai dans tous les contextes et hormis avec notre famille, il est très rare de trouver ce genre de lien. Alors, chérissons-les, mais par-dessus tout : soyons LIBRES !
Sur ce, si vous voulez découvrir une exhibitionniste de l’âme, je vous conseille fortement de venir assister au lancement du premier EP de ma sœur Tina-Ève (ce mardi 24 septembre au bar les PAS SAGES, 17h30). Elle vous offrira ses trippes, ses états d’âmes et cette intensité avec laquelle elle réussit à vivre entière et LIBRE.
Pour boucler la boucle:
Voici les mots tranchants d’une de ces chansons qui m’inspire la nécessité de vivre coûte que coûte sans compromis :
« Si je suis juste de la bouffe à vermines, si je suis juste de la cendre qui se tient debout, aussi ben vivre ! »