Le ciel a pris une teinte rosée. Ton corps te semble léger et gracile tel celui d’une ballerine russe. Les oiseaux chantent des arpèges au goût de sorbet. Bref, ton cerveau perd le nord, parce que tu expérimentes présentement le plus beau sentiment qui existe : l’amour.
Sauf s’il n’est pas partagé.
Dans ce cas, bienvenue en enfer.
Non. Pas toi, pauvre prétendant(e) repoussant(e), mais bien à celui ou celle que tu convoites. La science a enfin permis de le prouver: l’expérience de rejeter quelqu’un est beaucoup plus difficile psychologiquement pour l’être aimé que celui éperdu d’amour. L’amoureux arrive au moins à se créer des mécanismes de défense du genre « Mais, mais, mais il/elle m’a donné plein de signes! » alors que la personne chargée de rejeter se sent atrocement coupable de charcuter ton coeur palpitant d’espoir.
Peu importe le casting, tout le monde s’est retrouvé dans l’une de ces situations:
Scénario # 1: Tu t’entends à merveille avec ton meilleur ami (aussi appelé l’amourdetavie/lepèredetesfutursenfants/tonplusgrandfantasme).
Scénario #2 ou l’Érotomanie version soft : Tu stalkes tous les soirs les photos Facebook de ton charmant voisin de casier, convaincue qu’il ou elle daignera te proposer un verre après ton courageux Poke virtuel.
Scénario #3: Après deux ou trois dates tout simplement inoubliables, le bellâtre ou la dame de tes rêves ne te donne plus signe de vie.
Oui, nous sommes tous tombés dans le panneau. Plusieurs fois même, pour certains. Pourquoi tant d’acharnement? Pourquoi l’histoire semble se répéter inlassablement, jusqu’à désabuser les plus galants d’entre nous?
Commençons par la raison la plus brutale: l’être humain, surtout lorsqu’il est jeune et innocent, s’amourache de plus séduisant que soi. Tu sais, le nerd boutonneux qui voit dans sa soupe la plantureuse cheerleader blonde? Ouais, on a tous été le p’tit-pas-beau à un certain degré. C’est ce qui explique que la plupart des couples durables sont formés de personnes au niveau de chauditude plus ou moins égal, l’analyse d’une montagne de photos de mariage à l’appui.
Outre le physique qui fait baver ou non, l’amour à sens unique peut persister ridiculement longtemps à cause d’un évitement mutuel entre le chasseur et la proie. La règle d’or occidentale par excellence : ne jamais abandonner, toujours persévérer pour aller au bout de ses rêves pousse le soupirant à ne pas lâcher le morceau. L’amour à sens unique, c’est LE nanane des médias tous confondus, parce que ça fascine, ça rassemble tout le monde, avec la boîte de kleenex à côté.
Quant à la victime, si le prétendant est un bon ami, elle aimerait mieux se volatiliser aux îles Fiji plutôt que de lui avouer en pleine figure: « Tu ne m’attires juste pas », « Ton CV ne m’émoustille pas assez » ou « Si seulement ton bel ami californien pouvait me déclarer la même chose… ». Comme toute personne dotée d’un minimum de compassion, elle va plutôt te servir le classique « Est-ce qu’on peut rester amis? » qui goûte le jus d’orange après un brossage de dents bien senti.
À toi, cher coeur désabusé, mes deux conseils d’une simplicité désarmante pour sortir de l’impasse:
1. Laisse tomber /dis « non » avec le même tact utilisé pour atteindre tes buts plus réalistes, même si le degré de difficulté augmente de façon exponentielle.
2. Ne propose/n’acceptes AU GRAND JAMAIS un règlement à l’amiable au lit, sauf si vous voulez créer un monstre, aussi sexy qu’il puisse être.
Mes condoléances et bonne quête amoureuse !
Par Charlotte M.
J’ai adoré et en plus c’est tellement vrai!!!! merci .
Un regard juste sur une réalité qui touchent tous les êtres humains. Certains pourraient te reprocher de ne pas proposer de meilleurs solutions, mais bon, la personne qui trouverait mieux serait riche!