L’intimidation ne date pas d’hier. Sous forme de lettre anonyme ou de racket à la sortie de l’école, elle s’est transportée logiquement sur Internet. Il y a quelques semaines, une jeune Anglaise de 14 ans s’est pendue suite à un grand nombre d’insultes reçues sur le réseau social ask.fm. Un cas parmi tant d’autres, malheureusement. À un âge où on devient si fragile, conscient du regard des autres sur soi, subir de la cyberintimidation peut faire de véritables ravages.
J’ai été intimidée à l’école, à un bien plus jeune âge. Heureusement pour moi, j’ai eu des parents très présents tout le long de ma scolarité, une grande sœur avec qui je m’entendais très bien. J’ai pu compter sur eux à un âge où je ne comprenais même pas ce qui m’arrivait. Rejetée, insultée et ignorée par mes amies sans raison aucune je n’avais personne vers qui me tourner. Je crois aussi que c’est mon insouciance qui m’a permise de traverser cette épreuve et le fait de changer d’école à la fin de l’année scolaire. Aujourd’hui encore, et alors que près de 18 années ont passé, je ne pense pas avoir pardonné à ces personnes. Et cette histoire me revient à l’esprit à chaque fois que je lis des faits divers sur la cyberintimidation. Je me sens presque chanceuse, car à l’époque les réseaux sociaux n’existaient pas, je pouvais donc décompresser lorsque je franchissais les portes de l’école à la fin de la journée. Ce qui n’est plus le cas pour les jeunes aujourd’hui.
Agir en tant que parent
J’ai peur pour les prochaines générations. Avec les réseaux sociaux, beaucoup de jeunes sont portés à révéler des détails intimes de leur vie, détails que les intimidateurs peuvent utiliser contre leurs victimes. Mais que peut-on faire quand on est témoin de cyberintimidation ? Y a-t-il de véritables moyens pour se protéger sur le web ? Si j’étais mère, voici ce que je ferais :
- parler avec mon enfant pour lui expliquer les risques que présentent les réseaux sociaux et en profiter pour le sensibiliser au principe de vie privée (ne pas divulguer d’informations trop personnelles, verrouiller son profil, n’accepter que des gens qu’on connaît)
- mettre un contrôle parental sur l’ordinateur familial pour qu’il ne puisse pas avoir accès à des sites Internet où il pourrait faire de mauvaises rencontres
- lui faire comprendre que personne n’a le droit de lui faire de pression ou de l’insulter que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie
- établir une relation de confiance afin qu’il se confie spontanément à moi s’il se retrouve dans cette situation
- lui faire savoir que la cyberintimidation est un acte puni par la loi qu’il en soit victime ou l’initiateur (ben oui, on n’enfante pas toujours des enfants de chœur !)
- lui dire que quoi que les autres pensent, il/elle a de la valeur et que sa famille sera toujours là pour lui/elle.
Tout cela peut sembler être des belles paroles, mais je pense qu’en tant que parent, c’est une réalité à prendre en compte impérativement et à garder à l’esprit en permanence. Si on ne veut pas que cela se reproduise, il faut de notre côté agir !
À lire sur le web :
Le SPVM a une page consacrée à la cyberintimidation et destinée aux jeunes. Toutes les infos ici.
Le site moijagis.com pour les jeunes, les parents et les éducateurs.
Cyberintimidation, ce n’est pas que pour les enfants
Il faut savoir que cette peste 2.0 touche également les adultes. En Grande-Bretagne, une journaliste s’est retournée contre Twitter après avoir reçu de nombreuses insultes suite à sa campagne pour que des femmes apparaissent sur les billets de banque. Campagne qu’elle a gagnée d’ailleurs. Ce qui n’a pas plu à certaines personnes à l’esprit franchement moyenâgeux qui l’ont menacée de viol… DE VIOL ! Un de ses intimidateurs a été arrêté… ENCORE HEUREUX ! Être un personnage public et visible, un blogueur, un politicien, un journaliste ou encore une vedette expose forcément aux insultes. Parfois, ça donne le goût de fermer sa gueule et de ne pas exposer ses opinions publiquement. Souvent j’ai envie de crier plus fort que les intimidateurs pour leur dire que ce sont eux les tordus.
Lecteurs je vous aime, ne soyez pas des cyberintimidateurs.
Marion Zanussi
L’horreur
Les réseaux sociaux sont un vrai fléau, quand ça dérape