Doux, habile et beau : ce seraient trois mots qui qualifieraient parfaitement le troisième roman de Kim Thúy, Mãn.
Une jeune fille vietnamienne quitte son pays pour le Québec et un mari inconnu. Elle se crée à Montréal une nouvelle vie et fait face à ce qu’elle trouvera de plus beau et difficile : l’amour. Entre la famille, la destinée et la passion, elle aura un choix difficile à prendre ou à éviter. Pour ce troisième roman, Kim Thúy nous invite à sa table pour partager un bon repas, des souvenirs et de belles histoires. Suite à son succès avec son premier roman inspiré de sa vie, Ru, l’auteure d’origine vietnamienne répond aux attentes.
Mãn, ce n’est pas l’histoire du siècle qui vous secoue. C’est un texte bien rodé et agréablement construit. Ce qui charme les lecteurs avant tout, c’est l’écriture de Kim Thúy. Fidèle à elle-même, elle offre encore une plume pure et effilée.
Mãn se détache également des autres romans par sa structure. Écrite en courts chapitres, aussi poétiques les uns que les autres, l’histoire évolue tranquillement par halte. Les pages sont parsemées de descriptions culinaires alléchantes et de couleurs. À chaque paragraphe, un mot qui se rapporte au texte est traduit dans la marge en vietnamien. C’est ces petits détails qui ponctuent bien le récit et permet de voir ce que l’auteure a voulu souligner. Sans en savoir beaucoup sur la description physique des personnages ou des lieux, on apprend à connaître l’univers du roman par les émotions qui en émanent. Le protagoniste ou tout autre personnage se dessine à travers de leurs gestes et pensées. Du coup, on s’attache et on aime les voir progresser dans leur vie.
L’œuvre de l’écrivaine nous permet de voyager par les saveurs au cœur même de la culture vietnamienne. C’est un périple culinaire, une escale historique et une épopée amoureuse.
Doux, habile et beau, oui.
«Si l’on avait la chance de manger ce gâteau fraîchement sorti du four, on pouvait apercevoir, en le coupant, le pourpre des bananes gênées d’être ainsi surprises en pleine intimité.»